Aussitôt que la face de la terre fut devenue comme de la poix, Gulnar se rendit chez Ardeschir : y le jeune . homme bouillonnait de colère comme la mer de ce qu’elle était toujours occupée d’Ardewan.
Mais elle lui conta ce que ces hommes à l’esprit clairvoyant avaient dit à l’illustre Ardewan et Ardeschir en en-. tendant son récit se calma et devint silencieux.
Le jeune homme était aigri de ce qu’il avait entendu et chercha avidement un moyen de fuite.
Il dit à Gulnar :
Si je pars pour l’Iran, si je quitte Beï
pour le pays des braves, réfléchis si tu veux m’accompagner, ou rester ici chez le roi ?
Si tu viens avec moi, tu deviendras puissante, tu seras le diadème sur le fiant d’un pays. »
Elle lui répondit :
Je suis ton esclave et ne me séparerai pas de toi tant : que je serai en vie. »
Elle prononça ces paroles d’une bouche pleine de soupirs et ses yeux versant des larmes de sang.
Il dit à cette femme au visage de lune :
Il faut de toute nécessité partir demain,»
Et la jeune fille remonta à son pavillon, décidée à risquer sa tête et sa vie. - Lorsque la face du monde commença à blanchir à l’approche du soleil et que la nuit sombre fut prise au lacet, Gulnar ouvrit la porte du trésor et se mit à choisir, parmi tous les joyaux qu’il contenait, des grenats et d’autres pierres dignes d’un roi et autant de pièces d’or qu’il lui fallait.
Elle rentra dans sa demeure, prit ces joyaux dans sa main et resta ainsi douloureusement affectée et troublée de pensées de toute espèce, se disant :
Quand même il pourra échapper au roi Ardewau, comment se lirera-t-il d’affaire avec ses fils ? »
Elle resta ainsi jusqu’à ce que la nuit fût venue de la montagne, qu’Ardewan fût endormi et le palais débarrassé de la foule ; alors elle sortit du palais comme une flèche, apporta les joyaux à Ardeschir et trouva l’ambitieux jeune homme une coupe en main et tous les gardiens des chevaux ivres et endormis ; car Ardeschir les avait enivrés, parce qu’il voulait partir de toute force encore pendant cette nuit.
Il avait choisi deux chevaux magnifiques,-qu’il avait placés dans l’écurie tout sellés.
Lorsqu’il vit le visage de Gulnar, qu’il aperçut les pierreries rouges et les pièces d’or, il dit :
Maintenant, il faut partir, il faut ne plus nous laisser aller à l’anxiété et j’espère que je me tirerai des griffes de ce dragon par le sort qui favorise la jeunesse. »
Il déposa à l’instant’la coupe, jeta la bride sur la tête des chevaux arabes, revêtit une cotte de mailles, monta à cheval, prit dans sa main une épée tranchante et fit asseoir sur l’autre cheval Gulnar au visage de lune.
Ils partirent ensemble, sortirent du palais en se dirigeant vers le pays de Fars et chevauchèrent la joie dans le cœur et en cherchant leur route.
Dernière mise à jour : 19 déc. 2021