Schapour Dhou'l Aktaf

Schapour et la jeune fille s'enfuit de Roum et arrivent dans l'Iran

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Ils se dirigèrent vers l’Iran, comme deux êtres joyeux, heureux dans l’âme et cherchant le repos ; ils coururent jour et nuit et ne perdirent pas le temps à dormir et à manger.

De cette façon ils coururent de Roum, par un pays couvert de broussailles, jus. qu’à la province de Khouzistan ; les chevaux et leurs cavaliers étaient fatigués de cette course et Schapour chercha un lieu où s’arrêter.

Il trouva sur la route un bourg d’un aspect gai, plein de jardins, de pavillons et de lieux de fête et il alla, le corps brisé par la route et fuyantle malheur, frapper à la porte d’un jardinier.

Celui-ci accourut. c’était un homme au cœur bon et hospitalier ; il vit deux personnages armés de lances et couverts de cuirasses et de casques et demanda à Schapour :

Qu’est-ce qu’il y a ?

D’où sors-tu à cette heure indue, armé pour’une expédition ? »

Schapour répondit :

Ô homme bienveillant !

Est-ce qu’on fait tant de queso tiens à des gens qui se sont égarés ?

Je suis un Iranien en détresse et suis arrivé ici dans ma fuite.

Je suis en peine à cause du Kaïsar et de son armée.

Puissé-je ne jamais revoir sa tête et sa couronne !

Si tu me donnes l’hospitalité cette nuit, si tu montres du sens et agis comme il convient à un gardien de la frontière, je crois que cela te profitera un jour et que l’arbre que tu auras planté portera fruit. »

Le jardinier dit :

Cette maison est à toi et le maître du jardin est ton hôte.

Je ferai toutce qui dépend de moi, je .t’apporterai tout ce que je pourrai et n’en parlerai à personne. »

Le roi Schapour descendit de cheval et la jeune fille le suivit ; la femme du jardinier leur prépara des mets variés autant qu’elle le pouvait.

Quand ils eurent mangé, on s’apprêta à leur donner du vin et on leur prépara un humble gîte.

Le jardinier apporta. du vin, le plaça un la table et saisit une coupe ; la présence de son hôte l’avait rendu gai et heureux. ! !

Donna le vin à Schapour en disant :

Bois-le à la santé de qui de droit. »

Schapour dit :

Ô mon hôte ! Ô jardinier prudent et prévoyant !

Celui qui apporte le vin boit le premier, quand il est le plus âgé et le plus sage.

Tu es un peu plus âgé que moi, il faut donc boire, puisque c’est toi qui donnes le vina»

Le jardinier répondit :

Ô homme vaillant !

Le plus noble boit le premier et il faut que tu me donnes l’exemple, car tu es vieux par l’intelligence et jeune par les années ; la grâce de la couronne brille sur ton visage et le parfum du musc s’échappe de tes cheveux. »

Schapour sourit et prit le vin, puis il soupira -profondément et dit au jardinier :

U homme à la foi pure !

Quelle nouvelle as-tu du pays d’lt’an ? »

L !

Répondit :

Ô homme à l’âme royale !

Puisse la malveillance des méchants ne jamais te toucher, puissent tes ennemis être frappés de malheurs tels que le Kaïsar en inflige aux Iraniens !

Tous les habi-

-tants de l’Iran ont été dispersés ; il ne reste plus dans ce pays ni semence’ni moisson.

On a tant dévasté et tant tué d’hommes et de femmes, que ce grand peuple est perdu.

Beaucoup d’hommes sont devenus chrétiens [et ont’paru devant l’évêque revêtus de la ceinture, beaucoup se sont faits prêtres et portent le bonnet pour avoir des terres et un lieu de repos. »

Schapour lui dit :

Où était donc Stellapour, fils du roi Ormuzd, qui était brillant comme le mois d’Ormuzd, pour que le Kaïsar ait pu faire tant de mal et que la fortune ait ainsi terni la gloire de l’Iran ? »

Le jardinier répondit :

Ô homme qui portes haut la tête !

Puisses-tu être toujours puissant et heureux !

Jamais les grands de l’Iran n’ont reçu aucun indice du lieu où il peut être, mort ou vivant.

Tout ce qui se trouvait dans ce pays fertile est maintenant prisonnier dans le Roum. »

En disant cela, le jardinier, qui dans ce moment se trouvait être l’hôte du roi, se mit à pleurer amè-A rament. !

Le maître de la maison reprit :

Reste ici trois jours et ma maison deviendra comme le soleil qui l

illumine le monde.

Un sage a dit anciennement que celui qui n’est pas courtois envers un hôte est dépourvu d’intelligence et un sort malheureux lui amènera la misère.

Reste donc, repose-toi, bois du vin dans la coupe et quand tu auras pris confiance en moi, tu me diras ton nom. »

Schapour dit :

C’est juste, le maître de la maison est pour le moment mon maître. »

Dernière mise à jour : 25 sept. 2021