Schapour resta cette nuit, mangea, parla et écouta et le matin, lorsque l’aurore se montra sur le ’haut de la montagne et qu’un drapeau. d’or s’éleva sur la plaine, le maître du jardin s’approcha de son hôte et dit :
Puisse ton jour être heureux et la tête plus haute que les nuages qui font tomber la pluie !
Je n’ai pas une maison digne de toi ni un lieu de repos qui puisse te convenir. »
Schapour lui répondit :
Ô hornme’fortunél je préfère cette maison à la couronne et au trône.
Apporte un Zendavesta et ton BarsOm et réponds à tout ce que je te demanderai. »
Il apporta ce que le roi avait ordonné et lorsqu’il eut arrangé le Barsom et le lieu des prières, Schapour lui dit à voix basse :
Dis la vérité : où est maintenant le Grand Mobed ? »
Le jardinier lui dit :
Ô homme illustre, à la parole douce, de la place où je suis assis, mes deux yeux voient la résidence Çlôl du Grand Mobed. »
Le roi dit en secret au jardinier :
Demande au chef du village de la terre à sigle. »
Le jardinier écouta les paroles du roi et arriva en courant lui apporter de la terre ; Schapour imprima son sceau sur cette terre, la donna au jardinier, le bénit et lui dit :
Porte cette terre au Grand Mobed, écoute bien tout ce qu’il te dira. »
De grand matin, à la première lueur du jour, le jardinier alla chez le Grand Mobed avec le sceau du roi.
Arrivé près de l’entrée de la maison, il y trouva des groupes d’hommes armés et la porte fermée.
Il demanda à haute voix entrée et lorsqu’on lui eut ouvert la porte, il entra tout droit, arriva en présence du Mobed, le salua et lui montra le sceau.
Le Mobed regarda le sceau et la joie fit bondir le cœur de ce sage.
Il pleura longtemps en voyant ce nom, puis il demanda au jardinier :
Quel est ce sceau ? »
Celui-ci répondit :
Ô homme illustre !
Ce cavalier demeure dans ma maison ; il a avec lui une lune svelte comme un cyprès, intelligente, pleine de grâce et de dignité. »
Le Mobed lui dit :
Décris-moi la taille et la mine de cet homme qui cherche à acquérir du renom. »
Le jardinier répondit :
Quiconque n’a pas vu le printemps et un cyprès sur le bord d’un ruisseau, peut regarder la taille et le visage de cet homme et son cœur sera réjoui de cette vue.
Ses deux bras sont comme les cuisses d’un chameau, sa poitrine est comme la poitrine d’un lion et son visage coloré comme le sang. il vous fait rougir par sa bonté et la majesté de la couronne brille sur son visage. »
Le jardinier parlait et le Mobed écoutait ; le sage comprit, dans son esprit clairvoyant, que cet homme au cœur de lion ne pouvait être que le roi et que cette mine ne pouvait appartenir qu’au maître du trône.
Le Mobed chercha un messager intelligent, l’envoya auprès du chef des frontières et lui fit dire :
Schapour, le roi glorieux, a reparu ; ce rassemble une armée de tous les côtés. »
Le messager du Mobed partit en toute hâte et se rendit auprès du chef des frontières.
Le Sipehbed était heureux de ses paroles car son cœur était plein du désir de la vengeance et ses lèvres étaient pleines de soupirs.
Il s’adressa à Dieu, le distributeur de la justice, disant :
Ô maître du monde, plein de justice !
Il n’est pas permis d’adorer un autre que toi.
Qui pouvait savoir que le roi Schapour reverrait son peuple et que son peuple le reverrait ?
Grâces te soient ren-
(f dues, ô Dieu l’uanue, le juste, le maître du monde. le guide à tout bonheur ! »
* Lorsque la nuit eut déployé son drapeau noir, les astres et le disque de la lune parurent ; de tous côtés arrivèrent des troupes dans le lieu où le roi était caché, de tous côtés les grands levèrent la tête et accoururent seuls ou par deux.
Ils arrivèrent à la porte du jardinier, ils arrivèrent auprès de l’hôte du roi pleins de joie.
Le roi ordonna qu’on les admit, si pauvre que fût sa résidence et lorsqu’ils furent en présence de leur glorieux maître, ils se prosternèrent tous le visage contre terre.
Le roi embrassa tous les grands ; il se plaignit de ses malheurs, décrivit ce qu’il avait souffert dans la peau d’âne, répéta ce que le Kaïsar lui avait dit, lit de grandes louanges de la belle esclave et raconta tout le dévouement qu’elle lui avait montré, ajoutant :
C’est à elle et à Dieu Laque je dois la vie ; puisse son sort être heureux!-Tu as beau être roi et favori de la fortune, quand ce tu as un esclave vaillant, tu es son esclave.
Je suis l’esclave de cette esclave vaillante, au cœur ouvert R et gardienne de la justice : Vous expédierez des messagers partout où il y a de mes troupes et où mon gouvernement est reconnu,’pour donner de mes nouvelles-vous enverrez des détachements et leur ferez occuper les routes ; vous garderez toutes lesvoies qui mènent à Thisifoun, car il ne faut pas que les nouvelles puissent se répandre.
Si le Kaïsar apprenait où je me trouve, s’il savait que l’autorité du roi des rois’se montre de nouveau, il viendrait détruire mon armée, il briserait le cœur et le dos s des Iraniens ; car aujourd’hui nous ne pourrions lui résister, nous aurions à plier devant sa fortune ilorissante.
Quand le Grand Mobed arrivera, il amè-nera une armée et alors nous ne laisserons pas passer même une mouche ; nous nous préparerons, nous ferons en "secret des arrangements nouveaux pour débarrasser notre jardin des mauvaises herbes.
Dans chaque coin il y aura un guetteur, les rondes feront bonne garde jour et nuit et aucun Roumi ne doit. plus désormais se coucher en sécurité et débarrassé de son armure. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021