Lorsque Baranousch connut la réponse à sa lettre, son cœur pur s’épanouit de joie.
Il ordonna aux grands de Roum, à cent hommes de ce pays couvert de verdure, de partir avec lui.
Ils emportèrent soixante charges d’âne d’argent, des joyaux et des robes de fête et tout un trésor de pièces d’or pour leur offrande ; on en réunit de tous côtés cent mille.
Tous ces grands se présentèrent devant le roi, la, tête nue et sans diadème ; ils versèrent les pièces d’or devant lui et répandirent des pierreries sur cette masse d’or.
Schapour leur lit grâce, les reçut amicalement et leur assigna avec bonté des places selon leur rang.
Il dit a Baranousch :
Il est venu du pays de Roum un homme injuste et vil qui dans tout le pays de a l’Iran a converti en halliers ce qui était des grandes villes et je demande une réparation pour ce qui
est devenu un désert et le repaire des léopards et des lions. »
Baranousch répondit :
Dis ce que tu demandes.
Puisque tu nous as fait grâce, ne détourne pas ton visage de nous. »
Le roi illustre dit :
Tu veux que je pardonne toutes les fautes passées, eh bien !
II me faut trois fois par an un tribut de deux fois cent mille pièces d’or mamies ; ensuite il faut que Nisibin soit à moi, si tu veux que ma vengeance s’arrête. »
Baranousch répondit :
L’Iran est à toi et Nisibin et le désert des braves t’appartiennent ; je consens au tribut et à la redevance que tu m’imposes, car nous ne pouvons résister à ta colère et à tes vengeances. »
Alors ils firent un traité dans lequel Schapour promit de ne plus venir de l’Iran avec une armée, à moins que ce ne fût convenu et en toute amitié, de sorte que le Roum n’en souffrirait pas.
Ensuite Schapour les traita honorablement et amicalement et exalta leurs nobles têtes.
Quand ils furent partis, Schapour s’en retourna avec son armée, rendant beaucoup de grâces au Créateur ; il alla joyeusement jusqu’à Isthakhr, qui était la gloire du F arsistan dans le monde.
Mais lorsque les habitants de Nisibin apprirent que la ville était cédée, ils se préparèrent en toute hâte au combat, disant :
Il ne faut pas que le roi schapOur prenne Nisibin et qu’il y amène une armée, car il ne maintiendra pas la religion du Messie ; il voudra répendre la foi des Guèbres et le Zendavesta.
Quand il viendra, il ne voudra pas nous écouter et nous ne voulons pas l’Avesta et sa vieille religion. »
Les hommes du peuple se mirent à la tête de la ville et même les prêtres montèrent à cheval pour combattre.
Lorsque Schapour apprit qu’on refusait de’le laisser entrer à Nisibin, il se mit en colère contre la religion du Messie et envoya une armée innombrable, disant :
Il est impossible d’approuver la religion d’un prophète que les Juifs ont mis à mort. »
On se battit pendant une semaine et les portes de la ville étaient trop étroites pour les combattants ; on tua un grand nombre des chefs de Nisibin et on chargea les survivants de lourdes chaînes.
Alors ils demandèrent grâce à Schapour par une lettre et le glorieux roi leur accorda son pardon et retira son armée. - Schapour remplit de sa renommée toutes les parties du monde, il saisit le pouvoir sur la terre entière ; on le proclama le roi victorieux et il resta longtemps maître de la couronne et du trône ; À la jeune fille qui l’avait délivré et l’avait fait arriver à cette puissance, il donna le nom de Dilafrouz-i-Far-rukhpaï et en fit le charme de son cœur parmi tontes les belles.
Il donna de grandes richesses au jardinier et lui accorda un congé honorable.
Le Kaïsar restait’en prison et dans les chaînes, se lamentant, méprisé, blessé et misérable ; tout ce qu’il avait dans le Roum de trésors amassés péniblement-
De tous côtés, il le fit apporter, le remit à Schapour et vécut ainsi pendant longtemps, les lèvres pleines de soupirs.
À la fin il mourut en prison et dans les chaînes et laissa à un autre Kaïsar le diadème de la royauté.
Schapour l’envoya à Roum dans un cercueil, avec une couronne de musc placée sur sa tête et dit :
Telle’est notre fin et nous ne savons jamais où
sera notre lieu de repos ; l’un n’est qu’avarice et sottise, l’autre n’est que raison et noblesse, mais les jours passent sur l’un et sur l’autre ; pourquoi l’homme intelligent s’en affligerait-il ? »
Lorsque le roi Schapour eut rétabli toutes les affaires et qu’il eut satisfait à toutes les vengeances que les Iraniens avaient à exercer, il monta sur le trône des Keïanides et resta pendant longtemps le maître du monde.
Il envoya au pays de Khousistan beaucoup d’hommes pour leur bonheur ou leur malheur.
Il y fit bâtir une ville pour les captifs et ne laissa aucune autre personne demeurer dans ce district ; le nom de la ville était Khorrem Abad.
Mais qui eut sa part dans ce pays ?
Schapourcen fit le lieu de séjour de tous ceux à qui il avait fait couper les mains ; tout ce pays leur fut distribué et chacun reçut à chaque nouvel an une robe d’honneur.
Ensuite, il fonda une autre grande ville en Syrie, à laquelle il donna le nom de Pirouz-Schapour ; enfin il bâtit une troisième ville dans le district d’Ahwaz et y construisit un palais et un hôpital : on l’appela
HCHAl’Ul’ill.
Kunam-i-Asiran (la demeure des captifs), car les captil’s y obtinrent un lieu de repos et le bien-être.
C’est ainsi que cinquante ans de son gouvernement passèrent et il n’eut pas son égal dans le monde.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021