Pirouz fils de Yezdeguerd

Une sécheresse désole l'Iran pendant sept ans

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Lorsque Pirouz eut le cœur en repos sur Hormuz et que son esprit fut délivré de ses soucis, il monta sur le trône des Keïanides, comme il convient à un roi adorateur de Dieu.

Il s’adressa aux grands, en commençant ainsi :

Ô vaillants et nobles Mobeds, j’implore Dieu, qui est au-dessus de tout besoin, qu’il m’accorde une vie longue, qu’il m’accorde de traiter les petits comme des petits et les grands comme des grands, qu’il m’accorde beaucoup de raison et des jours heureux.

Pour être humain, il faut être patient ; la précipitation attire toujours le mépris.

La justice et la clémence sont les colonnes de la raison et la porte de la libéralité lui sert d’ornement ; l’art de parler avec douceur est sa gloire, la bravoure et la virilité sont ses ailes.

Comment un prince qui manque de raison pourrait-il jouir du trône du pouvoir ?

Mais le sage lui-même ne reste pas éternellement ; il n’y a pas de gloire plus grande que celle de Djemschid et pourtant il est mort lorsque sa couronne eut atteint la lune et il a laissé à un autre le trône des Keïanides.

Personne ne reste à jamais sur cette terre ; en tout mal cherchez votre refuge en Dieu.

Il gouverna pendant une année avec justice et avec sagesse, se montra intelligent et n’eut à souffrir d’aucun malheur.

L’année suivante la face du ciel se dessécha et la sécheresse rendit l’eau dans les ruisseaux noire comme le musc ; la troisième année, il en fut de même et de même la quatrième : tout le monde était en détresse par ce manque d’eau.

La bouche de l’air était sèche comme la poussière ; l’eau dans les ruisseaux était rare comme la thériaque et il mourut tant d’hommes et d’animaux qu’on ne savait plus où poser le pied sur la terre.

Lorsque le roi d’Iran vit cette calamité, il dispensa le monde des impôts et des taxes.

Dans chaque ville où il avait des greniers, il distribua le blé aux petits et aux grands et l’on proclama du haut de la porte du roi :

Ô hommes illustres et puissants !

Mettez en vente le blé que vous gardez et accumulez un trésor d’or frappé à mon nom.

Quiconque possède en secret du blé, ou du bétail, ou des moutons au pâturage, qu’il les vende au prix qu’il veut, car les hommes périssent faute de nourriture.

Il envoya à chacun de ses administrateurs et à chaque homme indépendant, en toute hâte, une lettre ainsi conçue :

Ouvrez vos greniers partout à ceux qui sont dans le besoin et si quelqu’un meurt faute de pain, jeune ou vieux, homme ou femme, je verserai le sang du maître du grenier, parce qu’il a négligé l’œuvre de Dieu.

Il ordonna qu’on quittât les maisons, qu’on se rendît dans les champs et qu’on levât les mains vers Dieu.

Un bruit de larmes, de cris de détresse, de douleur et d’agitation monta au ciel et les prières s’élevèrent des montagnes et des plaines, des déserts et des cavernes.

Pendant sept ans les petits et les grands ne virent pas de verdure dans le monde.

La huitième année, arriva le mois de Ferwerdin et un nuage glorieux apparut, qui fit pleuvoir des perles sur la terre desséchée et sortir des jardins un parfum de musc ; les coupes que tenaient dans leurs mains les rosiers se remplirent de rosée, l’arc-en-ciel brilla en haut et le monde fut délivré de l’oppression des méchants, qui partout avaient bandé leurs arcs.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021