Losque le Khakan reçut des nouvelles de l’Iran et du roi d’Iran, de la joie avec laquelle sa fille avait été ’reçue et du plaisir que donnait au roi cette alliance, il évacua le Soghd.
Samarkand et Djadj et envoya sa couronne à Kadjgharbaschi.
La justice de Nouschirwan rajeunit le monde ; tous, jeunes et vieux, dormirent tranquillement et tous invoquèrent en tous lieux des bénédictions sur le roi. d’Iran et dirent, en élevant les mains vers le ciel :
Ô Créateur de l’espace et du temps !
Maintiens le
ç : roi Kesra dans cette voie de justice et détourne de sa vie la mauvaise fortune.
Protège contre tout malheur son corps et son âme, maintiens le monde sous ses ordres, car la majesté et la splendeur qui l’entourent en ont chassé le mal qui se faisait en public et en secret. »
Lorsque Nouschirwan arriva à Gourgan pour se livrer à la chasse, personne n’y voyait plus trace du Khakan ; les cavaliers chinois oubliaient de manger et de dormir, aucun d’eux n’ôtait plus la selle de son cheval ; trois cent mille Turcs se dispersèrent et nulle part il n’y eut ni lutte ni combat : personne n’eut besoin de bander son arc, car il ne restait plus -un Chinois, ni grand ni petit.
C’est ainsi que Kesra, le lion formidable, qui avait la majesté et la taille v1. a5
Des Keïanides, s’élança à la chasse ; l’étoile des rois accompagnait son nom et la fortune était la compagne de son trône.
Les grands de tous les pays, depuis Amont jusqu’à Djadj et Khoten, se rassemblèrent et dirent :
Ces vastes régions, pleines ide jardins, de places publiques, de maisons et de palais, depuis Djadj et le Terek jusqu’à Samarkand et le Soghd, sont. en grande partie dévastées et devenues la demeure des hiboux.
Chez les hommes de Tchegan, à Bami, à Khatlan et à Balkh, les jours sont devenus sombres et amers pour tous et nous parlons de Bokhara, du Kharizm, d’Amouî et de Zem avec douleur et chagrin.
L’injustice et l’oppression d’Afrasiab ne laissaient à personne un lieu de repos et de sommeil ; mais lorsque Keï Khosrou arriva, il nous délivra et les hommes se reposèrent de leurs dissensions.
Plus tard, quand Ardjasp devint puissant, ces pays furent remplissde maux et de misère ; mais Guschtasp étant venu de l’Iran pour le combattre et Ardjasp ne trouvant plus un lieu de sécurité, le monde se remit des désastres qu’avait causés cet homme, que le ciel le maudisse à tout jamais !
Ensuite sous le règne de Nersi, ces pays furent livrés à tous les maux ; mais lorsque Schapour fils d’Hormuzd s’empara du pouvoir et que Nersi lut renversé, le monde revint à la justice et à la sécurité et la main d’Ahriman devint impuissante pour le mal.
Quand le Khakan enleva à Yezdeguerd le gouvernement du monde, la violence recommença à sévir ; mais Bahram Gour, le maître du monde, arriva, accabla et confondit le Khakan ; sa justice convertit le monde en un paradis et ce qui avait été fait de mal et de honteux disparut.
Khouschnewaz, au temps de Pirouz, remplit le monde de violences ; de colères et d’angoisse et maudits soient son fils Feghanisch, sa famille et ses alliés pleins d’injustice !
Maintenant Kesra, le ce maître du monde, s’est chargé de nos pays et a relevé notre dignité.
Le monde entier est comme un corps et lui en est la tête ; puisse-t-il rester ici en toute éternité !
Et si la terre va jouir de sa justice, nous ne verrons plus de vexations, on ne versera plus de sang. »
Ensuite les Heïtaliens, les Turcs et les gens de Khoten se réunirent à Gulzarrioun ; partout où il y avait un Mobed expert dans les affaires, un noble aux mœurs pures, intelligent et plein de savoir, tous les Turcs qui pouvaient donner un conseil se réunirent chez lui en grand nombre et tout le peuple fut d’avis qu’il fallait se rendre auprès du roi avec des présents.
Lorsqu’ils furent en présence de Nouschirwan, qu’ils furent réunis, unanimes d’intentions et de discours, cette foule remplit tellement la cour du roi que les fourmis et les mouches ne pouvaient plus passer.
Ils se prosternèrent tous le front contre terre, ils pro-.
. : noncèrent tous des bénédictions sur Kesra, disant :
Ô roi, nous sommes tes esclaves, nous ne vivons sur la terre que par ta permission.
Nous sommes tous des grands, armés pour la guerre et nous déchirons, la peau des léopards dans les steppes. »
Le roi des rois accepta leurs offrandes et ils quittèrent sa présence, précédés par Feghaniscli et formant toute une armée de jeunes guerriers.
Comme le roi avait été content de ces braves, le grand chambellan parut à la porte du palais, leur lit les questions d’usage, les reçut amicalement et leur prépara des logis dans toutes les rues. »
Le pieux roi des rois sortit de son appartement et se prosterna sur la terre, adressant ses prières au Créateur et disant :
Ô toi qui es au-dessus de la rotation du sort !
Tu m’as donné la majesté royale, l’intelligence et la raison, tu es le guide dans toute fortune bonne et mauvaise ; fais que dorénavant quiconque entend parler de moi renonce à l’espoir de s’emparer du diadème de la royauté, que tous se résignent à m’être soumis et que personne n’ose plus me combattre.
Les oiseaux dans la montagne et les poissons dans l’eau se mettent à dormir quand je me couche ; les bêtes fauves sont mes gardiens de nuit, les grands de la terre sont mes sujets.
Celui que tu as choisi n’est pas un être vil ; il n’y a dans .lemonde de maître que toi.
Tu me donnes le pouvoir pour que même une fourmi ne se couche pas opprimée à mon insu»
Il pleura ainsi longtemps devant Dieu.
Regarde s’il y a dans le monde 1m roi comme lui.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021