Maintenant écoute ce qui arriva à Zal dans son voyage à la cour de Minoutchehr le fortuné.
Lorsque le roi eut nouvelle que Zal, fils de Sam le cavalier, était en route pour venir le voir, tous les grands qui brillaient dans l’empire sortirent pour aller à sa rencontre.
Zal s’approcha du palais et on le laissa incontinent aller jusqu’au roi.
Il s’avança vers lui, baisa la terre et invoqua sur lui la grâce de Dieu ; il resta longtemps le visage contre terre et le roi plein de bonté lui donna son cœur.
Le roi ordonna qu’on le relevât de la poussière et qu’on versât du musc sur lui ; Zal l’illustre s’approcha du trône du roi et le puissant maître du monde lui demanda :
Ô fils du Pehlewan, comment as-tu supporté ce chemin difficile et le vent et la poussière ?
Zal répondit :
Par l’effet de ta grâce tout est en bon état, la puissance rend les peines douces comme la musique.
Le roi prit la lettre de Sam, il sourit et fut plein de bonne humeur et de grâce, il la lut et répondit :
Tu as augmenté une ancienne douleur de mon cœur ; mais quoique la lettre touchante que m’a écrite ton vieux père, dans le souci de son âme, me fasse beaucoup de peine, je consens à sa demande, je n’écouterai aucun soupçon, ni grand ni petit.
Je ferai tout ce que tu souhaites, puisque tel est ton désir et ton but.
Reste quelque temps auprès de moi, pour que je prenne conseil sur ce qui te regarde.
Les cuisiniers apportèrent une table d’or et le roi des rois s’y assit avec Zal ; il ordonna à tous les grands de s’asseoir à la table du roi du peuple et après qu’ils eurent achevé de dîner avec lui, on plaça du vin devant le trône d’un autre appartement.
Le vin étant bu, le fils de Sam monta un cheval à frein d’or, il partit et passa la longue nuit, le cœur plein de pensées, la bouche pleine de paroles.
À la pointe du jour, il se présenta respectueusement devant Minoutchehr, qui était assis dans toute sa gloire.
Le roi du monde le bénit et après qu’il fut sorti, il fit son éloge en secret.
Puis le roi ordonna aux Mobeds et aux sages, aux astrologues et aux savants, de se rassembler devant son trône élevé pour interroger les astres.
Ils quittèrent le roi et se donnèrent beaucoup de peine pour découvrir le secret du ciel.
Après avoir employé trois jours à leur recherche, ils reparurent, une table astronomique indienne à la main.
Ils adressèrent au roi la parole, disant :
Nous avons calculé les mouvements des astres et voici ce que nous avons découvert sur les intentions du ciel.
Cette eau coulera limpide ; il naîtra de la fille de Mihrab et du fils de Sam un héros plein d’énergie et de gloire : il aura une longue vie, de la force, de la gloire et un grand nom, de la hardiesse, de l’intelligence et un bras fort et personne ne sera son égal ni au combat ni au banquet.
Partout où son cheval mouillera son poil, le cœur de ceux qui le combattront se desséchera.
Les aigles n’oseront pas voler au-dessus de son casque, il ne tiendra compte ni des chefs ni des grands.
Cet enfant vigoureux sera de haute stature, il prendra tous les lions dans les nœuds de son lacet, il mettra au feu un onagre tout entier pour le rôtir et fera gémir l’air sous son épée.
Il sera le serviteur des rois et le refuge des cavaliers dans le pays d’Iran.
Le roi qui portait haut la tête leur répondit :
Tenez secret tout ce que vous m’avez dit.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021