Lorsque le soleil s’aperçut de ce voile, il monta sur son trône dans le signe du Sagittaire ; la source du jour devint rouge comme la sandaraque et partout s’éleva le bruit des clairons et des timbales.
On entendit des deux côtés le fracas des armes et le champ de bataille se transforma en un fleuve de sang.
Le Kaisar s’avança rapidement sur l’aile droite, ayant laissé ses deux gendres auprès des bagages ;
À l’aile gauche se tenait son fils Sekil, à l’aile droite le Kaisar avec les timbales et les éléphants ;
Les deux armées s’ébranlèrent par escadrons ;
On aurait dit que la lune et le soleil se combattaient.
Guschtasp s’élança au-devant des rangs, monté sur un destrier, tenant dans sa main une épée semblable à un serpent.
Ilias dit aux siens :
Le Kaisar me demande de lui payer tribut, parce qu’il a dans sa cour un dragon pareil ; c’est de là que viennent ses prétentions.
Et Guschtasp dit en voyant Ilias :
C’est maintenant qu’il s’agit de montrer sa bravoure.
Les deux cavaliers poussèrent leurs chevaux ; ils étaient armés de lances et de flèches qui traversaient les cuirasses.
Ilias fit voler de sa main une flèche, espérant faire à Guschtasp la première blessure ; mais celui-ci le frappa sur la cuirasse avec sa lance et le vaillant héros blessa à l’instant son ennemi ;
Il le précipita de son cheval comme un homme ivre ; puis, allongeant le bras et lui saisissant la main, il l’emporta loin de ses cavaliers, en le trainant, et, arrivé près du Kaisar, le jeta devant lui.
Ensuite, il conduisit ses troupes contre l’armée des Khazars, courant sur la route comme un ouragan, tuant et prenant tant d’ennemis que le monde en resta confondu.
Toute l’armée de Roum s’étant précipitée après lui en poussant des cris, Guschtasp s’arrêta pour la regarder et s’en retourna.
Il revint auprès du Kaisar après avoir, lancé ses troupes et parut devant lui victorieux et la tête levée.
Quand le Kaisar le vit quitter l’armée et paraître sur la route, il s’avança dans sa joie vers lui avec ses troupes, le baisa sur la tête et sur les yeux et se répandit en grâces envers le Créateur du monde.
Ensuite ils s’en retournèrent gaiement ; le chef de l’armée lui plaça sur la tête un diadème et tout le Roum reçût le prince avec des présents et des offrandes.
On para la terre entière pour des fêtes, on fit venir du vin, de la musique et des chanteurs.
Telle est la coutume du sort qui varie, tantôt il t’abreuve de miel, tantôt de poison.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021