De là ils s’acheminèrent vers le palais de Rustem et délibérèrent en route sur leur prochain départ.
Lorsque Rustem eut lu’ la lettre du roi, il demeura confondu de ce que lui mandait Khosrou.
Il appela les grâces de Dieu sur le roi maître du monde, le glorieux Pehlewan de l’armée, ensuite il dit à Guiv :
J’ai compris ; je vais me mettre en route selon ses ordres.
Je sais tout ce que tu as souffert et tout ce que tu as fait et quels soins tu as apportés dans toutes les affaires ; aussi t’ai-je toujours grandement honoré, toi qui es venu combattre sur tous les champs de bataille.
Dans la guerre qui devait venger Siawusch et dans le Mazenderan, tu étais en armes et à la tête des braves ; et maintenant tu as enduré les fatigues de ce voyage, tu as parcouru cette route difficile.
Je suis heureux de te voir ; mais les nouvelles de Bijen m’affligent et ce n’est pas ainsi, triste et blessé par le sort, que j’aurais voulu te voir.
Obéissant à cette lettre du roi, je vais me mettre en route . ses comme il me l’ordonne.
Mon cœur est navré de douleur à cause de toi et je prends les armes pour secourir Bijen ; je ferai tous mes efforts pour le sauver, Dieu le très-saint dût-il séparer mon âme de mon corps.Je donnerais volontiers ma vie, mon armée et mes trésors pour sauver Bijen.
Je vais me préparer à la lutte, confiant dans la force que Dieu m’a donnée et dans la fortune du roi des rois toujours victorieux ; je vais le tirer de ses fers et de son cachot sombre, je le placerai sur le trône à côté du roi.
Mais livre-toi à la joie dans cette maison pendant trois jours, bois du vin doux et oublie tes soucis, car ta maison et la mienne n’ont jamais été divisées et nous n’avons qu’un corps, qu’une âme et qu’un trésor.
Nous resterons encore trois jours joyeusement dans cette maison, en parlant des héros de l’Iran ; le quatrième nous partirons pour l’Iran ; nous partirons pour la cour du roi des braves. »
À ces paroles de Rustem, Guiv se leva vivement, baisa les mains, le visage et les pieds du héros et le bénit, en disant :
Ô toi qui portes haut la tête, puisses-tu jouir à jamais de la force que Dieu t’a n donnée !
Puissestu, ô héros illustre, briller à jamais par le pouvoir et la grandeur, par la fortune et la bravoure !
Puisse le courage et la force de l’éléphant et la sagesse du Mobed toujours t’accompagner !
Puissent toutes sortes de bonheurs être ton partage,
puisque tu as effacé la rouille qui couvrait mon âme ! »
Rustem voyant l’âme de Guiv tranquillisée et espérant une heureuse fin dans cette aventure, dit à son maître d’hôtel :
Dresse les tables, appelle les grands et les sages. »
Zewareh, Faramourz, Destan et Guiv s’assirent à la table du vaillant chef de l’armée ; ils mangèrent et le dîner fini, on prépara une fête magnifique ; les musiciens et les échansons entrèrent dans la salle incrustée de pierreries ; toutes les mains furent rougies par le vin couleur de rubis ; les luths résonnaient, les coupes brillaient.
C’est ainsi que Rustem avait ordonné cette fête, car il savait ordonner un festin aussi bien qu’une bataille.
Pendant trois jours Rustem fils de Zal fils de Sam but du vin dans son palais sans se presser de partir ; ensuite il se leva, saisit une coupe remplie de vin rouge et dit :
J’élèverai si haut la fortune du roi, que tous ses ennemis en seront dans le deuil ; je vengerai Bijen avec tant de rigueur qu’il n’y aura dans le Touran qu’un cri de.détresse. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021