Bahram, à son retour, dit à Thous :
Puisse la raison être la compagne de ton âme pure !
Sache que c’est Firoud, le fils du roi Siawusch, qui fut tué si injustement.
Il m’a montré la marque que toute sa famille tient de Kaous et de Keï Kobad.
L’injuste Thous lui répondit :
C’est moi qui suis le maître de l’armée, des clairons et des timbales, je t’ai dit de me l’amener sans lui adresser de questions.
S’il est roi, je suis un Keïanide et pourquoi croit-il pouvoir m’arrêter devant ce château ?
Le fils d’une femme turque intercepterait ainsi la route de mes troupes, comme un corbeau de mauvais augure ?
Je ne verrai donc jamais de cette famille obstinée de Gouderz que des actes nuisibles à l’armée ?
Tu as eu peur d’un cavalier isolé et sans valeur, car ce n’est pas un lion furieux que tu as trouvé sur cette montagne.
Il a vu notre armée et a eu recours à la ruse et tu t’es donné en vain la peine de monter et de descendre.
Ensuite, il dit à ses braves :
Ô héros destructeurs de vos ennemis !
Je demande un brave renommé et désireux d’accroître sa gloire, pour qu’il aille contre ce Turc, qu’il lui tranche la tête avec son poignard et me l’apporte devant cette assemblée.
Rivniz se ceignit sur-le-champ et accourut auprès de l’orgueilleux Thous.
Mais Bahram lui dit :
Ô Pehlewan, ne cours pas follement à ta perte.
Aie devant les yeux la crainte du maître du soleil et de la lune, n’oublie pas que tu aurais à rougir devant le roi.
Ce Firoud est de sa famille et son frère ;
Ensuite c’est un cavalier illustre et avide de combats ;
Et un cavalier seul qui se détacherait de l’armée et l’affronterait sur la crête de la montagne ne se tirerait pas en vie de ses mains ;
De sorte que tu ne fais que préparer des soucis à ton cœur joyeux.
Thous s’irrita de ces paroles de Bahram, dont les conseils ne lui plaisaient pas.
Il donna l’ordre que quelques guerriers allassent attaquer le noble Firoud et beaucoup de braves s’avancèrent vers le Sipehbed et s’offrirent à le combattre.
Le vaillant Bahram leur dit de nouveau :
Ne traitez pas ceci comme peu de chose, c’est le frère de Keï Khosrou qui se trouve sur cette montagne et chaque cheveu de sa tête vaut mieux que la vie d’un Pehlewan.
Quiconque a jamais vu les traits de Siawusch s’arrêtera quand il apercevra son fils.
Lorsque Bahram eut fait ce portait de Firoud, les braves rebroussèrent chemin.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021