Khosrou Parviz

Lettre du Khakan à Gordieh, sœur de Bahram et réponse de Gordieh

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Le Khakan, lorsqu’il eut satisfait son cœur et rougi tout le pays de Chine du sang versé pour venger Bahram, se dit un jour :

Un homme mon ne produit que des effets malsains.

Bahram, par sa valeur, a fait tout mon bonheur et a accompli tous mes vœux ; pourquoi ai-je abandonné de cette façon sa famille négligemment et vilement ?

Quiconque l’apprendra me blâmera et n’aura plus confiance dans mes serments.

Je n’ai pas compati avec son jeune enfant, je n’ai pas pensé à ses parents et alliés, quoiqu’il fût de ma famille par ma fille et que son âme fût pleine de tendresse et d’intelligence. »

Il fit venir son frère et lui parla longuement, disant :

Va voir ceux qui appartenaient à Bahram, le héros : couvre-les de bénédictions ; dis-leur que je suis blessé au cœur, que ce deuil ne me quittera pas aussi longtemps que je vivrai ; j’ai inondé la Chine du sang versé pour venger Bahram ; tout le pays est rempli de malédictions sur ses meurtriers et de bénédictions sur lui.

Mais j’ai beau, dans ma douleur, me livrer à la vengeance ; j’aurais beau faire écrouler le ciel sur la terre, on ne peut échapper à ce que Dieu a ordonné : tout homme de sens sait cela.

Que le sort de Bahram ait été tel qu’il a été, c’est l’œuvre du Div pervers.

Mais je resterai fidèle à mes promesses et à mes anciens traités et à mes conventions avec Bahram. »

Il ajouta une lettre particulière pour Gordieh, dans laquelle

Il dit :

Ô femme sainte, aux pans de la robe purs !

Tu as de la droiture, tu as de l’humanité, la nature est sublime, tu es loin de tout défaut ; j’ai longtemps réfléchi sur ton sort dans le secret de mon esprit et de mon cœur.

Je ne vois pas pour toi un meilleur maître que moi-même ; viens gouverner ma maison par ton intelligence : je te tiendrai chère comme mon âme et mon corps, je serai attentif à ne pas briser le lien qui me liera à toi.

Dorénavant tu commanderas dans ce pays et mon cœur est le gage de l’accomplissement de tous tes vœux.

Réunis maintenant tout ce que tu possèdes, parle de cette affaire devant des hommes de sens ; vois alors ce que tu veux décider et mets d’accord ton intelligence avec ton âme sereine.

Prends dans cette affaire la raison pour roi et fais-moi savoir ce que tu en penses. »

’ Il parla ainsi et son frère s’élança rapidement vers Merv, comme une tourterelle s’envole d’un cyprès.

Cet homme ambitieux se présenta respectueusement devant l’illustre Gordieh, il se présenta devant les intimes de Bahram ; il leur répéta les paroles du Khakan, raconta combien cette mort le troublait et ajouta :

Ô hommes intelligents, ô nobles, hommes d’élite et d’expérience !

C’était une mort soudaine et un grand événement auquel personne ne s’attendait.

Puissiez-vous recevoir souvent des nouvelles de ses mânes et que le juge suprême lui soit favorable ! »

Ensuite, il remit en secret à Gordieh la lettre du Khakan et lui rapporta ses discours sur leur parenté, sur les conseils et les bons avis qu’elle avait donnés à Bahram, sur ce qui s’était passé anciennement et récemment ; sur la pureté et la sainteté des femmes, les consolatrices et les conseillères de l’homme.

Le jeune homme parlait et la femme à la robe aux pans purs l’écoutait ; mais elle préférait rester silencieuse.

Ensuite elle lut la lettre et les paroles de ce Khakan impérieux.

Elle concentra tout ce qu’elle avait d’esprit et de sagesse et prépara dans son cœur une réponse à cette lettre.

Elle dit :

J’ai lu "ta lettre, j’y ai appliqué mon intelligence.

Le Khakan agit comme font les rois, comme agissent les hommes expérimentés et ceux qui possèdent des trônes.

Puisse-t-il être la lumière de mes yeux, lui qui poursuit ce ainsi ma vengeance !

Puisse le monde n’être jamais privé de lui, puisse-t-il faire la joie de la couronne et du pouvoir, puisse son cœur n’être jamais blessé par les chagrins, puisse l’espoir du monde en lui n’être jamais désappointé ?

Nous nous assoirons ensemble et lirons la lettre d’un bout à l’autre, tous les grands et tous les hommes intelligents partageront mon désir de nous y conformer.

Mais aujourd’hui tous les miens sont plongés dans les lamentations et ce n’est pas le moment de parler de cela.

Je n’ai pas le dessein d’aller dans l’Iran et il n’y a rien de meilleur pour une femme vertueuse qu’un mari ; mais, si je me mettais en route en si grande hâte, que me dirait le roi sage ?

Si au milieu de mon deuil, je me livrais à la joie, je ne ferais pas acte de pureté et de noblesse ; les hommes de sens m’appelleraient impudente et le Khakaa croirait que je manque de modestie.

J’écouterai tout ce qu’il faut écouter de la part de ceux qui ont le droit de parler et je verrai ce qui en résultera ; et lorsque quatre mois auront passé sur ce deuil, j’enverrai un cavalier auprès du roi et je parlerai de tout dans une lettre quand mon conseiller ira auprès de lui.

Toi, maintenant, pars d’ici content et rapporte au roi mon message. »

Elle fit à l’envoyé de grands présents et cet homme expérimenté partit de Merw tout joyeux.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021