Khosrou Parviz

Lettre de Khosrou au Kaïsar sur sa victoire et réponse du Kaïsar

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Khosrou, de son côté, alla au camp que Bahram avait occupé avec son armée ; il livra tout le camp au pillage ; il donna à ses troupes tout le trésor et les couronnes de Bahram.

Puis, il prit un cheval ardent à la course et se prépara à faire ses dévotions.

Il trouva devant lui un hallier, mit pied à terre et entra dans ce lieu propice ; il se prosterna dans la poussière devant Dieu et dit :

Ô maître de la justice, Dieu tout-saint, tu as fait partir mon ennemi de ce pays, tu as tout accompli au-delà de mes espérances.

Je suis ton adorateur, ton serviteur indigne, je marche selon les ordres du maître du monde. »

De là il se rendit dans l’enceinte de ses tentes et son conseiller parut devant lui ; il fit venir un scribe et l’on écrivit en son nom une lettre sur du satin.

Le roi fit écrire, dans cette lettre au Kaisar, tout ce qui s’était passé sur ce champ de bataille.

Il commença par des hommages à Dieu, le dispensateur de la justice, à qui il devait sa bravoure, sa fortune et ses hauts faits ; puis il continua ainsi : Le Créateur du monde m’a secrètement favorisé en toute chose. le suis allé avec l’armée à Aderguschasp et suis rentré dans mon pays, devançant tout le monde et avide de vengeance.

Bahram m’a tant pressé dans le combat, que le lieu de la lutte est devenu trop étroit pour moi ; mais puisque Dieu, le tout-saint, ne lui était pas favorable, ce souffle du feu guerrier s’est éteint et lorsque ses affaires ont été désespérées et qu’il ne lui restait plus d’armée, il s’est enfui d’ici à l’aube du jour.

Nous avons détruit toute son armée, nous avons jeté le feu dans son camp, et, par la permission de Dieu le dispensateur de la victoire, nous lui avons encore coupé la route par où il doit passer. »

On apposa le sceau du roi sur la lettre et les envoyés se mirent en chemin.

L’envoyé qui portait la lettre du roi continua son voyage jusqu’à la cour de l’illustre Kaisar.

Le Kaisar lut cette lettre, puis cet homme, sur qui veillait la fortune, descendit du trône et dit en s’adressant à Dieu :

Ô toi, notre guide !

Tu es toujours et éternellement présent.

Tu as accordé la victoire à Khosrou, ton serviteur ; tu relèves celui qui était tombé. »

Il donna beaucoup d’or aux pauvres, il leur donna des vivres par charges d’âne, puis il fit écrire en réponse une lettre semblable à un arbre du jardin du paradis.

Il commença la lettre par le nom du maître du monde, maître de la victoire, de la gloire et de la justice, maître de la lune et maître du soleil, maître du jour et maître de la puissance.

Sache que la grandeur et la faveur des astres viennent de lui et sois reconnaissant envers lui tant que tu vivras.

Ne fais dans le monde ni ouvertement ni en secret que ce qui est selon la justice et la bonté. »

Il envoya à Khosrou une couronne qu’il avait héritée des Kaisars et qu’il gardait pour le cas où il en aurait besoin, un collier royal et deux boucles d’oreilles, cent ; vingt robes brodées d’or, ensuite des pièces (l’or formant trente charges de chameau, beau- coup de perles et de rubis une longue robe verte brochée d’or, avec des torsades d’or encadrant des pierres tines, une croix ornée de joyaux et un trône orné de pierreries dignes d’un roi.

Quatre philosophes roumis partirent avec ces cadeaux et cet argent.

Lorsque Khosrou reçut la nouvelle de’l’approehe de ces philosophes dans leur pompe, il envoya à leur rencontre mille cavaliers de grande naissance et de haut rang.

Les remis arrivèrent chez le roi, tout chargés de présents inouïs.

Khosrou lut la lettre, examina les présents et fut étonné.

Ensuite, il dit à son Destour :

Ces vêtements roumis brodés d’or ne sont pas à l’usage de nobles Perses, ce sont des robes de Catholiques.

Si nous portions des robes ornées d’une croix, ce serait se conformer au cérémonial des Chrétiens ; si je ne les mets pas, le Kaisar m’en voudra Ô 1& et soupçonnera probablement de tout autres raisons et si je les mets, tous ces grands demanderont si ce roi du peuple s’est fait Chrétien pour ces trésors, puisqu’il se couvre de croix. »

Son conseiller répondit à Khosrou :

Ô roi, la religion ne repose pas sur les vêtements ; tu gardes la foi du prophète Zerdouscht, quoique tu sois devenu l’allié du Kaisar. »

Le roi mit alors ces vêtements et fit suspendre au-dace : de son trône cette couronne incrustée de pierreries ; les Roumis et les Iraniens entrèrent, des hommes de toute espèce entremêlés.

Tous ceux qui avaient de l’intelligence comprirent, en voyant ces vêtements, que le roi les avait revêtus pour se conformer aux intentions du Kaisar ; les autres dirent :

Ce roi du monde est donc en secret devenu Chrétien ? »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021