De son côté, Rustem le lion était arrivé auprès du roi de l’Iran, vite comme la poussière qui vole.
Il se présenta devant lui, tenant les mains croisées sur sa poitrine.
Le roi se leva de son siège, lui adressa ut nous.
A les questions d’usage et le serra dans ses bras.
Il lui demanda des nouvelles de son fils et de ce qui s’était passé, de ses braves, des combats et de l’état de son armée et pourquoi il revenait.
Rustem répondit d’abord au sujet de Siawusch avec de grandes louanges et remit sa lettre au roi.
Un scribe renommé la lut et la joue du roi devint noire comme la suie.
Il dit à Rustem :
Je crois que c’est un jeune homme généreux et candide ; mais toi, qui es un homme et non un enfant, qui connais le monde, qui a vu le bien et le mal sous toutes les formes, qui n’as pas d’égal dans le monde, toi de qui les lions empruntent le courage dans les combats, n’as-tu pas vu ce que j’ai souffert d’Afrasiab et que j’ai été privé par lui de la faim, du sommeil et, du repos ?
J’aurais dû partir et je me suis laissé arrêter : ma tête était remplie d’ardeur pour la guerre, mais je ne suis pas parti parce qu’on me disait sans cesse :
Ne pars pas, reste et laisse le jeune prince prendre les armes.
Quand arrive la vengeance de Dieu, alors le mal doit être la récompense du mal ; mais vous avez accepté les trésors de cet homme vil et c’est ainsi que votre cœur a été apaisé ; l’or, arraché par Afrasiab à son peuple innocent, a détourné votre tête de la bonne voie.
Et cette centaine de misérables Turcs de basse naissance, fils de pères dont le nom est linconnu, crois-tu qu’Afrasiab sera en peine de ces il".
2 otages ?
Ils ne sont à ses yeux que de l’eau du ruisseau.
Mais si vous avez fait une chose insensée, moi du moins je ne suis pas las de guerre et de combats.
J’enverrai maintenant auprès de Siawusch un homme sage qui pourra le guider et voici l’ordre que je donnerai à mon fils : Allume un grand bû-cher, lie les pieds des Turcs avec de lourdes chaînes, jette dans le feu tous les présents que tu as reçus et garde-toi de toucher à aucun ; ensuite envoie-moi les prisonniers, car je veux leur trancher la tête.
Marche sans délai avec ton armée avide de combats, jusqu’à la cour d’Afrasiab ; lâche la mainà tes troupes pour qu’elles s’avancent comme des loups qui se jettent sur des agneaux.
Si tu veux prendre la peine de leur enseigner à faire le mal, tous les braves se mettront à dévaster et à brûler et Afrasiab viendra te combattre, car le repos et le sommeil lui seront devenus amers. »
Rustem lui répondit :
Ô roi, ne te désole pas de ce qui s’est passé.
Écoute d’abord mes paroles, ensuite tu feras selon ta volonté, car tu es le maître du monde.
Tu nous avais ordonné de tenir, dans la guerre contre Afrasiab, notre vaillante armée de ce côté du fleuve jusqu’à ce qu’il nous attaquât, parce qu’il se hâterait de le faire.
Nous nous sommes avancés jusqu’au bord du fleuve, pour qu’Afrasiab vînt. nous combattre ; mais il a été le premier à
ouvrir la porte de la paix et il n’aurait pas été juste d’attaquer un homme qui ne demandait que paix, fêtes et festins.
Ensuite songe qu’un roi qui romprait un traité ne serait pas approuvé par ses amis.
Siawusch n’a pas assisté à une seule fête avant d’avoir remporté la victoire.
Que veux-tu de plus que la couronne, le trône et le sceau royal, la tranquil-Iité et les trésors du pays d’Iran ?
Tu as tout cela ; ne cherche pas follement la guerre, n’inonde pas, de larmes ton cœur joyeux.
Si Afrasiab a en secret l’intention de violer la parole qu’il a donnée dans son traité, nous ne sommes pas las de le combattre et nos épées et nos griffes de lion sont prêtes.
As seyez-vous, toi et le noble Siawusch, heureux et contents sur le trône d’or, dans le pays d’Iran ; et moi j’emmènerai du Zaboulistan une petite armée, je détruirai le trône du Touran, j’obscurcirai avec ma massue de guerre la lumière du soleil devant Afrasiab.
Moi et lui nous avons souvent combattu l’un contre l’autre et il se peut qu’il ne veuille pas s’y exposer de nouveau.
Ne demande pas à ton fils de manquer à sa parole, ne lui ordonne pas ce qu’il ne pourrait faire que par un crime.
Mais pourquoi ne parlerais-je pas ouvertement ?
Siawusch ne violera jamais son traité et ce que le roi médite frappera d’horreur ce prince illustre.
Ne trouble pas ’la fortune de ton fils, car ton cœur n’éprouverait plus jamais de bonheurs»
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021