Keï Kaous

Naissance de Siawusch

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Il s’écoula ainsi un peu de temps et le gai printemps prit ses couleurs.

Le ciel tourna sans relâche et lorsque neuf mois eurent passé sur cette belle,on annonça au roi Keï Kaous : Tu as joui de la belle aux traces fortunées et elle a mis au monde un noble enfant ; il faut que tu élèves maintenant ton trône au-dessus de la lune.

Elle a mis au monde un enfant beau comme un Péri et dont le visage ressemble à une idole d’Aderbeïdjan.

Le monde est rempli de bruits touchant cet enfant, car personne ne verra plus un visage et une chevelure comme les siens. »

Le roi du monde lui donna le nom de Siawusch et remercia pour lui le ciel qui tourne ; mais tous ceux qui savaient calculer par les mouvements du ciel sublime la bonne et la mauvaise fortune et quand et comment elle (initierait, connurent que les astres étaient hostiles à cet enfant et s’attristèrent en voyant que la fortune ne veillait pas sur lui ; ils virent que ses bonnes et ses mauvaises qualités ne lui causeraient que des malheurs, et, dans leur sollicitude pour lui, se réfugièrent auprès de Dieu.

Ils dévoilèrent au roi le sort de l’enfant et lui indiquèrent la route à suivre.

Quelque temps s’étant passé, Rustem arriva auprès du roi et lui dit :

Il faut que j’élève dans mes bras cet enfant qui ressemble à un lion.

Il n’y a personne assez illustre pour que tu lui confies ton fils, qui ne trouvera jamais dans le monde une nourrice comme moi. »

Le roi y réfléchit longtemps et cette parole ne lui déplut pas ; il confia à Rustem son cœur et ses yeux, cet enfant bienaimé qui adevait être le maître du" monde.

Rustem l’emporta dans le Zaboulistan et lui fit élever un palais dans un jardin de roses, lui donna des chevaux, des flèches, un arc, un lacet, des rênes et des étriers et tout ce qu’il désirait ; il lui donna une salle d’assemblée, du vin et des compagnons pour ses banquets, des fau-

Cons, des gerfauts et des guépards de chasse.

Il lui fit connaître ce qui est juste et ce qui est injuste, il lui apprit les devoirs du trône et de la couronne, les arts de la parole et de la guerre ; il lui enseigna toutes les vertus ; il se donna beaucoup de peine et cette peine porta son fruit.

Siawusch devint tel que dans le monde on n’avait jamais vu son égal parmi les grands.

Quelque temps se passa ainsi ; il devint fort et attaqua les lions pour prendre leur cou dans son lacet.

Alors, il dit à Rustem qui portait haut la tête :

Je désire voir le roi ; tu as eu heau-

coup de peine et je t’ai donné beaucoup de souci ; tu m’as enseigné les vertus des rois ; il faut mainte tenant que mon père voie en moi comment le héros au corps d’éléphant enseigne les vertus. »

P Le héros au cœur de lion fit les préparatifs du voyage ; il envoya de tous côtés des messagers.

Tout ce qu’il ne possédait pas lui-même en fait de chevaux et d’esclaves, d’or, d’argent et de perles, d’épées, de casques et de ceintures, d’étoiles et de tapis, il le fit chercher dans le monde entier et apporter sans délai.

Il équipa ainsi pour son voyage Siawusch, sur lequel le peuple avait les yeux ; ensuite il se mit en route avec lui, pour que le roi n’eût aucune raison d’être mécontent.

Les peuples préparèrent des fêtes solennelles, car ils cherchaient à plaire au Pehlewan ; partout on mêla de l’or avec de l’ambre et on le versa du haut des toits sur les têtes des grands ; le monde était rempli de joie et paré de tout ce qui est précieux ; les portes et les murs de toutes les maisons étaient ornés.

On jetait des pièces d’argent sous les pieds des chevaux arabes : la tristesse était bannie de l’Iran.

Les crinières des chevaux étaient entièrement inondées de musc, de vin et de safran.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021