Voici ce que dit le Mobed :
Un jour Thous, à l’heure où chante le coq, partit joyeusement de la cour du roi, accompagné de Guiv, de Gouderz et de quelques autres cavaliers.
Ils voulaient chasser l’onagre dans la forêt de Daghoui, avec des faucons et des guépards avides de proie.
Ils longèrent les bords d’un ruisseau, courant et s’élancent sur les bêtes fauves.
Ils en tuèrent beaucoup et en poursuivirent beaucoup et amassèrent de la nourriture pour quarante jours.
Or il résidait dans les environs un Turc dont les tentes obscurcissaient la terre et devant les chasseurs se trouvait une forêt qui s’étendait au loin le long de la frontière des cavaliers du Touran.
Thous et Guiv, accompagnés de quelques braves, y entrèrent ; les deux cavaliers s’avancèrent dans la forêt et se livrèrent à la chasse pendant quelque temps.
Ils y trouvèrent une femme aux belles joues et tous les deux coururent vers elle le sourire sur les lèvres.
Il n’y avait dans le monde aucune femme comme elle et sa beauté était telle qu’on ne pouvait y trouver un défaut.
Elle ressemblait par la taille à un cyprès et par son aspect à une lune ; on n’osait jeter un regard sur elle. me Thous lui dit :
Ô lune enchanteresse, pourquoi es-tu venue dans cette forêt ? »
Elle répondit :
Mon père m’a battue hier soir et je me suis enfuie à travers le pays ; il revenait, dans la nuit profonde, d’une fête de noce ; il était ivre et dès qu’il m’a vue de loin, il s’est mis en colère, a tiré un poignard brillant et a voulu me séparer la tête du corps. »
Le héros lui demanda son origine et peu à peu elle lui raconta tout depuis le commencement jusqu’à la fin, disant :
Je suis de la famille de Guersiwez et ma race tire son origine du roi Feridoun. -Comment, lui dit Thous, es-tu venue ici à pied ?
Car tu es sans monture et sans guide. »
Elle lui répondit :
Mon cheval est resté en route ; il était si fatigué qu’il est tombé sous moi.
J’ai de l’or et des joyaux sans nombre ; j’ai une couronne d’or que je portais sur la tête, mais mes gardes me l’ont prise et m’ont frappée avec le fourreau d’une épée. le me suis enfuie de devant eux tout effrayée ; et maintenant je me trouve dans cette forêt versant des larmes de sang.
Lorsque mon père sera revenu à lui, il enverra sans doute des cavaliers après moi en toute hâte et ma mère accourra et ne voudra pas que je quitte ce pays. »
Le cœur des Pehlewans s’adoucit pour elle et la tête de Thous, fils de Newder, se remplit de tendresse.
Le prince, fils de Newder, dit :
C’est moi qui l’ai trouvée, c’est pour elle que je me suis lant
KE’I’ nous. hâtém Guiv lui répondit :
Ô Sipehdar du roi, tu a n’es pas mon égal quand tu es séparé de ton armée. »
Thous continua à lui disputer cette femme, en disant :
Elle est venue ici au-devant de mon cheval. »
Guiv répondit :
Ne parle pas ainsi, car c’est moi qui dans l’ardeur de la chasse vous ai devancés tous.
Ne dis pas un mensonge pour gagner une esclave, car tu n’es pas assez brave pour soutenir une querelle. »
.Leurs paroles devinrent si violentes, qu’ils allaient trancher la tête à cette lune ; mais lorsque leur discussion eut duré longtemps, un des grands vint s’interposer, disant :
Amenez-la devant le roi et soumettez-vous tous deux à sa décision. »
Ils l’épargnèrent selon son conseil et se dirigèrent vers le roi de l’Iran.
Quand Kaous vit le visage de la jeune fille, il sourit en se mordant les lèvres et dit aux deux Sipehbeds :
Vous n’avez pas été longtemps en route.
Vous n’amenez qu’une gazelle gracieuse et pourtant c’est un gibier de grande chasse, un gibier qui n’appartient qu’au roi.
Nous passerons la journée à entendre comment les héros ont pris un soleil à l’aide des guépards. »
Ensuite le roi demanda à la jeune fille :
Quelle est ta naissance, ô toi dont le visage est le visage d’une Péri ? »
Elle répondit :
Du côté de ma mère, je suis une princesse ; du côté de mon père, je suis issue de la race de Feridoun et (luersiwez le Sipehbed, dont
Les tentes couvrent cette frontière, est mon grand-père. »
Le roi lui demanda :
Comment as-tu pu donner au vent ces beaux cheveux et ce visage et ce cette haute naissance ?
Tu es digne que je te place sur un coussin d’or ; il faut que je te fasse la reine des femmes au visage de lune. »
Elle lui répondit :
Aussitôt que je t’ai vu, je t’ai choisi parmi tous les grands qui portent haut la tête. »
Le roi envoya à chacun des deux Pehlewans dix nobles chevaux, un trône et une couronne ; il fit entrer la belle dans l’appartement des femmes et lui ordonna de s’asseoir sur le trône.
On la plaça sur un trône d’ivoire ; on posa sur sa tête une couronne d’or et de turquoises, on la para de brocart jaune, de rubis, de turquoises et de lapis-lazuli ; et tout le reste des présents du roi était digne de cette femme, qui était un beau rubis intact.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021