Keï Kaous

Gouderz et Thous font prononcer Kaous sur la succession au trône

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Lorsque Kaous eut entendu ces paroles droites, il fit appeler devant lui les deux adversaires.

Son messager alla trouver le Pehlewan de l’armée et lui dit d’une voix douce :

Ô lion plein d’expérience, ne verse pas du poison mortel dans la coupe de lait, dépose ton épée et ton armure, il ne faut pas qu’il nous vienne du malheur de ton côté.

Ô Pehlewans, présentez-vous tous deux seuls devant le roi. »

Thous et Gouderz se rendirent auprès de Kaous et plaidè- rent leur cause devant son trône.

Thous dit :

Ô noble roi !

Quand un prince est las du trône et de la couronne, il faut que l’empire, le pouvoir, le diadème et les trésors des grands reviennent à son fils ; et quand il a un fils, pourquoi un petit-fils porterait-il le diadème, pourquoi s’asseyerait-il sur le trône ?

Feribourz a la majesté et la grandeur des Keïanides, il est prêt pour le combat comme un lion furieux. »

Gouderz lui répondit :

Ô insensé !

Le sage ne te compte pas parmi les hommes.

Il n’y a jamais eu dans le monde un homme comparable à Siawusch en noblesse, en munificence et en affabilité.

Eh bien, Khosrou est son fils ; tu dirais, à son visage et à sa mine, que c’est lui-même ; du côté de sa mère il tient au Touran, mais du côté de son père il est de la race royale et ne s’écartera pas de la vraie voie.

Il n’y a pas d’homme comme lui dans l’Iran et le Touran ; pourquoi en parler avec cette arrogance ?

Tes yeux n’ont jamais vu d’homme aussi beau de visage, aussi haut de stature et aussi aimant.

Il a passé le Djihoun sans demander une barque ; il s’est fié à la fortune des Keïanides et à la droiture de ses intentions ; et à l’exemple de Feridoun, qui après avoir passé le fleuve Arwend a fait fleurir le monde, il assujettira, par sa bravoure et par la grâce de Dieu, le cœur, la main et l’œil des méchants.

Ensuite, il se ceindra, semblable à un lion furieux, pour venger son père, il guérira l’Iran de ses maux et le rusé Afrasiab tremblera sous sa main.

Le bienheureux Serosch m’a dit, dans mon rêve, qu’il fera cesser par sa haute fortune les cris qui s’élèvent de l’Iran et qu’il mettra fin aux peines et aux angoisses du monde quand il sera le maître de la couronne et du trône puissant.

Tu es un fils de Newder et non pas un étranger ; mais ton père était possédé du Div et tu l’es comme lui.

Si j’avais dans ce moment mes armes, j’inonderais de sang ta poitrine et tes bras, je t’attaquerais avec l’épée de combat et je t’humilierais pour tes paroles insensées.

Faudrait-il donc te permettre de jeter la désunion parmi les Keïanides et de te livrer à ta présomption ?

Le roi des rois sait ce qu’il veut sur ce point, il donnera le trône à qui il lui plaira, car il est le maître. »

G Thous lui dit :

Ô sage vieillard, tu es éloquent, mais tu ne sais pas concilier les cœurs.

Tu es le fils de Keschwad, mais moi je suis Thous fils de Newder, je suis roi et fils de roi ; si ton épée fend les enclumes, ma lance perce le cœur du mont Kaf.

Pourquoi disputer ?

Le roi des rois sait qui est digne du trône. »

Gouderz répondit :

Ne parle pas ainsi, car je ne te reconnais pas une gloire assez grande pour cela. »

Ensuite, il se tourna vers Kaous, disant :

Ô roi plein d’expérience, ne rejette pas la coutume antique et la droite voie.

Appelle les deux nobles fils ; ils méritent tous deux le trône, décide lequel en est le plus digne par son pouvoir et par la grâce de Dieu, remets-lui la couronne et réjouis-toi de voir que c’est toujours un de tes enfants qui sera roi. »

Kaous répondit :

Ceci n’est pas raisonnable.

Ces deux enfants me sont également chers et si je choisis l’un des deux, l’autre me haïra.

Je vais prendre un moyen qui empêchera qu’aucun d’eux ne suscite par ma faute des dissensions dans cette assemblée.

Il faut que mes deux fils partent, accompagnés chacun d’un corps d’armée et qu’ils se rendent à Ardebil ; car Ahriman nous livre tous les ans des combats sur la frontière où est situé le château de Bahman ; il y met en détresse les adorateurs de Dieu et aucun Mobed n’ose y demeurer.

Je donnerai mes trésors et mon trône à celui de mes enfants qui, l’épée en main, prendra ce château. »

Gouderz et Thous écoutèrent la décision du prudent roi ; ils en furent tous deux contents et personne n’eut rien de plus sage à proposer.

Ils se hâtèrent de faire leurs préparatifs et sortirent de la présence du roi.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021