Keï Kaous

Afrasiab attaque le pays d'Iran

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L’armée s’en retourna dans l’Iran aussitôt que le roi qui cherchait la couronne du monde fut prisonnier.

Elle passa la mer sur des navires et des barques, puis se dirigea de la mer vers les déserts et les plaines.

Lorsqu’elle toucha le sol de l’Iran, il se répandit dans le monde la nouvelle que le haut cyprès avait disparu du mont Alborz et que le trône du roi des rois était vide.

Quand on ne vit plus de roi sur le trône d’or, chacun voulut s’emparer de la couronne ; du pays des Turcs et du désert des guerriers armés de lances arrivèrent de tous côtés de nombreuses armées ; Afrasiab prépara un grand armement et oublia la faim, le repos et le sommeil ; de tous côtés s’éleva dans l’Iran le bruit des armes et le monde, naguère si heureux, se remplit de combats et d’agitation.

Afrasiab se jeta en toute hâte sur l’armée des Arabes ; trois mois dura le combat des braves et ils exposèrent leurs têtes dans le désir d’acquérir la couronne.

Les Arabes furent battus par les Turcs et trouvèrent le malheur pour avoir voulu accroître leur fortune.

L’armée du Touran se répandit dans l’Iran et les femmes, les hommes et les enfants tombèrent tous dans l’esclavage.

Telle est la condition de ce monde passager ; chacun s’y attire des peines et des douleurs en suivant ses passions.

À la fin, tout ce que le monde contient de bon et de mauvais passe ; c’est une proie que la mort finit par saisir.

L’armée du Touran s’empara de tout l’Iran et le monde devint noir pour les Iraniens.

Une grande foule de peuple partit pour le Zaboulistan et se rendit auprès du fils de Zal pour l’implorer, en disant :

Sois notre asile contre le malheur, puisque la gloire de Kaous a disparu !

Ils se dirent entre eux :

L’infortune est tombée sur nous et notre sort est I devenu dur.

Hélas !

Le pays d’Iran sera un désert et un repaire de tigres et de lions ; et ce pays, qui était d’un bout à l’autre la demeure des cavaliers vaillants et la résidence des rois, est maintenant un lieu de désolation et de malheur et le séjour des dragons aux griffes aiguës.

Il faut trouver un remède à nos maux et délivrer nos cœurs de cette affliction.

Un lion qui ne redoute pas les tigres doit venir à notre aide dans cette douleur.

Il faut que nous envoyions respectueusement un homme de sens auprès de Rustem.

Un Mobed partit et parcourut le chemin jusqu’à la demeure du fils de Destan, de ce héros avide de vengeance.

Il raconta ce qu’il avait vu et entendu et Rustem au cœur de lion tressaillit, ses yeux versèrent des larmes de fiel, son cœur trembla de colère et son âme fut remplie de douleur ; il répondit :

Nous sommes prêts pour le combat, moi et mon armée ; nous désirons la vengeance ; et quand j’aurai des nouvelles de Kaous, j’irai délivrer des Turcs le pays d’Iran.

Il envoya de tous côtés dans les provinces et partout parurent des armées ; du Zaboulistan, de Kaboul et de l’Inde toutes les troupes accoururent auprès du Pehlewan ; le son des clairons et des clochettes indiennes s’éleva et l’armée remplit de bruit les plaines immenses.

Le cœur de Rustem s’élança comme s’élance la flamme et il fit avancer son armée semblable à l’ouragan.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021