Iskender

Lorsque Iskender fut porté à lskenderieh, le monde fut livré à de nouvelles querelles.

On plaça son cercueil dans la plaine et le monde fut rempli de propos de toute sorte.

A Iskenderieh, les enfants, les hommes et les femmes se réunirent auprès du cercueil et si tu avais voulu les compter, un calculateur en aurait énuméré plus de cent mille.

Au milieu d’eux était Aristalis,f que les hommes regardaient en versant des larmes de sang ; il plaça sa main sur cet étroit cercueil et dit :

Ô roi, adorateur de Dieu !

où étaient ton intelligence, ton savoir et ta sagesse, pour que ce cercueil étroit soit devenu ta demeure ?

Pourquoi as-tu choisi la poussière pour couche dans les jours de ta jeunesse, ayant vécu si peu d’années ? »

Les sages du Roum se réunirent ; l’un d’eux dit :

Ô éléphant au corps d’airain !

Qui est-ce qui t’a abattu, qui est-ce qui a recherché ta place ?

Où étaient ta vigilance et ton sans ? »

Un autre dit :

Tu as caché tant d’or, pourquoi enveloppe-t-il maintenant ton corps ? »

Un autre dit :

Personne n’a pu t’échapper ; pourquoi as-tu frotté ta main contre la mort ? »

Un autre dit :

Tu te reposes de tes peines et de tes travaux. voilà ce que produit la recherche de l’empire et des trésors. »

Un autre dit :

Quand tu paraîtras devant le juge, tu récolteras les fruits de tout ce que tu as semé. »

Un autre dit :

Celui qui a versé le sang des rois sera lui-même sans pouvoir. »

Un autre dit :

Nous aussi serons bientôt comme toi, qui as été si longtemps comme une pierre fine non taillée. »

Un autre dit :

Quand le maître te verra, il t’enseignera tout ce que tu n’as pas pu apprendre. »

Un autre dit :

Puisqu’un tel homme n’a pas échappé à la mort, il vaut mieux ne pas étendre la main pour nous agrandir. »

Un autre dit :

Ô toi qui t’étais élevé plus haut que la lune et le soleil, pourquoi caches-tu au peuple ton beau visage ? »

Un autre dit :

Un homme habile lutte pour que les soucis ne rendent pas jaune son visage ; maintenant, ô homme plein de vertu et de bravoure, l’or jaune du cercueil t’a vaincu. »

Un autre dit :

Tu t’es enveloppé dans du brocart, tu nous as caché tes beaux traits ; dégage ta tête de ce drap d’or, car la couronne, les bracelets et le trône d’ivoire te réclament. »

Un autre dit :

Tu t’es arraché à tes esclaves au visage de lune, à tes servantes chinoises et roumies et tiens dans tes bras de l’or ; sache que l’or et le brocart ne conviennent pas aux mis. »

Un autre dit :

Maintenant celui qui interroge les morts va te demander : Te rappelles-tu ce que t’a dit ton maître ?

Pourquoi as-tu versé le sang des grands, pourquoi as-tu été si acharné pour les combats ?

Ne vois-tu pas que tous les grands qui sont morts n’ont emporté de ce monde que le renom de leurs bonnes actions ? »

Un autre dit :

Ton jour est passé et ta langue est muette et quiconque a vu ta couronne et ton trône devra renoncer à l’ambition, car le pouvoir ne reste à personne, puisqu’il ne t’est pas resté ; il ne faut pas vouloir planter l’arbre de la puissance. »

Un autre dit :

Ce que tu as fait s’en est allé au vent.

La tête des grands est délivrée de ton oppression et tu vas voir maintenant une cour sublime, un monde où les brebis et les loups sont séparés. »

Un autre dit :

Pourquoi t’es-tu donné tant de peine dans cette demeure passagère ; car le résultat de tes fatigues a été qu’un étroit cercueil forme ton trésor.

’ Tu voudrais entendre le son des clairons ; mais il faut que tu te contentes’d’être enfermé dans une --bière. »

Un autre dit :

Quand ton armée s’en retourne, toi seul resteras sarrette large plaine et sans deute tu suivras de tes yeux chacun qui part et te cdnsumeras dans de longs regrets de la vie. »