Iskender

Iskender se rend à la mer d'occident et au pays de Habesch

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Du pays des Brahmanes il arriva à un lieu d’où il vit une mer profonde et sans rivages.

Des hommes au visage voilé comme des femmes s’approchèrent, vêtus de robes et parés de couleurs et de parfums ; leur langue n’était ni l’arabe, ni le pehlewi, ni le chinois, ni le turc, ni le perse ; ils ne vivaient que de poisson et il n’y avait pas de route pour apporter quelque chose du dehors.

Iskender resta confondu à leur aspect : il invoqua le nom de Dieu en voyant cette mer.

Dans ce moment une montagne sortit de l’eau, toute humide et fraîche et jaune comme le soleil.

Iskender demanda une barque rapide, car il aurait voulu observer de ses yeux cette montagne.

Un des philosophes. qui accompagnaient le roi lui dit :

Tu ne devrais pas aller sur cette mer profonde.

Attends que quelque homme de peu de sans y soit allé. »

Trente hommes, tant Roumis que Perses, s’assirent dans la barque ; mais la petite montagne était un poisson jaune, qui, au moment où l’équipage s’approchait de lui, entraîna, par un mouvement vif, la barque sous l’eau et la montagne disparut sous les ondes.

Iskender et son armée furent stupéfaits et chacun prononça le nom de Dieu.

Le Roumi dit à Iskender :

Ce qu’il y a de mieux est la science, car c’est par elle que le sage est roi parmi les rois.

Si tu étais parti et avais péri, le cœur de toute cette armée serait gonflé de sang. »

Il fit partir l’armée de ce lieu et arriva à un nouveau lac entouré de roseaux semblables à des arbres ;.

on aurait dit que c’étaient de gros troncs de platanes.

Ils étaient épais de plus de deux coudées et la mesure de leur hauteur était de quarante coudées.

Toutes les maisons du pays étaient construites en troncs de roseaux et la terre fléchissait sous leur poids.

Il était impossible de rester longtemps dans cette forêt de roseaux, car personne ne pouvait boire l’eau saumâtre qu’on y trouvait.

Il passa ce lac et arriva à un lieu ou il vit des eaux profondes : le pays y était beau, l’eau comme du miel et le terroir exhalait un parfum de musc.

L’armée y prit de la nourriture et se prépara à passer la nuit ; mais il sortait de l’eau une quantité de serpents qui s’agitaient et de la forêt venaient des scorpions couleur de feu ; le monde de-. vint sombre et étroit pour les dormeurs et de tous les côtés se mouraient en grand nombre les chefs, les sages et les braves.

Des centaines de sangliers, armés de longues dents, dures comme l’acier, des lions plus grands que des taureaux, à l’attaque desquels on ne pouvait pas résister, arrivaient de toutes parts.

L’armée s’éloigna de l’eau, jeta du feu dans la forêt de roseaux et tua tant de ces bêtes qu’elle avait de la peine à se frayer un chemin.

De là le roi au visage de soleil marcha rapidement jusqu’au pays de Habesch ; il y trouva une terre que les hommes rendaient noire comme la plume du corbeau, car ils étaient noirs et leurs yeux brillaient comme des flambeaux.

Ils formaient une armée lût d’hommes grands et forts, nus de corps, puissants de muscles et de taille.

Lorsqu’ils virent de loin la poussière de l’ennemi, ils poussèrent des cris qui s’élevaient au-dessus des nuages sombres ; ils avaient réuni une masse de milliers de milliers d’hommes et les yeux du roi s’obscurcirent en les voyant.

Ils se dirigèrent vers Iskender et tuèrent un grand nombre de ses guerriers ; ils avaient des os en guise de javelots et les lancèrent suries hommes.

Le roi ordonna à ses troupes démettre leur armure de combat ; les gens du Habesch se précipitèrent nus dans la bataille, mais ils furent accablés par ces troupes, qui ressemblaient à des lions et qui en tuèrent une multitude sans nombre ; le reste s’enfuit du combat.

On versa tant de sang que la terre entière ressemblait à la mer de Chine.

Comme les vallées et les montagnes étaient souillées de sang et qu’il y avait partout des monceaux de cadavres, on les couvrit de broussailles, auxquelles le roi fit mettre le feu. j Lorsque la nuit fut devenue noire, on entendit les hurlements des loups et Iskender revêtit sa cotte de mailles et mit son casque.

Un animal arriva à la tête de la bande ; il était plus gros qu’un éléphant, portait sur la tête une corne de couleur sombre et tuait un grand nombre de guerriers illustres.

On fit contre lui des attaques répétées sans qu’il tournât le dos ; mais à la fin on le tua à coups de flèches et ce vainqueur d’éléphants ressemblait alors à une moni5

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tagne de fer.

De là Iskender emmena son armée en toute hâte, en invoquant longuement Dieu, le distributeur de la justice dans le monde.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021