Darab, couvert de louanges, et Reschnewad s’en revinrent joyeusement.
À une des stations, ils arrivèrent à cette voûte en ruines dans laquelle Reschnewad avait trouvé Darab endormi ; la femme du blanchisseur et son mari, qui apportaient le joyau, s’y étaient rendus ; ils tremblaient tous les deux, de peur d’être traités durement.
Reschnewad les appela sur le champ et ils se présentèrent en invoquant la protection de Dieu.
Quand il vit la femme et son mari, il les questionna en détail ; ils rappelèrent leurs souvenirs et racontèrent toute l’histoire de la boîte, de la pierre non travaillée ; ils dirent la peine que l’éducation du nourrisson leur avait donnée, leurs soucis et tout ce que le sort avait amené.
Reschnewad leur dit :
Puissiez-vous être victorieux et toujours heureux !
Personne dans le monde n’a’vu une merveille pareille ni n’en a entendu parler par les Mobeds.
Cet homme à l’âme pieuse écrivit une lettre à Homaï sur Darab, sur l’orage, sur le lieu où Darab avait dormi et sur ses prouesses dans la dernière bataille ; il raconta tout ce qu’il avait entendu du blanchisseur, l’histoire de la boîte et des joyaux de toute espèce, la voix qui avait frappé ses oreilles et l’inquiétude que ce bruit lui avait donnée et comment la voûte s’était écroulée sous la tempête, aussitôt que Darab était monté à cheval.
Il raconta tout cela dans la lettre et expédia un messager rapide comme le vent, à qui il remit le joyau rouge, disant :
Il faut que tu te fasses le compagnon du vent.
Le messager partit comme le vent, porta à Homaï le joyau rouge, remit la lettre à la reine, maîtresse du monde et répéta ce qu’il avait entendu des lèvres de Reschnewad.
Elle lut la lettre, elle vit le joyau et les larmes coulèrent de ses cils sur ses joues.
Elle reconnut que le jeune homme, ce héros plein de beauté, aux joues fraîches comme le printemps, à la stature haute, qu’elle avait vu le jour où elle était allée dans la plaine pour passer en revue son armée, n’était autre que son fils innocent, une noble et fertile branche de son propre tronc.
Elle dit au messager en pleurant :
Il arrive au monde un maître.
Ma tête n’a jamais été libre de soucis et je n’ai cessé de craindre pour les destins de l’empire.
Mon cœur était plein de terreur devant le Maître suprême de la justice, depuis que j’étais devenue méchante et impie.
Dieu m’avait donné un fils et je ne l’ai pas reconnu ; je l’ai jeté dans les eaux de l’Euphrate, ayant lié autour de son bras ce joyau.
Le fils était maltraité dès qu’il n’avait plus de père, maintenant Dieu me le rend avec un nom glorieux acquis sur les traces de Reschnewad.
On versa sur le peuple tout un trésor de pièces d’or, on mêla des pierreries à du vin et du musc et on fit l’aumône à tous ceux qui étaient dans le besoin.
La semaine après, Homaï ouvrit un trésor d’argent et le répartit parmi tous les endroits où elle savait qu’il y avait un temple de feu, ou seulement un Zendavesta et un lieu pour célébrer la fête de Sedeh ; elle répandit ses largesses sur toutes les provinces.
Le dixième jour, de grand matin, le Sipehbed arriva auprès de la reine, et, avec lui, les grands et Darab ; mais Reschnewad et Darab ne dirent rien à personne de leur secret.
Dernière mise à jour : 2 janv. 2022