Lorsque Schenguil apprit par sa fille les hauts faits de Bahram, dont elle était la compagne sur le trône, il eut envie de voir l’Iran, la demeure de sa fille et du roi au noble caractère.
Il envoya un messager indien, un homme libre et doué d’éloquence et demanda à Bahram un nouveau traité qu’il pourrait garder dans son palais comme un témoignage de leur amitié.
Le maître du monde fit écrire un nouveau traité, brillant comme le soleil dans le jardin printanier et le messager se mit en roule, emportant une lettre en pehlewi, écrite par le roi.
Aussitôt
Qu’il fut. arrivé auprès de Schenguil et que le maître du Kanoudj eut lu cet écrit, il commença ses préparatifs pour son départ de l’Inde, tout en le cachant à ses parents en Chine.
Sept rois qui devaient l’accompagner se rendirent à la cour de Schenguil ; c’étaient :
le roi de Kaboul, le roi de Sind, le roi glorieux et respecté des Yoguis, le roi de Sendil, homme de grand renom, le roi de Djendil, héros heureux dans toute entreprise, le puissant roi du Kaschmir, enfin le roi de Moultan, homme illustre et de haute position.
Ils étaient montés sur de grands éléphants avec des clochettes au cou et aux housses et chacun était abrité par un parasol planté devant lui ; ils étaient tous ambitieux de gloire ; tous portaient des couronnes, des colliers et des boucles d’oreilles ; tous étaient couverts de pierreries, d’argent et d’or ; leurs parasols indiens étaient en plumes de paons mâles et leurs éléphants portaient des housses de brocart ; c’était un cortège qui brillait à la distance de quelques milles et amenait les présents du roi, des offrandes telles que l’or devait paraître vil aux yeux de Bahram.
I C’est ainsi que Schenguil s’avançait avec les sept rois d’une station à l’autre et lorsque Bahram apprit qu’il arrivait, il arrangea un cortège et se mit en route ; dans chaque ville les grands se levèrent et s’apprêtèrent à se porter à la rencontre de Schenguil.
Le roi des rois alla jusqu’à Nahrewan ; il était vieux par l’intelligence, son esprit était éveillé et sa fortune était jeune.
Les deux puissants rois, les deux amis se rencontrèrent à la fin ; ils mirent pied à terre l’un à côté de l’autre, se faisant des excuses et se saluant.
Ces deux rois, qui portaient haut la tête, maîtres de couronnes et de la majesté royale, s’embrassèrent et leurs escortes mirent à pied à terre, entourées d’une foule bruyante.
Les deux rois de ces deux pays, se trouvant ensemble, se parlèrent de toute chose, grande et petite, puis ils montèrent tous les deux à cheval, de même que leurs escortes vaillantes et illustres.
Bahram fit apporter un trône d’or dans la salle d’audience et le fit couvrir selon la coutume des Chosroès.
Il fit étendre sur la table une nappe fine et brillante, sur laquelle on plaça de l’agneau et de la volaille rôtie.
Après le dîner, il tint une assemblée royale dam une salle pleine de parfums, de couleurs et de peintures ; il fit mettre du vin sur les tables et amener des musiciens et les chansons résonnaient d’un bout à l’autre ; des serviteurs se tenaient debout, tout le palais était un paradis, toutes les coupes étaient en cristal, les plats en or et en or la vaisselle ; les buveurs portaient sur la tête des diadèmes d’or et aux pieds des bottines brodées de pierreries.
Schenguil fut étonné de ce palais et se mit à réfléchir pendant qu’il buvait du vin et à se dire que l’Iran était un paradis ou un jardin et que ses
Amis exhalaient un parfum de musc.
Il dit en secret au roi de l’Iran :
Donne-moi un moyen de voir ma fille. »
Bahram ordonna aux eunuques de l’escorte de conduire le père auprès de cette lune ; le roi illustre les suivit et vit un autre palais qui ressemblait au printemps.
Lorsque Schenguil aperçut Sepinoud sur un trône d’ivoire, une couronne d’ambre jaune sur la tête, il alla vers elle, la baisa sur la tête et appliqua ses joues sur les joues de sa fille.
Le père versait,dans sa tendresse, beaucoup de larmes et la fille au beau visage pleurait en voyant son père.
Schenguil caressa de sa main celle de Sepinoud et dit en parlant de ce palais, de cette salle d’audience et de cette demeure :
Voici le paradis !
Tu t’es échappée d’une mauvaise maison et d’un lieu vil. »
Il lui remit les présents qu’il avait apportés, les caisses d’or, les couronnes et les esclaves ; il les lui remit avec ceux qu’il destinait au roi et toutes ces pierreries, ces pièces d’étoffe et ces couronnes, dont personne ne pouvait dire le prix, rendirent la salle gaie comme le printemps.
De là, Schenguil s’en revint auprès du roi ; il observa l’assemblée dans la salle et voyant que les grands étaient égayés par le vin, il partit et gagna sa chambre à coucher.
Lorsque le voile couleur de musc, marqueté d’étoiles comme la peau du léopard, eut paru, les buveurs recherchèrent un doux sommeil, les serviteurs restant debout, les mains croisées.
Ainsi passa le temps, jusqu’à ce que la coupe jaune, que l’on appelle le soleil, parut, écartant le voile sombre de la nuit et répandant des topazes sur la plaine.
Le vaillant Bahram partit pour la chasse, emmenant avec lui le roi des rois de l’Inde ; il se rendit dans la plaine avec des guépards, des fau-cons, des laniers et des gerfauts qui portaient haut la crête et ils passèrent un mois à la ,chasse des onagres et des gazelles, l’âme sans un instant de soucis et libre de peine et de chagrin.
À la fin du mois ils s’en revinrent, ils avaient hâte de retrouver du vin et des festins et Schenguil ne quittait jamais le maître du monde, ni à la chasse ni au festin ; il ’ ne le perdait pas de vue pendant un seul jour, sur le Meïdan, dans les assemblées, aux fêtes et au jeu de la balle.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021