Mais Bahram, de son côté, veillait ; il préservait. son armée contre toute attaque de l’ennemi ; il, avait des espions jour et nuit et ne passait pas un air I.
U-L" ÎP. 1 Tl ? seul jour dans les fêtes et à boire du vin.
Lorsqu’il sut que le Khakan était à Merv avec une grande armée, il conduisit ses troupes à Aderguschasp, sans bagages et chaque homme étant pourvu de deux chevaux, d’une cuirasse, d’un carquois et d’un casque de Roum.
Jour et nuit il avançait sur la route, rapidement comme le vent ; il courait comme un torrent qui descend de la montagne et arriva ainsi d’ArdebiI à Amol.
Il partit de là et atteignit Gourgan, souffrant des peines et des douleurs qu’éprouvaient les grands.
De Gourgan il entra dans le pays de Nissa, précédé d’un guide fidèle ; il traversa les montagnes, les déserts et les lieux où il n’y avait pas de route et marchant aux heures indues de la nuit jusqu’au matin ; le jour il établissait ’ des vedettes et la nuit sombre il avait des gardiens du camp.
Il avança ainsi jusqu’auprès de Merv, plus vite que ne vole le faisan à tire-d’aile ; là il trouva un de ses espions qui lui dit que le Khakan négligeait ses affaires de roi, qu’il était occupé à chasser à Keschmihen et que jour et nuit Ahriman était son conseiller.
Bahram fut réjoui de ces nouvelles et oublia toutes ses fatigues.
Il se reposa pendant un jour là où il se trouvait et lorsque les chevaux, lui et l’armée furent reposés, il marcha, à l’aube du jour, sur Keschmihen.
Aussitôt que le soleil qui éclaire le monde eut levé sa tête de ’
5& la montagne, toutes les oreilles furent remplies du son des clairons, tous les yeux furent éblouis par les pointes des lances, le bruit des armes s’éleva du lieu de la chasse.
Le roi de Chine et son armée entendirent le tumulte qui déchirait les oreilles des lions :
on aurait dit qu’il tombait des nues de la grêle et le champ de bataille fut inondé de sang, comme si la lune en faisait pleuvoir.
À peine le Khakan, fatigué de la chasse, était-il réveillé, qu’il fut fait prisonnier par Khazarwan et l’on prit trois cents Chinois parmi les plus illustres et on les lia sur le dos des chevaux.
Bahram marcha de Keschmihen sur Merv ; il avait tant. couru sur des chevaux aux pieds de vent qu’il était devenu comme un roseau.
Il restait peu de Chinois à Merv ; on les tua ; aucun homme armé ne survécut et Bahram se mit à poursuivre en toute hâte ceux qui s’étaient enfuis de la ville.
Il parcourut ainsi trente linsangs, suivi par Karen le Parsi ; puis il s’en revint, se rendit au lieu de la chasse et distribua à l’armée le hutin entier qu’on avait fait.
Tout en levant plus haut la tête après sa victoire sur les Chinois, il reconnut que tout pouvoir vient de Dieu, qui donne la force de faire le bien et le mal et qui est le maître du soleil et de la lune.
Dernière mise à jour : 31 déc. 2021