Yezdeguerd le méchant

Commencement du récit

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Lorsque Yezdeguerd fut roi dans le monde, il réunit l’armée du pays entier et plaça sur sa tête la couronne de son frère, dont la mort lamentable le réjouissait.

Puis, il dit aux notables du pays :

Que celui de vous qui a un sentiment de justice adresse d’abord ses prières à Dieu et que son cœur soit heureux et en joie à cause de ma justice.

Je ne laisserai pas en vie les méchants, s’ils osent étendre la main pour accomplir le mal.

Quiconque ne me demande que ce qui est juste et qui s’abstient de la perversité et du mensonge, je le tiendrai partout en honneur, j’écarterai de mon cœur toute haine envers lui et toute avidité.

Je ne demanderai conseil qu’aux hommes nobles, aux hommes de sens, aux sages à l’esprit éveillé ; mais ceux qui sont livrés aux vices, dont les richesses rendent l’âme insolente, qui oppriment ceux qui ne peuvent pas se défendre ou qui lèvent la tête parce qu’ils sont riches, je lutterai contre eux, je rabaisserai leur arrogance et rendrai la vie douce aux pauvres.

Quiconque ne se garde pas de ma colère, quiconque passe insolemment devant moi, c’est qu’il désire qu’un lit de poussière réclame son corps et une épée indienne son cou.

Observez attentivement mes ordres et faites de votre intelligence votre cuirasse dans ce combat.

Tous ceux qui avaient mis leur espoir dans leurs massues et leurs épées se mirent à trembler comme les feuilles du saule.

Lorsque l’autorité du roi sur le monde fut raffermie, son pouvoir s’agrandit et sa bonté diminua ; les hommes de sens étaient, méprisés par lui ; il négligea tous les devoirs d’un roi ; les gouverneurs, les gardiens des frontières, les hommes savants, habiles et prudents n’étaient rien devant lui, son âme sombre était pleine de tyrannie.

Toute tendresse et toute justice avaient disparu de son âme et jamais il n’accueillait un désir qu’on lui exprimait.

Personne n’avait auprès de lui un rang reconnu ; il punissait les fautes avec précipitation.

Tous les ministres à sa cour, qui faisaient prospérer sa couronne et son étoile, firent la convention entre eux de ne jamais lui parler de l’état du pays ; tous tremblaient de peur, ils se mouraient de terreur devant le roi des rois.

Quand il venait des ambassadeurs ou des sujets du roi qui avaient des grâces à demander et qu’un ministre apprenait leur arrivée, il s’empressait de s’occuper de leur affaire, puis il renvoyait poliment les ambassadeurs avec des paroles chaleureuses et une voix douce, disant :

Le roi n’est pas disposé à s’occuper d’affaires et vous ne pouvez pas le voir ; je lui ai soumis vos demandes, mais il n’a pas daigné ouvrir la bouche pour donner des ordres.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021