Schapour fils d'Ardeschir

Lorsque Schapour fut assis sur le trône de la justice et eut placé sur sa tête le diadème qui réjouit les cœurs, les sages, les puissants, les savants et les Mobeds s’assemblèrent devant lui.

Il dit :

Ô illustre assemblée, ô grands doués de sagesse et mes conseillers !

Je suis le fils légitime du roi Ardeschir aux paroles sages, à l’observation pénétrante.

Écoutez tous mes ordres et que pas un de vous ne manque à la fidélité envers moi ; examinez tout ce que je dirai et si c’est faux, reprenez-moi.

Quand je regarde la voie qui conduit à la prospérité ou à la ruine, je vois deux dons de Dieu placés sur elle.

L’un est un roi, gardien du monde, ménager des trésors des grands et des petits, car quand il y a un roi juste et aux traces fortunées, la raison veillera sûrement sur lui ; elle veillera sur lui, sera son amie et élèvera sa tête au-dessus des sombres nuages ; tout ce qu’il désirera sera la justice et la sagesse et la sagesse donnera du calme à son esprit.

L’autre est l'homme qui s’efforce, en employant toute son intelligence, à prospérer en restant juste et qui, grâce à sa raison, sait être reconnaissant envers Dieu.

Heureux l’homme sage et pieux !

Le trône sied à l’homme intelligent, car l’or est sans valeur comparé à l’intelligence et tout homme qui est content est riche ; mais un cœur avide est une maison remplie de fumée.

Plus on a de désirs, plus on a de soucis ; travaille donc et ne préfère pas le fruit de l’avidité.

Recherche une vie tranquille et honorée et fuis les hommes à mauvaises intentions.

Quiconque n’a que peu de sagesse étend la main vers le bien d’autrui.

J’ai envers vous une tendresse plus grande que celle que nous montrent les astres dans le ciel.

Je vais maintenir envers vous, sans faillir, les règles que le puissant roi Ardeschir a établies ; je ne demanderai aux cultivateurs qu’un dirhem sur trente, pour que je puisse donner quelque chose à mon armée.

Quant à moi, j’ai les villes et un trésor plein, j’ai de la bravoure, de l’humanité, un pouvoir établi et ne demanderai à personne rien de ce qu’il possède, car c’est là ce qui convertit les amis en ennemis.

Vous tous aurez libre accès auprès de moi, car je suis plein de pitié pour l’homme qui demande justice.

J’enverrai partout des hommes qui connaissent les affaires ; je m’instruirai attentivement de ce qui se passe dans le monde et je me bornerai toujours à demander les bénédictions que m’accordera le Mobed à la foi pure.

Les grands et les petits se levèrent ensemble, prononçant de bonnes paroles, rendant foi et hommage à Schapour et versant des chrysoprases sur son trône.

Les coutumes du roi Ardeschir refleurirent et les jeunes et les vieux en furent heureux.