Kesra Nouschirwan

Septième fête que donne Nouschirwan à Buzurdjmihr et aux Mobeds

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Le septième jour après, il fit suspendre la couronne ait-dessus du trône et vint s’asseoir sur le trône d’ivoire ; devant lui se trouvaient le Grand Mobed, les nobles, les sages pleins d’ambition et à l’esprit éveillé, comma Sadeh, Yezdeguerd, le scribe et au-devant de tous Bahman, à l’esprit pénétrant.

Alors le roi dit à Buzurdjmihr :

Éclaire nos cœurs et montre-nous le vrai chemin.

Dis sur moi toute la vérité, ne cherche pas de la faveur auprès des grands par la fausseté.

Comment faut-il observer mes Ordres, préserver ma voie contre tout danger et montrer sa loyauté envers moi ?

Parle librement et ne réserve rien ; ne déguise pas ta parole franche scandes ornements.

Ces chefs, réunis ici de tout l’empire, répandront tes paroles. »

L’homme intelligent répondit au roi :

Ô toi qui ce es placé plus haut que la voûte d’azur !

Un homme a de sens regarde l’obéissance au roi de la terre comme la voie indiquée parla foi.

Il ne faut jamais n tarder un instant à exécuter les ordres du roi, il ne a faut jamais laisser son cœur dans l’inquiétude.

Quiconque est ennemi du roi est, dans son âme, adorateur d’Ahriman ; un homme qui n’est pas l’ami du roi mérite qu’on lui ôte la cervelle et la peau.

Sache que le repos du monde dépend du roi ; si nous agissons bien, il nous accorde de l’avancement ; il est notre protecteur dans le bonheur et le malheur ; il n’agit envers personne par haine ou par faveur.

Ne désire pas voir son fils à sa place ; aime comme ta propre âme son visage qui charme les cœurs.

La détresse ne trouve pas d’entrée dans un pays où règne l’amour du roi ; par l’effet de sa puissance, aucun mal ne t’atteindra, car sa fortune assure n toute sorte de bonheur ; le cœur du monde est souriant sous l’influence d’un roi sur le visage duquel brille la majesté donnée par Dieu ; s’il est gracieux envers toi, efforce-toi de toujours prêter l’oreille à ses ordres.

Si tu te détournes de lui en pensée, à l’instant la fortune se détournera de toi ; s’il te tient près de lui, ne deviens pas orgueilleux ; si tu es loirrde lui, ne’ fais pas le mal.

Si le roi impose à un serviteur de la fatigue, qu’il réfléchisse qu’elle

est accompagnée de bons traitements et de paye ; il faut qu’il ne se dégoûte jamais du travail et qu’il se montre vaillant au combat.

Celui qui est reconnaissant au roi vient de Dieu et celui qui reconnaît Dieu bénit le roi.

Ensuite on doit garder dans son cœur le secret du roi et ne le confier ni au soleil ni à la lune.

Quand on montre de la mollesse à exécuter les ordres du roi, on est son propre ennemi.

Maudites soient les fleurs de l’arbre qui ne répand pas ses fruits sur le trône et la couronne !

Ne dis pas de mal devant le roi de ceux qui lui appartiennent, car tu diminuerais la faveur qu’il t’accordait.

Quand on ment souvent, on n’est jamais honoré par les rois.

Il faut avoir soin de ne jamais prononcer devant le roi une parole que la raison n’approuve pas ; s’il te fait des questions, dis-lui tout ce que tu sais ; mais ne détruis pas ton renom par de longs discours, car il y a dans le monde bien d’autres choses à apprendre que l’oreille entend en public comme en secret.

Celui que le roi a traité avec mépris aura toujours l’esprit frappé de douleur ; mais celui à qui la bouche du roi sourit sera estimé dans le monde entier.

Si le roi t’accueille bien, ne te donne pas des airs de fierté, quand même tu es un vieux serviteur ; car si long que puisse avoir’été ton service, sache que le roi n’a pas besoin de toi ; s’il en favorise d’autres, c’est qu’ils sont sans doute aussi dé- !

Voués que toi.

S’il t’en veut pour quelque chose, fais tes excuses et ne te plains pas ; mais si tu te sais innocent de la faute, découvre [au roi ce qui est dans ton cœur.

Si tu te sens de la colère dans l’âme, ne lui montre pas ton visage et éloigne-toi ; car, par la grâce de Dieu, il voit dans ton âme, il voit la perversité et la noirceur de ton esprit et dorénavant tu n’éprouverais plus ses bontés, tu n’entendrais plus de sa bouche des paroles amicales.

Regarde la cour du roi comme une mer, ses serviteurs sont les mariniers, leurs talents sont les vaisseaux, la parole est l’ancre, l’intelligence est la voile et quand le sage navigue, il fortifie ses voiles, car elles le protègent et lui donnent de l’ombre.

Celui chez qui le talent ne s’allie pas à l’intelligence fait mieux de ne pas s’aventurer à la cour.

Si le roi était une montagne en feu, il faudrait que ses serviteurs s’arrangeassent d’y vivre ; si ce feu consume dans des moments de colère, il éclaire dans les temps de contentement.

La cour vous donne tantôt du lait et du miel, tantôt un poison mortel.

L’action du roi est comme celle de la mer ; c’est par son ordre que la lune brille au ciel ; l’un tire de la mer une poignée de sable, l’autre des perles dans leurs coquilles.

Puisse le monde prospérer par Nouschirwan, dont l’intelligence est mûre et vive et dont la fortune est jeune, qui est le chef des rois du monde, qui a enrichi l’empire par toutes sortes de bienfaits. »

Kesra prêta attention aux paroles de Buzurdjmihr, dont la voix ravivait son cœur.

Il avait dit que chaque bravo qu’il prononcerait vaudrait quatre caisses d’argent, c’est sur ce pied qu’il le récompensa ; et toutes les fois qu’il aurait dit bravo et encore bravo, bravai cela ferait quarante caisses de dirhems royaux.

Le trésorier en fit le compte devant le roi et chaque caisse contenait dix mille dirhems.

Le roi des rois dit alors bravo et bravo, bravo !

Car cette somme correspondait à ce qu’il avait dit et le trésorier au visage de soleil fit placer les caisses devant Buzurdjmihr.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021