Il y avait un vieillard qui savait le pehlewi et avait vieilli en parlant et agissant beaucoup.
Il m’a dit, sur l’autorité d’un livre pehlewi, qu’un Mobed avait rlemandéà Nouschirwan :
Que faut-il qu’un homme qui adore’le Créateur lui demande en secret pour que ce vœu, s’il est exaucé, lui donne la fortune et le bonheur ?
Car il y a des hommes qui lèvent la ç main vers le ciel, demandant quelque chose au Créateur et quand il le leur accorde, on les voit les yeux remplis de larmes et le visage froncé. »
Le roi victorieux répondit au Mobed :
Demande àDieu avec mesure, car si le vœu est démesuré, son accomplissement gonflera de sang le cœur. »
Il demanda :
À qui est du le bonheur et qui est le plus digne du nom de grand ? »
Le roi répondit :
Celui qui acquiert sans peine des trésors et ne les répand pas, n’est pas digne du trône et sa fortune s’obscurcira frév quemment.
On est puissant quand on possède et donne ; si donc tu as des trésors, sois généreux et ne les accumule pas. »
Il demanda :
Sur quoi repose l’intelligence et à qui porte-t-elle des feuilles et des fruits qui le rendent heureux ? »
Le roi répondit :
Heureux est le savant, ensuite celui qui joint la modestie à la naissance. »
»
Le Mobed demanda :
À qui profite le savoir et y en a-t-il qui, étant dépourvus de savoir, n’en soutirent pas ? »
Il répondit :
Quiconque prend soin de son intelligence prend soin de sa vie.
Plus on a d’intelligence, plus la vie en profite et quand on en manque, on ne rencontre que maladies, chagrins et pertes. »
Le Mobed demanda :
Qu’est-ce qui vaut lemieux, le savoir ou la majesté royale ?
Car la majesté et le pouvoir sont les ornements du trône. »
Il répondit :
Le savoir combiné avec la majesté abritera le monde entier sous ses ailes.
Il faut pour cela de l’intelligence, un nom glorieux, la majesté et la naissance royales ; c’est pour ces quatre qualités que le ciel le respectera. »
Ensuite le Mobed demanda :
Qui parmi les rois est digne du trône et par quoi leur fortune dépérit-elle. »
Il répondit :
Un roi doit demander d’abord aide à Dieu, maître du monde ; ensuite il lui faut de la libéralité, du savoir, l’observation des coutumes, de la prudence et un cœur généreux et juste ; puis il doit donner du pouvoir à ceux qui en sont dignes par leur vertu ; ensuite il faut qu’il ait soin que rien de bon ni de mauvais dans le monde ne lui reste caché ; enfin il ne doit faire aucune différence entre ses amis et ses ennemis, car un roi ne doit faire de mal à personne.
Un prince qui a de la dignité, de l’intelligence, de la foi et la faveur de la fortune. est digne de la couronne et l’ornement du trône.
Mais si tu ne trouves pas en lui ces qualités, tu verras qu’il est dépourvu de gloire, qu’après sa mort il ne laissera qu’un nom déshonoré et qu’à la fin il n’entrera pas dans le gai paradis. »
Le Mobed lui fit des questions sur les hommes nobles et sur les cœurs mesquins, sur les bons et les méchants.
Il répondit :
L’avidité et le besoin sont deux Divs de mauvaise nature et tenaces.
Quiconque fait de l’agrandissement l’objet de sa passion, règle sa conduite sur ce mauvais Div et quand on se livre à l’avarice et au travail d’amasser et qu’on ne cherche sur cette terre qu’un trésor rempli, on est comme un misérable Div plein de désirs et l’homme et le Div travaillent dans le même sens. »
Le Mobed demanda :
Combien y a-t-il de manières de parler et quelles sont-elles ?
Il y en a sur lesquelles il faut pleurer et d’autres qui sont des trésors et des couronnes et qui donnent de la gloire : les premières nous affligent, les secondes nous réjouissent. »
Il répondit :
Les savants ont classé les manières de parler et ont approfondi le sujet.
D’abord il y a les discours d’usage ; l’homme aux
. paroles douces leur donne le nom d’inoll’ensifs ; puis les discours qu’on peut appeler de confiance ; sache qu’ils sont prononcés par des hommes habiles et à l’esprit éveillé, qui ne disent que ce qui est nécessaire et ce qui laisse un souvenir dans le monde ; ensuite il y a les discours de ceux qui savent choisir le moment et qui se l’ont respecter pendant toute leur vie ; puis il y a les discours que le sage appelle charmants et il donne le nom de chanteurs aux hommes pleins d’intelligence qui les récitent dans leur mètre, que l’histoire qu’ils content soit neuve ou vieille.
Enfin il y a les discours chaleureux de l’homme éloquent qui parle avec une langue douce et dans des sons suaves et qui atteint avec certi-
tude son but quand il a fait son tissu de paroles hanmnieuaer. »
L Le Mobed dit :
Malgré tout ce que tu as appris, malgré tout le savoir dont brille ton esprit, tu fais encore des questions à des gens de peu de valeur ; quand crois-tu avoir atteint la limite des connaissauces ? »
Il répondit :
Tout ce que j’ai appris ne m’a servi qu’à payer me dette à mon âme et à mon intelligence.
Fais attention au savoir et il te garan-" tira contre les fautes, car il est plus précieux que la couronne et le trône. »
Le Mobed dit :
Je n’ai jamais vu quelqu’un se vanter et se glorifier d’avoir tout appris, ni dire qu’il est arrivé au point où il n’a plus besoin d’écouter ceux qui savent. »
Il répondit :
Qui est jamais rassasié de trésors jusqu’à ce que la terre le recouvre ?
Mais la porte du savoir est plus glorieuse que celle du trésor et plus chère au sage.
Il nerestera de nous d’autre souvenir que la parole :
ne compare donc pas les trésors au savoir. »
Le Mobed dit :
Un homme qui apprendet se souvient ce devient un vieillard savant. »
Il répondit :
Un vieil lard savant reste nécessairement jeune par sa science et tu le préféreras avec raison à un jeune homme frivole, dont les cendres n’ont de valeur que par le tombeau qui les recouvre. »
Le Mobed dit :
Tu as toujours devant les grands parlé de la fortune des anciens rois des rois, maintenant tu prononces leurs noms de plus en plus, mais tu le fais en poussant des soupirs. »
Il répondit :
Je n’aime pas vanter mon propre règne ; û faut gouverner ce monde avec le glaive de la justice et passer ainsi et disparaître. »
Le Mobed lui dit :
Autrefois tu adressais bien plus souvent de belles paroles aux hommes ; et maintenant tu les méprises ce et ne leur parles ni du présent ni des temps anciens. »
Il répondit :
J’ai assez parlé, c’est sur les actes que je m’appuie. »
Le Mobed dit :
Autrefois les prières devant le feu étaient moins longues ; aujourd’hui les adorations se multiplient, le bruit des invocatiens est incessant. »
Il répondit :
Dieu le tout-saint relève de la poussière ceux qui l’adorent ; il fait du ciel son serviteur et du monde son esclave et si je ne reconnaissais pas la valeur de la prière, je ne mériterais pas de trouver délivrance des peines et des dangers.
Le Mobed demanda :
Quelles nouvelles faveurs le ciel t’a-t-il accordées depuis que tu es roi ?
Lis-tu plus joyeux et le cœur de tes ennemis est-il plus anxieux ? »vIl répondit :
Je dois des actions de grâce au Créateur de ce que j’ai été fortuné ; personne n’a osé montrer de l’ambition en ma présence et ma voix a fait renoncer le : hommes au mal.
Mes ennemis ont faibli dans la lutte quand ils ont vu ma massue et ma manièred’attaquer. »
Le Mobed dit :
Dans la guerre d’Orient, tu as été impétueux et vaillant, mais lorsque tu as guerroyé dans l’Occident, tu as été patient et lent. »
Il
M1 répondit :
Dans la jeunesse, on ne réfléchit. pas aux douleurs et aux peines des âmes ; mais quand on a atteint la soixantaine, il faut être conciliant.
Grâces soient rendues au Maître et nourricier du monde, de qui viennent les jours bons et mauvais, que j’aie été vaillant dans ma jeunesse et aie passé avec indifférence par la bonne et la mauvaise fortune.
Maintenant est venu le temps de la vieillesse, avec le savoir, la prudence, la richesse et la libéralité.
Le monde obéit à ma volonté et à ma sagesse ; le ciel qui marche est ma cuirasse de combat. »
Le Mobed dit :
Les anciens rois avaient besoin de longs discours en toute occasion ; vous parlez moins et avez, plus de secrets ; vous êtes bien au-dessus des hommes illustres d’autrefois. »
Il répondit :
Un roi élevé dans la vraie foi ne travaille et ne se chagrine pas tant ; il sait que celui qui a créé le monde en a soin. »
Le Mobed dit :
Je vois dans notre temps que des rois qui devraient avoir le cœur en joie sont pleins de soucis. »
Il répondit :
Un homme de sens ne laisse pas envahir son âme par la poussière de llinquiétude. »
Le Mobed dit :
Les anciens rois ne se laissaient pas déranger dans leurs fêtes par les soucis des combats futurs»
Il répondit :
En buvant, ils ne pensaient pas à la gloire ; moi je n’ai jamais sacrifié la gloireà la coupe, j’ai toujours été au-devant du sort. »
Le Mobed dit :
Les rois ont toujours eu ’soin de leur corps à l’aide de remèdes et de médecines et de l’art des médecins, pour n’avoir pas à souiller leur visage de larmes. »
Il répondit :
Le sort qui résulte des mouvements du ciel maintient l’homme ; il n’a pas besoin de remèdes, la rotation du sort le préserve et quand le temps du départ est arrivé, l’abstinence n’en fait pas retarder le moment. »
Le Mobed dit :
Nous te louons sans cesse, nous bénissons le Créateur à cause de toi et pourtant tu n’en es jamais heureux et ton esprit est toujours plein de soucis. »
Il répondit :
Je n’ai pas de soucis, car le cœur du roi et le ciel qui tourne sont un, mais je crains que ceux qui me louent ne me bénissent’que par peur.
Il ne faut louer que selon la vérité ; mais je ne veux pas approfondir le secret des âmes de mes sujets. »
Le Mobed demanda :
Quel est le plaisir d’avoir des enfants et quelle est la cause du désir d’avoir une famille ? »
Il répondit :
Quand on laisse le monde à son enfant on n’est pas oublié ; quand on a des enfants, la vie a de la saveur et cette saveur nous préserve du vice ; on éprouve moins de peine à mourir quand un fils regarde votre visage qui pâlit. »
’ Le Mobed demanda :
Pour qui est, la vie douce et qui est-ce qui se repent de ses bonnes actions ? »
Il répondit :
L’homme pieux n’essaye pas de saisir les rênes du sort ; quand on ne cherche pas l’agran-’
dissemenl, on jouit de la tranquillité ; mais quand on peuseà monter plus haut, on doittrembler.
Quant à ce que tu dis sur les bonnes actions et sur le secret des cœurs et des âmes quand on veut faire le bien,sache qu’il n’y a pas d’homme qui se sente plus humilié que celui qui veut du bien à un ingrat !
Le Mobed dit :
Celui qui fait le mal meurt et le A monde raye son nom de la liste et celui qui fait le bien passe et le sort compte ses respirations.
Pourquoi donc célébrer la vertu, puisque la mort vient moissonner les bons et les méchants ? »
Il répondit :
Les bonnes actions trouvent toujours leur récompense.
L’homme qui meurt faisant le bien n’est pas mort, il se repose et remet son âme à Dieu : mais celui qui ne l’égale pas en vertu ne trouve pas de repos et laisse un mauvais renom dans le monde. »
Le Mobed dit :
Il n’y a pas de plus grand mal que la mort, et, s’il en est ainsi, comment s’en préserver ? »
Il répondit :
Quand tu quitteras cette terre sombre, tu trouveras un beau séjour, pendant qu’il faut pleurer sur une vie passée dans la crainte et le remordsaQue tu sois roi ou sujet, tu laisseras derrière toi les craintes et les peines du monde. »
Le Mobed demanda :
Lequel des deux est le pire, la crainte ou le remords : et lequel nous rend le plus malheureux ? »
Il répondit :
Sache que les remords qui se présentent en foule pèsent plus que toute autre chose comme une montagne.
Que craindre, si ce n’est. les remords ; il n’y a qu’eux de redoutables dans levmonde. »
Le Mobed demanda :
Comment leur échapper, car l’état de ce monde fait verser des larmes 1’»
Il. répondit Par la sagesse, car le sage est toujours calme. »
Le’Mobed dit :
Qui est le plus riche ? »
Il répondit :
Celui qui a le moins de peine. »
Le Mobed dit :
Quel est le vice le plus hideux, le plus déshonorant et qui écarte le plus du paradis ? »
Il dit :
Pour une femme, c’est d’être dépourvue de pudeur et d’une voix douce ; pour un homme, d’être ignorant, car l’ignorant passe sa vie comme dans une prison. »
Le Mobed demanda :
Quelest l’homme le plus à redouter ? »
Il répondit :
Celui qui a le moins de remords ; il se présentera devant Dieu, chargé de crimes et l’âme noire de ses méfaits. »
Il demanda :
Quel est l’honnête homme dont le cœur est garanti contre les fautes par sa raison et son esprit ? »
Il répondit :
Celui qui fait des efforts en toute circonstance et ne s’arme jamais pour le mal. »
Le Mobed demanda :
Quel est l’homme le meilleur et comme un diadème sur le front de l’humanité 2’»
Il répondit :
Un homme qui prend de la peine et n’a pas besoin de ruse, mais nonrpas celui qui tire profit du mal ou qui s’en sert pour acquérir du pouvoir ; ensuite un homme noble qui ne demande pas de récompense pour ses actes de noblesse, qui est généreux et délivre son .
cœur de toutes ses ténèbres ; enfin celui qui fait œuvre de Dieu selon l’impulsion de la raison et d’une âme pure. »
Le Mobed demanda :
Qu’est-ce qu’on craint le plus ? »
Il répondit :
Les peines qu’on s’attire soi-même. »
Le Mobed dit :
Quelle est la meilleure libéralité et celle qui rend le donateur puissant et grand ? »
Il répondit :
C’est de ne rien refuser aux hommes honorables. »
Le Mobed lui dit :
Révèle-moi tout ce qui se rapporte à l’action du monde.
Faut-il le respecter ou l’approuver quand même il donneànos affaires un tour malheureux ? »
Il répondit :
Ce vieux ciel sait tout, se rappelle tout, est puissant, en posses-
’ sien detout, sublime et maître des maîtres du monde ; mais ne le respecte pas et ne l’approuve pas ; ne crois pas que le bonheur et le malheur viennent du ciel.
Sache que le bien et le mal viennent de Lui, qui n’a pas de compagnon, dont l’action n’a ni commencement ni tin.
Quand il dit :
Soislla chose est créée ; il a toujours existé et existera en toute éternité. »
Le Mobed demanda :
Qui est-ce qui sent la douleur, le corps ou l’âme î car le corps n’est qu’une demeure passagère pour l’âme. »
Il répondit :
C’est cette poussière, le corps, qui la sent aussi longtemps qu’il y a de la cervelle.
Quand l’âme en disparaît, il devient insensible, car il lui faut cette âme, qui n’est que passagère. »
Le Mobed lit des questions sur la vertu et dit À qui peut-on 5 cacher son avidité et sa convoitise ? »
Il répondit :
Même l’homme de sens aura de la peine à réprimer son avidité et sa convoitise et ce vice te rendra toujours malheureux, car aucun trésor ne te satisfera jamais. »
Le Mobed demanda :
Ô roi de la terre !
Qui, parmi les rois anciens, a montré le plus d’intelligence, de prudence, de dignité et de piété et qui connais-tu pour tel que nous devions le célébrer après sa mort ? »
Il répondit :
Célébrez le roi qui est pieux et par, qui est reconnaissant envers le Seigneur, distributeur de la justice, qui n’impire à personne la crainte d’une oppression, qui remplit d’espoir le cœur des bons et de terreur et de peine l’âme des méchants, qui équipe l’armée avec son propre trésor, qui détourne sur ses ennemis le mal qui menaçait les siens, qui interroge les sages du monde enlier et tient secrets devant ses ennemis le bien et le mal qui se font. »
Le Mobed demanda :
Comment faut-il servir Dieu et qui est-ce qui fait le bien selon sa volonté ï ? »
Il répondit :
Une disposition ténébreuse conduit l’esprit sur une voie étroite comme un cheveu.
Mais quand un homme sait que Dieu existe et est unique, il se sent déjà guidé un peu ; c’est lui qu’il remercie du bonheur, en qui il se confie et qu’il craint.
C’est Dieu que tu crains quand tu fais ce qui nuit, c’est en lui que tu places ta confiance quand tu prospères.
Si tu as le cœur bon, si tu
cherches la vraie voie, tu seras toujours honore parmi les hommes ; mais si tu es malfaisant et mé-
-chant, tu envoies tout ton bagage dans l’enfer.
Ne sois pas confiant dans ce monde, car il te cache son secret ; attache-toi aux œuvres de la foi et ne leur préfère pas ta fortune actuelle.
Fais de la raison la maîtresse de ton cœur et tâche de n’être pas dupe du sort ; n’aide pas l’homme vicieux dans ses plans de querelles et de luttes ; n’oublie jamaisà cause de ce monde leisouci que doit te donner l’autre.
Demeure le compagnon des sages, pense aux joies éternelles, car nos plaisirs dans ce monde passeront et la sagesse ne les compte pas pour des joies ; attache-toi au savoir et à la raison, car c’est elle qui doit te guider vers Dieu.
N’exagère rien en paroles, car tu es une créature nouvelle et le monde est vieux ; ne te laisse pas enivrer parla rotation du sort, ne t’associe pas aux méchants ; détourne ton esprit de ce qui ne doit pas arriver, donne ce qui doit être donné.
Ne refuse à ton ami rien de ce que tu possèdes, quand même il te demanderait tes yeux, ta moelle et ta peau ; et si deux amis ont un compte à régler entre eux, il ne faut pas qu’il y ait un tiers.
Si tu es obligé de t’associer à un méchant, prends garde de lui donner prise sur toi.
Si l’on veut s’attacher à quelqu’un, il faut avoir du mérite, de la délicatesse et de la douceur.
Mais on ne doit pas se vanter au-delà de son mérite, car l’homme uste ne compte pas pour des mérites des prétentions mensongères ; il ne prend pas la richesse de qui que ce soit pour de la grandeur ; il ne méprise personne pour sa pauvreté.
Quand un homme qui pense mal des autres parle, ne te laisse pas entraîner par lui à agir avec précipitation ; quand un homme faible te fait part de ses opinions et que ses discours dépassent ta patience, réponds-lui avec mesure, en paroles douces et sans faire voir ta fatigue.
Si tu le laisses aller à favoriser ta famille, tu t’en repentiras à la fin.
Si tu es désœuvré, ne te livre pas aux, plaisirs ; car un désœuvré, même s’il est homme de sens, n’est qu’un homme perclus.
Il faut toujours travailler et écouter les paroles de la science.
Ne t’engage pas dans une affaire qui finira par amener le repentir et la colère.
Donne aux malheureux, car ton cœur ne doit pas jouir en présence des peines et des pertes d’autrui.
Un homme de sens et d’un caractère patient n’est jamais vil aux yeux du maître du monde ; il sait que son mérite est reconnu par lui et il applique toutes ses forces à sa besogne ; il sait que son protecteur approuve son agrandissement, qu’il contribue à le rendre puissant et heureux et que Dieu ne voit pas avec déplaisir que cet homme ace cumule des richesses ; aussi se voue-t-il au service de Dieu et de la justice et s’écarte des voies détournées et du mal. »
C’est là la raison, c’est là la voie ; attache-toi à Dieu et il sera ton asile.
Si tu es juste, ô roi, tu laisseras un souvenir dans le monde, comme le roi Nouschirwan en a laissé un ; il est devenu de la poussière, mais sa gloire est restée jeune et ses bonnes actions feront, sans aucun doute, que son nom restera en tout temps vivant dans le monde et que tous les. hommes intelligents béniront son âme aussi longtemps que subsisteront le ciel et la terre.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021