Nersi fils de Bahram Bahramian

Commencement du récit

...

Lorsque Nersi se fut assis sur le trône d’ivoire et qu’il eut placé sur sa tête la glorieuse couronne, tous les grands s’approchèrent avec des offrandes ; ils approchèrent portant le deuil de son père.

Le roi prononça des bénédictions sur eux, disant :

Ô mes amis, doués de justice et de foi !

Sachez que le Créateur a ainsi ordonné les choses ; il m’a accordé, parmi les biens de ce monde, de l’intelligence, de la honte à faire le mal, de la bravoure, de la prudence et une voix douce ; et si mon étoile me préserve du malheur, je vous rendrai heureux.

L’homme intelligent est un ami pour toi, sache donc que tu dois le traiter comme s’il était dans la même peau que toi.

Apprends des hommes puissants à bien faire, apprends la sagesse auprès des sages.

La bravoure naît de l’intelligence et l’homme vaillant est digne de louanges ; mais quiconque s’enfuit de la bataille se dépouille du renom et de la gloire du combat.

La lâcheté rend l’homme lourd d’esprit, et la lourdeur de l’intelligence et le manque de cœur vont ensemble.

Il vécut ainsi neuf ans, gouvernant sagement et prudemment et se rendant utile au monde par ses paroles ; mais à la fin ses jours baissèrent, sa fortune s’assombrit, le casque d’acier sur sa tête devint comme de la cire ; Ormuzd accourut au chevet du roi, brillant comme une tulipe parmi la verdure ; il était le fils du roi illustre et resplendissait comme la lune dans la nuit noire.

Nersi lui dit :

Ô mon fils, qui n’as éprouvé que les faveurs de la vie !

Ne fais pas de mal, autant que cela est possible.

Tu es l’âme de Nersi et la fortune des Bahrams te suit ; tu es digne de la couronne et un ornement pour le trône.

À Dieu ne plaise que malgré cette haute stature, cette majesté de mine et de membres, malgré ton savoir sans égal, tu donnes lieu au trône de pleurer sur toi et au cœur du peuple de se consumer de douleur !

Gouverne le monde selon les coutumes de la royauté, telles que tu les as apprises de ton vertueux père.

Puissent ton esprit et ton cœur être heureux !

Puissent ton pouvoir et ton trésor prospérer !

Mais à la fin ton jour passera aussi et le ciel qui tourne te foulera aux pieds.

Marche de manière que tu puisses répondre quand Dieu t’interrogera, et que tes réponses t’assurent un sort heureux.

Après ces paroles, il se couvrit le visage, tira de sa poitrine un soupir et on aurait dit que Nersi n’avait jamais vécu, jamais possédé une couronne, un diadème et un trône.

Il en est ainsi, mais c’est un secret caché à tous les yeux que l’on n’a à attendre du monde que du chagrin et des infortunes !

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021