Ormuzd fils de Nersi

Commencement du récit

...

Lorsque Ormuzd le Puissant fut assis sur le trône, la griffe du loup s’abstint de sa proie ; il répandit sur le monde la sécurité et les œuvres d’Ahriman disparurent.

Il commença par rendre hommage au Créateur, le tout-puissant, l’omniscient, le père nourricier de tout être, qui a créé le jour et la nuit et le ciel qui tourne, qui a créé Saturne, Mars et le soleil ; c’est lui qui donne la victoire et la majesté, le cœur qui aime la justice et le diadème du roi des rois.

Puisse notre âme être toujours pleine de justice et le cœur de nos sujets plein de bonheur !

L’homme vil ne sera jamais l’objet de louanges, éloigne-toi de lui autant que tu peux ; ne prends pas conseil de l’homme malveillant ; et si tu demandes un conseil, adresse-toi à un homme vertueux.

Si tu fais des largesses pour recueillir de la reconnaissance, aucun homme pieux ne t’appellera généreux ; et celui qui te loue sans avoir de la reconnaissance pour toi doit à son tour être compté pour rien.

L’homme dur doit trembler, car il n’a pas d’ami ; et celui qui agit mollement, un homme de sens ne le prendra pas pour guide ; et si tu charges de tes affaires un homme sans intelligence, tu ne pourras pas prétendre à la possession du monde et à la connaissance des hommes.

Garde-toi de te croire un grand homme et ne deviens pas orgueilleux quand tu as acquis un trône.

Quand un homme de nature méchante devient pauvre et méprisé, il ne voit là que l’effet du mauvais sort ; il passe ses années dans la paresse et se plaignant de la fortune, sans pouvoir prendre conseil, sans sagesse et sans les vertus qui ornent un trône ; quand il a perdu ses richesses, il n’a plus ni âme, ni tête, ni cœur, il n’est propre qu’à être nul et méchant ; il n’a pas de sens et porte haut sa tête ; il est nul, sans sagesse, sans bon sens, sans valeur, sans foi et n’est pas content de ce que lui accorde le dispensateur de la justice.

Puissiez-vous être heureux jour et nuit !

Puissent l’âme et le corps de vos ennemis périr !

Les grands lui rendirent hommage, ses paroles leur firent porter haut la tête.

Lorsque le ciel eut tourné au-dessus de lui pendant neuf ans, son visage, qui ressemblait à la fleur du grenadier, devint comme une fleur jaune ; sa tête couronnée sentit les angoisses de la mort et il mourut sans qu’il y eût un fils à son chevet.

Ce roi illustre, aux paroles douces, mourut et passa de ce vieux monde en poussant un soupir et l’on porta son deuil pendant quarante jours, en laissant son trône abandonné.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021