Lorsque Zal eut prononcé ces paroles, le roi en fut ravi dans son cœur.
Toute l’assemblée fut surprise et contente et le roi des rois applaudit Zal.
Il fit orner une salle de banquet brillante comme une nuit de pleine lune.
Ils burent du vin, jusqu’à ce que le monde devînt obscur et que les têtes des buveurs se troublèrent.
On entendit alors à la cour du roi les voix de tous les courtisans ; puis ils se serrèrent la main et partirent ivres de vin et de joie.
Lorsque le soleil darda ses rayons sur les montagnes, les grands se réveillèrent de leur sommeil et Zal se présenta, les reins ceints et semblable à un lion courageux, devant le roi des rois, demandant la permission de quitter la cour et d’aller revoir Sam, son père illustre.
Il dit au roi du monde :
Ô mon gracieux maître !
Il me tarde de revoir le visage de Sam maintenant que j’ai baisé la base de ce trône d’ivoire et que mon cœur s’est réjoui de cette splendeur et de cette couronne.
Le roi lui répondit :
Ô jeune héros !
Il faut que tu me donnes encore le jour d’aujourd’hui.
C’est la fille de Mihrab que tu désires revoir ; comment serais-tu si impatient de voir Sam fils de Neriman ?
Il ordonna qu’on fît venir sur la grande place des cymbales, des clochettes indiennes et des trompettes ; et tous les braves vinrent joyeusement avec des javelots et des massues, avec des flèches et des arcs.
Ils prirent leurs arcs et leurs flèches de bois de peuplier, fixèrent un but, comme dans un jour de combat et chacun se dirigea vers son but avec la massue ou l’épée, avec la flèche ou la lance.
Le roi du monde observa du haut du palais ouvertement et à la dérobée l’adresse des braves et vit de la part de Destan, fils de Sam, des prouesses telles qu’il n’avait jamais vu ni entendu raconter de pareilles choses.
Au milieu de la place royale se trouvait un vieil arbre, sur lequel beaucoup d’années et de mois avaient passé.
Le fils de Sam frotta son arc, lança son cheval, proclama son nom et il frappa au milieu l’arbre élancé et le traversa de sa flèche royale.
Puis les guerriers armés de javelots prirent des boucliers et frappèrent dessus mutuellement avec des dards pesants.
Zal demanda un bouclier à un esclave turc ; il poussa son cheval et leva son bras ; il jeta son arc, saisit un javelot et commença une chasse de nouvelle espèce ; il lança des dards contre trois boucliers, les traversa et les jeta de côté, brisés.
Le roi dit à ses braves :
Qui d’entre les grands veut combattre Zal ?
Combattez-le une fois corps à corps, car il vous a vaincus avec la flèche et le javelot.
Tous les braves préparèrent leur armure, le cœur plein de jalousie, les lèvres pleines de sourire.
Ils partirent pour le combat en secouant les rênes de leurs chevaux et tenant en main des lances à la pointe d’acier.
Zal lança son cheval et souleva la poussière et lorsqu’il fut sur le point de se rencontrer avec eux, il chercha des yeux lequel d’entre eux était un guerrier de renom, un cavalier maniant bien les rênes et tenant haut la tête ; ce fut sur celui-là qu’il s’élança tout à coup et le brave s’enfuit devant lui.
Zal sortit de la poussière comme un léopard, saisit son ennemi par la ceinture et l’enleva de la selle si lestement, que le roi et son armée en restèrent étonnés.
Tous les braves proclamèrent d’une voix, que jamais on ne verrait l’égal de Zal et Minoutchehr lui dit :
Ô jeune homme plein de cœur, puisses-tu rester heureux pendant toute ta vie !
La mère de quiconque voudra te combattre, devra teindre sa robe en couleur de deuil.
Jamais lionne n’enfantera un héros tel que toi.
Que dis-je ?
Il faut te compter parmi les crocodiles.
Heureux Sam le preux, de laisser dans le monde comme souvenir un fils si brave et si bon cavalier !
Le puissant roi et tous les Pehlewans et les vaillants guerriers le bénirent.
Les grands entrèrent dans le palais du roi, les reins ceints et le casque en tête et le roi du monde choisit pour Zal un présent dont tous les grands s’émerveillèrent, une couronne précieuse et un trône d’or, des bracelets, des colliers et des ceintures d’or, puis des coupes magnifiques, des esclaves, des chevaux et des choses précieuses de toute espèce.
Il donna tout cela à Zal le Sipehbed et le fils de Sam baisa la terre devant lui.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021