Minoutchehr

Minoutchehr apprend l'histoire de Sam et de Zal-zer

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Minoutchehr reçut du Zaboulistan la nouvelle que Sam était revenu de la montagne en grande pompe.

Il s’en réjouit et en adressa des actions de grâces au Créateur du monde.

Il avait deux fils excellents, braves, prudents, pleins de dignité et de foi ; l’un s’appelait Newder, l’autre Zarasp ; ils ressemblaient dans la lice à l’ange du feu.

Il ordonna à Newder le renommé d’aller en toute hâte auprès de Sam le guerrier, de voir Destan, fils de Sam, qui avait été élevé dans un nid, de lui porter les félicitations du roi sur le bonheur qui lui était arrivé et de lui ordonner de se rendre auprès du roi, pour lui raconter ces événements heureux, ajoutant que Sam et Zal s’en retourneraient ensuite dans le Zaboulistan, pour y servir le roi loyalement.

Lorsque Newder fut arrivé auprès de Sam, fils de Neriman, il y vit un nouveau Pehlewan plein de jeunesse ; Sam le brave descendit de cheval et ils s’embrassèrent.

Sam demanda des nouvelles du roi et des grands et Newder lui répéta ce qu’ils l’avaient chargé de dire.

Sam le vaillant écouta le message du puissant roi et baisa la terre.

Il se mit en route en toute hâte vers la cour, comme le prince lui avait ordonné ; il fit monter Zal-zer sur un éléphant mâle et l’emmena avec lui à la cour.

Lorsqu’il fut près de la ville du roi, Minoutchehr alla au-devant de lui avec un grand cortège et Sam, en voyant l’étendard du roi, descendit de cheval et s’avança à pied ; il baisa la terre et souhaita au roi un bonheur et un contentement sans fin.

Minoutchehr ordonna à ce serviteur de Dieu au cœur pur de remonter à cheval et tous, roi et princes, se dirigèrent vers le trône et le palais.

Minoutchehr monta joyeusement sur son trône et mit sur sa tête la couronne des Keïanides, ayant d’un côté Karen et de l’autre Sam et ils s’assirent dans la joie et dans l’allégresse ; puis le maître des cérémonies amena solennellement devant le roi Zal vêtu avec magnificence, tenant une massue d’or et couvert d’un casque d’or.

Le roi fut étonné à son aspect, car on eût dit que Zal donnait du repos et de l’amour aux âmes par sa haute stature et son beau visage.

Puis le roi dit à Sam :

Prends soin de lui par égard pour moi ; ne l’afflige pas par un regard de colère ; ne cherche ton bonheur qu’en lui ; car il a la majesté d’un roi, les bras d’un lion, le cœur d’un sage et la prudence d’un vieillard ; enseigne-lui l’art et les armes de la guerre et les plaisirs et les coutumes du banquet, car il n’a vu que l’oiseau du rocher et son nid : comment pourrait-il connaître toutes nos coutumes ?

Ensuite Sam raconta tout ce qui regardait le Simurgh et son haut rocher, et pourquoi son fils illustre n’avait pas trouvé grâce devant lui et comment Zal avait été couché, nourri et caché dans le nid.

Il dévoila le secret de l’exposition de l’enfant et comment le ciel avait passé sur sa tête.

À la fin le monde se remplit pendant plusieurs années de récits concernant le Simurgh et Zal.

J’allai par l’ordre de Dieu sur le mont Alborz dans ces lieux escarpés ; je vis un rocher dont la cime s’élevait au-dessus des nuages ; il semblait que c’était une coupole de pierre assise sur une mer.

Ce rocher était surmonté d’un nid semblable à un grand palais et de tous côtés le chemin en était fermé pour tout ce qui pouvait nuire.

Dans ce nid étaient les petits du Simurgh et Zal ; ou aurait dit qu’ils étaient de la même espèce.

L’haleine de Zal avait pour moi un parfum d’amour et son souvenir portait la félicité dans mon cœur.

Mais il n’y avait, d’aucun côté, de chemin pour monter au nid et je faisais sans cesse le tour du rocher.

Le désir de ravoir mon enfant perdu s’accrut en moi !

Mon âme se consumait dans sa douleur ; je m’adressai en secret au saint maître du monde, disant :

Ô toi, qui secours toute créature et qui te suffis à toi-même, ton pouvoir s’étend partout et le ciel ne tourne que par tes ordres ; je suis ton esclave ; mon cœur est plein de fautes devant le maître du soleil et de la lune ; je n’ai d’espoir qu’en ton indulgence ; je ne peux être secouru que par toi.

Amène-moi cet enfant, ton esclave, qui a été élevé par un oiseau, qui a grandi dans la misère et dans la détresse ; au lieu d’une robe de soie, il a une peau pour se couvrir : il suce de la viande, au lieu d’un sein plein de lait ; amène-le-moi, ouvre-moi un chemin vers lui et abrège toutes ces douleurs.

Ne brûle pas mon âme à cause de mon manque d’amour pour mon fils, rends-le-moi et fais renaître la joie dans mon cœur.

À peine avais-je prononcé ces mots que, par l’ordre de Dieu, ma prière fut exaucée.

Le Simurgh battit des ailes et s’éleva dans les nuages, tournant au-dessus de ma tête coupable.

Il descendit du rocher comme un nuage du printemps, en tenant embrassé le corps de Zal.

Il remplit le monde d’une odeur de musc ; mes deux yeux et mes deux lèvres se desséchèrent et mon esprit ne pouvait trouver son assiette dans ma tête, tant j’avais peur du Simurgh et envie d’avoir mon enfant.

Le Simurgh l’apporta devant moi comme une nourrice pleine de tendresse.

Ma langue se répandit en louanges sur le Simurgh et versa sur lui des actions de grâces.

Ô merveille ! Mon enfant resta avec moi et le Simurgh retourna sur le rocher.

Il ne faut jamais s’écarter des ordres de Dieu.

J’ai amené Zal auprès du roi de la terre ; j’ai raconté tout mon secret.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021