Minoutchehr

Commencement du récit

...

Tous ayant passé une semaine dans le deuil et dans les lamentations, le roi Minoutchehr parut le huitième jour et plaça sur sa tête la couronne des Keïanides.

Il ferma la porte de la magie par ses incantations ; deux fois soixante ans passèrent sur lui.

Tous les Pehlewans de toutes les parties de la terre vinrent lui rendre hommage ; et lorsqu’il mit sur sa tête le diadème de la royauté, il annonça au monde entier sa justice, sa piété, son humanité, sa bonté, sa pureté et son savoir.

Il dit :

Je suis assis sur le trône du ciel qui tourne ; la colère et le combat, la justice et l’amour sont à moi.

La terre est mon esclave, la voûte du ciel est mon aide, les têtes couronnées sont ma proie.

J’ai la vraie croyance, la grâce de Dieu m’environne ; c’est à moi de faire prospérer ce qui est bon, j’ai le pouvoir de faire le mal.

C’est moi qui cherche la vengeance dans la nuit sombre ; je suis comme le feu Berzin le dévorant.

Je suis le maître du glaive et du soulier d’or, je porte haut, l’étendard de Kaweh, je perce de ma lumière les brouillards, je lève l’épée, je n’épargne pas la vie dans le combat.

Au temps des fêtes mes deux mains sont comme la mer ; et quand je monte à cheval, s’élève le souffle du feu.

J’empêcherai les méchants de faire le mal ; dans ma vengeance, je teindrai la terre en couleur de brocart, je pèse dans ma main la massue, je montre ma couronne, et, assis sur mon trône d’ivoire, j’illumine mes royaumes.

Mais avec tout ce pouvoir, je suis un esclave, je suis le serviteur du Créateur.

Frappons tous, en pleurant, nos visages de nos mains et que tous nos discours aient Dieu pour sujet.

C’est lui qui m’a donné la couronne, le trône et l’armée ; c’est lui qui m’accorde sa grâce et qui est mon asile.

Je suivrai la voie de Feridoun l’illustre, car mon grand-père était vieux et je suis jeune.

Quiconque dans les sept zones de la terre se détournera du vrai chemin et reniera la foi ; quiconque traitera mal un pauvre ou fera souffrir un des siens, ou lèvera la tête avec arrogance à cause de ses trésors, ou affligera un malheureux, je les tiendrai tous pour des infidèles, pour plus mauvais qu’Ahriman le méchant.

Quiconque professe la foi et ne la suit pas, sera maudit par Dieu et par moi, puis je porterai la main à l’épée, je dévasterai tous les pays dans ma colère.

Tous les grands de la terre chantèrent les louanges de Minoutchehr, disant :

Ô toi, qui veux le bien !

Ton glorieux grand-père t’a transmis les règles du trône et de la couronne.

Puissent le trône des rois illustres et la couronne et la gloire des Mobeds te rester pour toujours !

Tous nos cœurs sont soumis à tes ordres et nos âmes sont liées envers toi par le serment de la fidélité.

Sam, le Pehlewan du monde, se leva et dit au roi :

Ô dispensateur de la justice impartiale !

Les rois m’ont chargé d’avoir les yeux sur toi ; mais c’est toi qui fais ce qui est juste et c’est à moi d’y applaudir.

La royauté de l’Iran est venue jusqu’à toi de père en fils, tu es l’élu des braves et des lions.

Que Dieu veuille prendre sous sa garde ton corps et ton âme, que ton cœur soit joyeux, que la fortune veille sur toi !

Il y a longtemps que tu es l’objet de mes soins ; et assis sur le trône des rois, tu es mon idole.

Dans les combats, tu es semblable à un lion, dans les fêtes, tu es un soleil brillant.

Que la terre et le temps soient la poussière de tes pieds, que le trône de turquoises soit ta place !

Puisque tu as purifié le monde avec ton épée indienne, assieds-toi en paix et cherche le plaisir.

Dorénavant à nous sans cesse la guerre ; à toi le trône et la joie et les fêtes.

Mes pères étaient des Pehlewans ; ils étaient l’asile des grands et des rois.

Depuis Guerschasp jusqu’à Neriman l’illustre, ils ont commandé les armées et frappé de leurs épées.

Je ferai le tour du monde, je partirai seul et j’amènerai enchaînés quelques-uns de tes ennemis.

C’est ton père qui m’a donné le rang de Pehlewan ; c’est ton amour et ton conseil qui ont donné de l’intelligence à mon esprit.

Minoutchehr le bénit et le combla de présents dignes d’un roi ; alors Sam s’éloigna du trône suivi des grands, il partit pour le lieu de sa résidence et tint le monde dans le devoir et dans la vraie voie.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021