Le quatrième jour, quand vint le moment d’agir, le vaillant Pescheng se présenta devant son père et lui dit :
Ô maître du monde, qui portes haut ta tête parmi les grands et les petits, il n’y a pas sous le ce ciel un roi glorieux comme toi et le soleil et la lune w ne sont pas tes ennemis !
Une montagne de fer l’ondzait en entendant le nom d’Afrasiab ; la terre ne résisterait pas à ton armée, ni le soleil brillant à ton casque ; aucun roi n’oserait s’opposer à toi, si ce n’est Khosrou ton parent, cet homme de mauvaise race, qui n’a pas de père.
Tu avais traité Siawusch comme un fils, tu lui avais prodigué les soins et les tendresses d’un père, tu n’aurais pas permis qu’un vent nuisible, venu du ciel, eût souillé sur lui ; mais tu l’as pris en dégoût lorsque tu t’es as. suré qu’il voulait te ravir la couronne, le trône et l’armée ; et si le roi maître du monde ne l’avait pas mis à mort, il se serait emparé du sceau et du diadème. ’
Maintenant voici cet homme qui vient le combattre, mais qui ne restera pas longtemps sur la terre ; car quiconque oublie les bienfaits aura le sort de Siawusch.
Tu as élevé cet infâme, ce pervers Khosrou, comme un tendre père, tu n’as pas permis que son pied touchât la terre ; tu l’as gardé jusqu’à ce qu’il fût devenu grand et que, grâce à tes soins, il fût propre à porter une couronne d’or ; alors il s’est enfui du Touran dans l’Iran comme un oiseau ; on aurait dit qu’il n’avait jamais vu son grand-père.
Rappelle-toi ce que Piran a fait par charité pour cet homme déloyal et indigne, qui a oublié toute la tendresse de Piran, a rempli son cœur de haine et sa tête d’agitation, et, dans son ingratitude, a tué ce généreux Pehlewan lorsqu’il est tombé entre ses mains.
Maintenant il vient de l’Iran avec ses griffes aigûes, à la tête d’une armée, pour combattre son grand-père ; il ne se contente ni d’or, ni de diadème, ni de chevaux, ni d’épées, ni de trésors, ni d’un trône, il demande le sang de ses parents ; ce sont les seules paroles qu’on entend de sa bouche.
Mon père, tu es roi, tu es un homme savant et vertueux, tu rendras témoignage à la vérité de mes paroles.
Les Iraniens ne valent pas tant de discours ; ne brise donc pas ainsi le cœur de ton armée ; qu’a-t-elle besoin d’astrologues ?
C’est avec l’épée que les braves accomplissent des hauts faits.
Les cavaliers qui sont avec moi à l’aile droite sont tous, corps et âme, pour le combat et si le roi me le permet, je ne laisserai pas un Iranien en vie ; je clouerai leurs casques sur leurs têtes avec des flèches, sans m’inquiéter de leurs fossés ni de leurs Afrasiagb écoutlaecesspa.rolens et rjépondit : Ne te hâte pas, n’agis pas dans la colère.
Tout ce que tu dis est vrai et vilvne faut tenir en honneur que la vérité ; mais tu sais que le vaillant Piran n’a foulé sur la terre que la route du bien ; son cœur ne connaissait pas l’injustice et le mensonge ; il ne cherchait que ce qui était bon et vrai ; il était fort comme un éléphant au jour du combat ; son cœur était comme la mer et sa joue comme le soleil brillant.
Lui et son frère Houman, qui était un léopard dans la bataille, le vaillant Lehhak et Ferschidwerd et cent milles Turcs, cavaliers avides de vengeance, tous désireux de gloire et propres au combat, partirent d’ici pleins d’une ardeur bouillante ; mais moi j’étais en secret plein de soucis et de sou-’pirs.
C’est ainsi qu’il fut tué sur le champ de la vengeance et que sous lui la terre devint une boue sanglante.
Tout le pays de Touran en a le cœur brisé et les âmes se déchirent dans cette grande douleur ; tous ne rêvent que le Piran mort, personne n’invoque plus le nom d’Afrasiab.
Attendons que mes héros, mes grands, les cavaliers de mon armée se soient accoutumés à voir les Iraniens, que le deuil, la douleur et le souci aient disparu de leurs cœurs et que les Iraniens aussi aient vu une si grande armée avec ses trésors, ses trônes et ses diadèmes.
Ce serait un funeste projet que de vouloir livrer un combat général, nous serions battus et il ne nous resterait en main que du vent.
Faisons avancer des champions isolés et nous inonderons la plaine du sang des Iraniens. »
Peschcng lui répondit :
Ô roi !
Si c’est ainsi que tu veux livrer combat, alors c’est moi qui serai le premier champion de l’armée ; car je sais lancer mon cheval, je suis un éléphant au corps d’airain, je ne connais personne qui osât, au jour du combat, soulever une poussière que le vent ferait voler jusque sur mon cheval.
Je brûle de combattre Keï Khosrou, car c’est le jeune roi du monde et s’il accepte le défi, comme je n’en doute pas, il ne sortira pas vivant de mes mains ; alors le cœur et le dos de cette armée seront brisés et elle sera réduite à a l’impuissance ; et si un autre champion vient les secourir, j’abaisserai sur-le-champ sa tête dans la poussière. »
Afrasiab répondit :
Ô jeune homme sans expérience !
C’est moi que le roi des rois voudra combattre et s’il le fait, j’accepterai la lutte et je foulerai sous mes pieds son corps et sa gloire ; s’il se présente sur le champ de bataille en face de moi, toute l’armée pourra se reposer de ses combats. »
Schideh lui dit :
Ô homme plein d’expérience !
Si Khosrou vient t’attaquer, songe que cinq fils se tiennent devant toi et que nous ne resterons pas spectateurs oisifs, quand même tu voudrais accepter le combat ; car ni l’armée ni ; les adorateurs de Dieu n’approuveraient que tu te misses en avant pour te mesurer avec lui. »
Dernière mise à jour : 19 déc. 2021