Le roi dit à Puckeng :
Ô mon fils qui portes haut la tête, puisse la mauvaise fortune être loin de toi !
Tu attaqueras Khosrou dans la bataille, ne t’afllige donc pas.
Sors d’ici, rends-toi au milieu de l’armée, choisis un homme sage et pars.
Que Dieu le Créateur te protège et que la tête de tes ennemis soit abaissée !
Porte à Keï Khosrou mon message et dis-lui :
Ce que tu fais est contre la coutume et la loi du monde et la tête d’un petit-fils qui combat son grand-père doit être pleine de méchanceté et de désordre.
La volonté du,Créateur est-elle donc que le monde soit rempli de luttes et de haines ?
Siawusch n’a pas été tué sans l’avoir mérité, car il s’est détourné de ses maîtres.
Et si j’ai failli, qu’ont donc fait Piran, Rouïn, Lehhak et Ferschidwerd, pour qu’il ait fallu les lier sur leurs chevaux, inondés de sang et semblables à des éléphants ivres ?
Si tu dis que je suis un méchant homme, aux pensées perverses et né de la race d’Ahriman, fais attention que tu es issu de ma famille et que ton insulte retombe sur toi-même.
Laisse cette vengeance à Gouderz et à Kaous, qui se hâteront d’amener une armée contre moi.
Je ne parle pas ainsi parce que j’ai peur et que je suis devenu craintif en vieillissant.
Mes troupes sont nombreuses comme le sable de la mer ; ce sont des lions vaillants et des braves qui, sur mes ordres, ô mon fils, font trembler au jour du combat le mont Gangue comme les vagues de la mer.
Néanmoins a je crains Dieu, le sang versé et la mauvaise fortune qui fera tomber sur ce champ de bataille les têtes de tant de héros innocents.
Et si tu ne renonces pas à me combattre, ne crains-tu pas la honte qui pourrait rejaillir sur toi î ?
Si tu veux faire avec moi un traité sous serment et l’exécuter sérieusement, je l’aiderai à conserver tes trésors et ton armée.
Si tu veux oublier le sort de, Siawusch et traiter ton grand-père dans le Touran comme s’il était Siawusch, alors Djehn et, le vaillant Pescheng, qui fait trembler dans le combat le mont Gangue comme les vagues de la mer,-seront tes frères ; quant aux pays que tu réclames pour l’Iran, j’en ferai sortir les Turcs et tout ce que je possède des trésors de mes aïeux, en or, en couronnes et en trônes, en chevaux et en armes, tout ce qui me reste de l’héritage de mon grand-père Zadschem, les richesses des grands, leurs trônes et ; leurs diadèmes, enfin tout ce que tu peux désirer pour ton armée, je te l’enverrai.
Mon fils est un Pehlewan et son père est ton parent ; les deux armées se reposeront des fatigues et des combats et nos peines se changeront en fêtes.
Mais si Ahriman pousse ton âme à te revêtir de ton linceul, si tu ne veux que combattre et verser du sang, s’il n’y a pas de place dans ton cerveau pour mes conseils, alors avance-toi au-devant de ton armée pour essayer si tes vœux seront comblés dans cette lutte et tous deux nous nous mesurerons sur le champ de bataille pendant que ces grandes armées se reposeront.
Si je suis tué, le monde sera à toi, mes troupes seront tes esclaves, mon fils sera ton parent ; et si tu tombes de ma main, je ne ferai de mal à aucun des tiens ; ton armée sera sous ma protection, tous seront des grands auprès de inoi et seront mes amis.
Si tu ne veux pas me combattre, si tu n’oses pas t’opposer au crocodile plein d’expérience, voici Pesclieng qui se présente devant toi en armes ; n’hésite pas à accepter le combat qu’il t’offre.
Le père est vieux, mais son fils tiendra sa place ; il est jeune, prudent, fort et glorieux ; il t’attaquera sur le champ de bataille, il y apportera un cœur de lion et des gril’fes de léopard et nous verrons alors sur qui le ciel tournera favorablement, surla tête de qui il placera la’couronne de sa grâce.
Ou encore si tu ne veux pas de lui comme adversaire, si tu veux que le combat soit livré d’une autre manière, attends que mon armée se soit reposée cette nuit ; et demain, quand les montagnes se seront ceintes de leur diadème d’or, quand la nuit sombre aura retiré d’elles le pan de sa robe et caché sa tête sous son voile de feutre, nous choisirons dans nos rangs des braves portant haut la tête et armés de lourdes massues ; le sang teindra la terre comme du brocart, nous coucherons sur le sol nos ennemis.
Le second jour, àl’heure où chante le coq, nous placerons les timbales sur le dos des éléphants, nous amènerons les héros de nos armées pour nous seconder et nous ferons couler des ruisseaux de sang.
Le troisième jour nous mènerons au combat des armées semblables à des montagnes, nous livrerons une bataille générale et nous verrons lequel de nous le ciel sublime rejette et lequel il honore. »
R-Si mon ennemi refuse d’obéir au message que 1v.
Il tu portes, s’il recule et ne veut pas consentir à ce que je propose, alors provoque-le à un combat corps à corps, loin de l’armée. »
Pescheng choisit parmi les chyle : intelligents quatre hommes qui avaient souvent souffert la chaleur et le froid du monde, ensuite il rendit ses hommages au roi et sortit ; son père avait les yeux remplis de larmes et le cœur gonflé de sang.
Pescheng prit dans l’armée mille braves, hommes de sens, habiles au combat et partit.
Les vedettes iraniennes l’aperçurent de loin : elles virent l’étendard brillant de Tour et les Turcs qui formaient la tête du cortège. jeunes gens sans expérience, attaquèrent les vedettes sur la route et commencèrent à l’improviste, avant que Schideh fût arrivé, à verser du sang.
Quelques Iraniens étaient blessés et le combat était engagé. lorsque Schideh survint et aperçut le chef des Iraniens.
Son cœur se serra, il rappela ses braves du combat et dit aux Iraniens :
Envoyez un cavalier auprès du roi, selon les usages et les coutumes et faites-lui dire qu’il est arrivé un brave, du nom de Schideh, qui porte au roi un message d’Afrasiab, le maître de la Chine, le père de la mère du roi de l’Iran. »
Un cavalier quitta en toute hâte les avantpostes et courut auprès du roi de l’Iran, disant :
Un mes-. sager du roi de Touran, un héros plein de dignité, accompagné d’un drapeau noir, est arrivé et (léclare que son nom est Schideh : il demande la ) permission de s’acquitter de son message. »
Le cœur du roi fut ému de ces paroles, il versa des larmes brûlantes et dit :
Schideh est mon oncle maternel, il est mon égal en stature et en bracevoure»
Il regarda l’assemblée pour choisir un des grands et ne vit que Karen, de la race de Kaweh ; il lui dit :
Rends-toi auprès de Schideh avec empressement, porte-lui mes salutations et écoute son message. »
Karen sortit du camp, il vit le brillant drapeau noir, s’approcha de Schideh et le combla de salutations de la part du roi et des Iraniens.
Le jeune prince, à son tour, ouvrit sa bouche remplie de paroles douces, car il avait un esprit éveillé et une âme sereine.
Il répéta les paroles d’Afrasiab sur le repos et les fêtes, sur les combats et les dangers de la précipitation.
Karen écouta les paroles caressantes de cet illustre fils d’un père plein de sagacité, puis s’en retourna vers le roi de l’Iran et lui répéta le message, car c’étaient des paroles sensées.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021