Lorsque le soleil commença à montrer son casque brillant et que la face de la lune fut devenue semblable à un bouclier d’argent, la lune craignit d’entrer en lutte avec le soleil, elle se courba et voila sa face.
On entendit les tambours sous l’entrée de la tente de Thous, le sol disparut sous les sabots noirs des chevaux, la terre devint sombre, l’air se remplit de poussière et Rustem se revêtit de son armure de guerre.
Le fils de Keschwad se plaça à l’aile droite, couvert d’une cuirasse et armé d’une massue de fer ;
Feribourz prit le commandement de l’aile gauche et éleva en l’air un étendard portant une figure de loup ;
Thous le fils de Newder se tint à pied au centre et le monde était entièrement couvert de troupes.
Tehemten s’avança pour observer les héros de l’armée ennemie.
De son côté le Khakan se plaça au centre ;
Il était entouré d’éléphants qui formaient comme un mont Bisoutoun.
A l’aile droite se trouvait Kender le vainqueur des lions, le brave cavalier, armé de l’épée et de l’arc ;
Et à l’aile gauche Gahar le vieux guerrier, dont le cheval déchirait la terre avec ses sabots.
Piran sortit des rangs, s’approcha de Schenkoul avide de combats et lui dit :
Ô glorieux roi, à qui l’Inde et le Sind obéissent, tu m’avais dit que ce matin tu ferais avancer ton armée de tous côtés, que tu provoquerais Rustem, que tu jetterais dans la poussière sa tête qui s’élève jusqu’aux nues.
Schenkoul lui répondit :
Je ne désavoue pas mes paroles et tu ne me verras pas changer de résolution.
Je vais attaquer ce vainqueur des héros et le percer avec la pointe de ma flèche ;
Je le combattrai pour venger Kamous, je réduirai au désespoir les Iraniens.
Ensuite, il divisa l’armée en trois corps et fit battre les timbales ;
La poussière s’éleva de la plaine ;
Toute l’armée se mit en mouvement, accompagnée d’éléphants furieux et couvrant de ses rangs un espace de deux milles.
Les têtes des conducteurs des éléphants resplendissaient d’ornements ; ils étaient parés de diadèmes et de boucles d’oreilles, de colliers d’or et de ceintures d’or.
Les éléphants étaient couverts de housses de brocart de la Chine et portaient sur le dos des trônes d’or.
Les trompettes sonnèrent, les éléphants de guerre s’ébranlèrent ;
Trente mille cavaliers fiers et glorieux formèrent l’aile droite, trente mille autres saisirent leurs arcs et leurs boucliers chinois et formèrent l’aile gauche ;
Au centre se plaça le Khakan avec les éléphants, qui semblaient rouler devant eux la surface de la terre.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021