Le huitième jour le roi s’assit sur son trône, sans son collier, sa massue et son casque de Roum.
Comme le temps de son départ approchait, on ouvrit la porte d’un de ses trésors.
Aussitôt que la porte de ce noble trésor fut ouverte, le roi donna à Gouderz fils de Keschwad ses instructions, disant :
Observe ce qui se passe dans le monde, non seulement ce qui se passe au grand jour, mais ce qui se fait en secret.
Il y a un temps où il faut amasser péniblement des trésors et un temps où il faut les dépenser.
Aie soin des postes fortifiés et des ponts sur les frontières de l’Iran, qui sont en ruines et des réservoirs d’eau dans l’Iran, qui ont été détruits pendant les guerres d’Afrasiab ; recherche les enfants sans mère, les veuves sans abri, les vieillards qui sont dans le besoin et qui cachent leur misère ; ouvre pour eux la porte du trésor, sois généreux envers eux et crains la mauvaise fortune.
Ensuite prends un autre de mes trésors, celui qu’on appelle Badavver et qui est rempli de couronncs, de joyaux et de pierreries et emploie-le dans les villes dévastées, qui sont devenues des tanières de léopards et de lions ; dans les endroits où il y a des temples du feu déserts et sans prêtres et pour secourir les hommes infirmes qui ont dépensé leur fortune dans leurs jours de jeunesse ; enfin tu reconstruiras avec ce noble trésor les puits qui sont sans eau depuis un nombre d’années.
Traite l’argent comme une chose vile et pense à la mort. »
Ensuite, il prescrivit à Gouderz de prendre le trésor appelé ’Arous, que Kaous avait amassé dans la ville de Thous et de le donner à Zal, à Guiv et au maître de Raksch.
Il fit compter toutes les robes qu’il possédait, les regarda et en fit présent à Rustem, de même que des colliers et des chaînes que portent les héros, des cuirasses et de lourdes massues.
Tous les troupeaux de chevaux qu’il possédait et qui paissaient en liberté dans des lieux quelconques, il les donna au Sipehbed Thous.
Il fit présent à Gouderz de tous ses parcs, de ses jardins et de quelques palais qu’il nomma.
Toutes les armes dont il s’était servi, des armes précieuses dans lesquelles il avait souffert les fatigues de la guerre, on les remit au vaillant Guiv, lorsque Khosrou fut las du trône.
Il donna à Feribourz fils de Kaous le reste de ses palais, ses tentes grandes et petites et leurs enceintes, ses écuries et les bêtes qu’elles contenaient.
Ensuite, il prit une cuirasse, un casque, une couronne d’or, une chaîne plus brillante que Jupiter et deux anneaux de rubis étincelants sur lesquels était gravé le nom du roi de la terre et qui étaient connus du monde entier et les donna à Bijen, disant :
Prends-les comme un souvenir et ne sème jamais que la semence du bien. »
Enfin il dit aux Iraniens :
Mon temps arrive et mes vœux vont être exaucés.
Que chacun de vous me demande ce qu’il désire, car le moment est venu où cette cour va être dispersée. »
Tous les grands étaient tristes et en larmes ; ils se consumaient de douleur parce qu’ils allaient perdre le roi des rois et chacun se dit :
À qui Khosrou laissera-t-il l’héritage du trône ?
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021