Keï Khosrou

Keï Khosrou envoie à Kaous les captifs et les présents

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Le roi fut heureux de ces paroles et reçut gra-cieusement les grands, qu’il fit asseoir selon leur rang.

Il ouvrit la porte des trésors de son grand-père, et, sans parler de sa parenté et de ses devoirs de petit-fils, il fit charger de forts dromadaires d’or et de brocart brodé de perles et dix mille bœufs de haute stature d’armes de guerre ; enfin on chargea devant lui deux mille chameaux de trésors d’argent.

Ensuite le roi ordonna que toutes les parentes et toute la famille d’Afrasiab, que ce fussent des princesses ou des esclaves, fussent amenées la nuit dans des litières et portées du palais sur la place devant sa résidence ; enfin il fit venir cent princes et nobles, tous renommés pour leur bravoure, tous parents et alliés d’Afrasiab, qui avaient les. yeux remplis de larmes de pitié sur leur maître, comme Djehn et Guersiwez et qui étaient ses serviteurs depuis le berceau et mille prisonniers turcs et chinois, que Khosrou avait pris comme otages qui lui répondaient de leurs villes ; puis il choisit dix mille Iraniens, en donna le commandement à Guiv et lui dit :

Ô homme dont le pied laisse des traces fortunées, rends-toi avec ce corps d’armée auprès de Kaous. »

Il ordonna qu’on appelât un scribe, qui devait apporter du papier et de la soie de la Chine et lui fit écrire, sur les affaires d’Afrasiab, une lettre avec du noir de fumée, du musc et de l’eau de rose.

Quand le roseau da scribe fut mouillé avec du musc et du noir, le roi commença par les louanges du Créateur, qui

L2x’l conserve et qui détruit ; c’est lui qui a donné sa forme à l’univers ; il est le créateur de la fourmi et de l’éléphant et de tout, depuis le brin d’herbe sans valeur jusqu’aux flots du Nil ; devant sa puissance tout est également impuissant ; il est le maître de l’existence et le maître du néant ; la sphère céleste ne. tourne pas avec dureté au-dessus de ceux qu’il protège tendrement.

Puissent reposer sur le roi de la terre les bénédictions de celui qui créa la trame et la chaîne du tissu du repos !

Je suis arrivé à Gangue Diz, qu’Afrasiab a bâti pour lui servir de lieu de refuge et de repos et où se trouvaient son trône et sa couronne, sa puissance, son diadème, ses trésors et son armée.

Nous avons livré des combats incessants pendant quarante jours et le monde est devenu étroit pour notre ennemi ; à la fin il s’est dérobé à nos mains et tous ceux des siens qui sont parvenus à se sauver ont eu le cœur percé de douleur.

Guiv va raconter au roi, l’un après l’autre, tous les événements de cette lutte.

Quand tu ouvres tes lèvres en prière devant Dieu, prie tendrement pour moi, le jour et la nuit.

J’ai conduit l’armée dans le Madjin et la Chine et de là je la mènerai dans le pays de Mekran ; ensuite nous passerons le lac de Zereh, si Dieu le très-saint veut nous être secourable. »

Guiv quitta le roi des rois et se mitenmarche avec une armée nombreuse et de vaillants héros ; après

I avoir marché rapidement comme le vent et dévoré la route, il arriva près de la résidence du roi Kaous.

Lorsque celui-ci reçut des nouvelles de ce fils de l’ehlewan, dont les pieds laissaient des traces fortunées, il envoya au-devant de lui des troupes et les grands allèrent à sa rencontre.

Le vaillant Guiv parut. devant le roi avec une escorte de héros ; c’était comme un désert rempli de lions.

Lorsque l’œil du Sipehbed tomba sur le roi, il baisa la terre devant son trône ; Kaous le vit, se leva en souriant et lui passa ses mains sur les joues.

Il lui fit des questions sur le roi et l’armée, sur la façon dont le soleil tournait et la lune luisait sur eux.

Le vaillant Guiv lui raconta ce qu’il savait des héros et du puissant roi et le vieux lion se rajeunit sous ces paroles.

Ensuite Kaous remit la lettre de Khosrou à son scribe, qui la lut au roi de l’Iran et toute l’assemblée resta dans l’étonnement, tous furent contents et joyeux et des larmes de joie mouillèrent leurs joues.

Tous firent des aumônes aux pauvres et maudirent le mécréant Afrasiab.

Le roi Kaous descendit de son trône, ôta de sa tête la couronne des Keïanides, sortit, se roula sur la terre sombre et fit des prières devant Dieu le très-saint.

De là il revint dans son palais et ordonna une fête royale, dans la joie de son cœur.

Guiv raconta au roi tout ce qu’il avait vu et tout ce dont le roi de l’Iran l’avait chargé.

Kaous fit apporter du vin et appeler des musiciens ; il convoqua les chefs guerriers de l’Iran et passa la nuit à parler et à écouter les réponses.

Quand la nuit sombre commença à disparaître, ses convives le quittèrent précédés de flambeaux et rentrèrent dans leurs palais, le cœur en joie et en gaieté.

Lorsque le soleil montra du haut du ciel les pointes brillantes de ses rayons et que la nuit secoua les rênes rassemblées de ses chevaux, on entendit le tambour à la porte du palais et les grands se rendirent à la cour.

Le maître du monde fit appeler Guiv, le fit asseoir sur son illustre trône royal et lui ordonna de faire apporter les présents de Khosrou et de faire amener les nobles et vaillants chefs prisonniers, les femmes voilées et innocentes qui avaient saufi’ert de la tyrannie d’Afrasiab dans l’intérieur de son palais, enfin Djehn et Guersiwez aux intentions sinistres, lui qui avait renversé par terre Siawusch.

Quand il vit le méchant Guersiwez, il maudit cet homme qui méritait des malédictions et fit emmener de devant son trône Djehn chargé de fers ; ensuite il jeta les yeux sur les filles de l’illustre Afrasiab et ses cils se mouillèrent de larmes ; il leur accorda un asile dans l’appartement de ses femmes et leur donna un intendant et des serviteurs.

Quant aux prisonniers et aux otages, il fixa le sort de chacun à part : les uns furent confiés à des gardiens, les autres jetés dans les fers et on les emmena hors de la présence du puissant roi.

Ensuite, il distribua aux Iraniens des trésors de toute espèce, de l’or et des perles non percées, pour qu’ils invoquassent les grâces de Dieu sur le roi de la terre.

Il distribua aux grands les prisonniers de guerre, dont il n’envoya aucun dans son propre palais, de quelque qualité qu’ils fussent.

Ensuite, il fixa la demeure de Djehn, son entretien, ses serviteurs et son surveillant.

Il y avait un souterrain sombre dans le château, triste à voir et ressemblant à une tombe : fut le lieu qu’il assigna à Guersiwez.

Telle est la manière d’agir de la fortune instable.

Heureux celui qui est roi, s’il a la main généreuse et le cœur pur !

Il sait que ce monde passera et il évitera les hommes insensés ; mais si son intelligence est faible et si ses désirs sont vicieux, il ressemblera à ceux qu’un médecin appelle fous.

Quand le roi eut disposé de tout le monde, il renvoya du palais tous les étrangers ; un scribe prépara du papier, rendit la pointe de son roseau fine comme de l’acier et l’on écrivit des lettres dans chaque province, à tous les grands et à chaque prince, pour annoncer que le pays des Turcs et la Chine étaient entièrement soumis au roi et que le léopard et la brebis allaient ensemble à l’abreuvoir.

Kaous donna de l’or et de l’argent aux pauvres, qu’ils fussent étrangers ou ses propres sujets et la foule qui se pressait pour recevoir ses largesses était telle que pendant deux semaines on ne voyait pas le sol devant le Ô C !

Palais du roi.

La troisième semaine, il s’assit sur le trône du pouvoir, en paix et dans toute sa majesté ; les flûtes et les chansons résonnèrent ; les cœurs saluèrent les coupes de vin et pendant sept jours le vin rouge coulait à flots dans le palais du roi Kaous.

À la fin du mois il prépara des présents pour Guiv, parmi lesquels brillaient l’or et les turquoises ; c’étaient des plateaux d’or et des coupes de turquoise, des ceintures d’or et des brides d’or, des esclaves ornés de chaînes précieuses et de boucles d’oreilles, des bracelets et des couronnes incrustées de pierres fines, des robes, des trônes, des tapis de belles couleurs et parfumés et d’autres présents.

Ensuite, il fit appeler Guiv, le fit asseoir sur un trône d’or ; on’ apporta les présents devant lui et Guiv se prosterna devant le trône du roi.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021