Keï Khosrou

Combat de Bijen et de Firoud

...

Le jeune roi dit à Tokhareh :

Il vient encore un illustre cavalier ;

Regarde-le et dis-moi son nom ;

Dis-moi qui aura à pleurer sur la mort de ce brave.

L’éloquent Tokhareh répondit au prince :

C’est un homme qui n’a pas son pareil dans l’Iran ;

C’est le fils de Guiv, c’est un brave, victorieux dans les combats comme un lion.

Guiv n’a pas d’autre enfant et il lui est plus cher que sa chère vie.

Frappe son cheval, parce qu’il ne faut pas désoler le cœur du roi de l’Iran, ensuite parce que Bijen porte ce haubert que Guiv a agrafé au collier du casque de Siawusch et contre lequel tes flèches et tes javelots ne peuvent rien.

Il est possible qu’il continue la lutte à pied et alors tu ne pourras lui résister.

Regarde, il tient dans sa main une épée étincelante comme un diamant.

Le vaillant Firoud lança une flèche contre le cheval, qui tomba comme s’il n’avait jamais eu de vie ;

Bijen se dégagea et se dirigea vers Firoud l’épée à la main et en s’écriant :

Ô brave cavalier, attends-moi ; tu vas voir comment les lions combattent, tu vas apprendre comment ils s’élancent dans la bataille, à pied et l’épée à la main.

Tu vas le voir, si tu veux m’attendre et tu n’auras plus jamais envie de combattre.

Quand Firoud vit que Bijen ne s’enfuyait pas, il se mit en colère contre lui et décocha une nouvelle flèche ;

Le héros se couvrit la tête de son bouclier que la flèche perça, mais sans toucher la cotte de mailles et Bijen continua rapidement sa course pénible ;

À la fin il atteignit le sommet escarpé de la montagne et tira sur-le-champ son épée.

Le noble Firoud s’enfuit devant lui et un cri de détresse partit de tous les remparts du château.

Bijen courut après lui, son épée tranchante à la main ; il en frappa les caparaçons du cheval et les brisa et le noble animal tomba.

Firoud se jeta dans la porte du château, que ses braves s’empressèrent de refermer et fit pleuvoir du haut des remparts une grêle de pierres ;

Car il savait que ce n’était pas le moment d’hésiter.

Bijen s’écria :

Ô illustre, héros, tu t’enfuis ainsi devant un homme à pied, toi brave et monté et tu n’en es pas honteux ?

Hélas !

Que sont devenus le courage et la gloire du vaillant Firoud ?

Il s’en retourna du champ de bataille auprès de Thous et dit au Pehlewan de l’armée :

Pour combattre ce seul brave il faudrait un lion renommé du désert et le Sipehbed ne devrait pas s’étonner si les flèches de Firoud réduisaient en eau le rocher le plus dur et s’il ouvrait une mine sous la mer, car on ne peut s’imaginer une valeur plus grande que celle de Firoud.

Le Sipehbed jura par Dieu le Seigneur, disant :

Je ferai voler jusqu’au soleil la poussière de ce château.

Je conduirai mon armée et livrerai un grand combat pour venger Zerasp mon fils chéri.

Je tuerai ce méchant Turc !

Je rougirai de son sang le cœur de ce rocher.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021