La femme intrépide demanda un encrier et un roseau et s’assit tranquillement avec ses conseillers.
Elle écrivit une lettre au roi sur ses amis et ses ennemis, en commençant par célébrer les louanges de ceux qui purifient leur cœur de leurs anciennes haines ; ensuite elle dit :
La chose que le roi a ordonnée a été faite selon le désir du cœur de ses amis et cette armée menaçante a été dispersée par l’effet de la fortune du Grand roi, maître du monde.
Je reste maintenant ici, attendant quel ordre tu me donneras et ce que tu attacheras à la boucle d’oreille de ton esclave. »
La lettre de cette femme arriva au roi et le remplit d’une joie immense.
Il demanda un messager aux paroles douces, puissant par son étoile, pur et d’un esprit serein et l’on écrivit une lettre belle comme si Arjeng le Chinois l’avait peinte, dans laquelle le roi couvrait de louanges la noble femme, l’invitait à la cour et l’appelait le diadème de la lune.
Le messager alla rapidement, comme la poussière, auprès de Gordieh et lui répéta toutes les paroles de Khosrou.
La lettre du roi rendit cette lionne rayonnante comme une rose au printemps.
Elle réunit devant sa porte son armée et paya la solde, puis elle fit ses bagages et partit lorsque le jour brillant eut disparu.
Lorsqu’elle s’approcha de la ville royale, une escorte sortit à sa rencontre et quand elle fut arrivée à la porte du palais, on la fit entrer et elle trouva le maître de la couronne plein d’attentions pour elle.
Elle et les chefs qui l’accompagnaient offrirent au roi des choses précieuses ; elle apporta tout son trésor et tous ces présents des chefi et livra, l’un après l’autre, au trésorier du roi des pièces d’or et des joyaux dignes d’un roi, que personne n’aurait pu compter, des
Brocarts d’or, des couronnes, des ceintures, un trône d’or et un bouclier d’or.
Le roi observait ce noble cyprès au visage de lune, à la démarche de faisan, dont les joues étaient comme le jour et les boucles des cheveux comme la nuit ; on aurait dit que sa bouche faisait pleuvoir des perles.
Le roi la fit conduire dans l’appartement des femmes et lui assigna un rang au-dessus de toutes les autres ; puis il fit quérir son frère Guerdouî et le Destour, son homme d’affaires ; il la demanda en mariage selon les rites de sa religion, l’obtint et en fit autant de cas que de son âme propre.
Il donna aux amis de Gordieh des robes d’honneur, de l’argent, de l’or et des richesses de toute espèce.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021