Le roi fit écrire au Kaïsar une lettre dans laquelle il disait :
Mets sur ta tête un diadème digne de la royauté, car Mariam a mis au monde un enfant semblable à la lune, un enfant tel que tu n’en a jamais vu et qui est tout à fait digne d’acquérir du savoir, d’obtenir les grâces de la fortune et de gagner par son mérite le trône et les moyens d’être généreux.
Puisses-tu vivre heureux comme je suis heureux, car le bonheur et la fierté sont tes rdroits. »
Lorsque la lettre parvint au Kaïsar, il l’examina il].
Et vit le chillre de Parviz.
Il fit sonner des trompettes au-dessus de la porte du palais et tout son pays se remplit de bruit.
On éleva des pavillons de fêtes sur les routes et hors des routes en l’honneur de Schirouï, le fils du roi victorieux.
Les sons de la musique se firent entendre dans le pays de Roum, d’une frontière à l’autre ; on portait à la cour en procession beaucoup de crucifix ; l’arome des roses et l’odeur des parfums remplissaient l’air.
Pendant sept jours on fêta avec de la musique et du vin la naissance de Schirouï, le Keïanide et le huitième, le roi fit venir à la porte du palais une caravane avec des chameliers et fit charger cent chameaux de pièces d’argent, cinquante autres de pièces d’or ; deux cents autres portaient des brocarts de Roum, tellement brillants d’or, qu’on aurait dit que l’étoffe ne contenait pas de chaîne de soie ; puis quarante tables d’or avec des pieds de corail, des tables dignes d’un roi ; enfin, des figures d’animaux sauvages en or et en argent, avec des yeux en pierres fines.
Il envoya à Mariam une quantité de joyaux, un paon en or, puis des vêtements soyeux, des pelleteries du Roum et un vase de beryl incrusté de perles.
Ensuite, il envoya le tribut de son pays, montant à quatre mille fois mille pièces d’or, sous la garde de quarante Roumis, tous gens à l’esprit éveillé et commandés par Khaneghi, un homme vaillant, qui n’avait pas son égal en savoir ; et c’est ainsi que l
Partirent, sous le chef des chameliers, dix troupes de chameaux chargés d’or.’ Lorsque le roi victorieux apprit qu’un envoyé du Kaîsar paraissait sur la route, il fit monter à cheval F arrukh, qui avait le rang de gouverneur de frontière, était dévoué à Khosrou et commandait en son nom dans le Nimrouz, un noble et vaillant homme, un ornement de l’armée.
Il emmenait avec lui des cavaliers du roi couverts de leurs casques d’or.
Lorsque Khaneghi vit de loin cette troupe, il alla vers elle, comme il convient à un étranger et c’est ainsi que les Hormis arrivèrent auprès du roi et de sa cour illustre.
Quand ils virent le noble visage du roi et son trône si magnifiquement paré, ils se prosternèrent tous le visage contre terre et rendirent hommage au roi.
Khaneghi frotta longtemps sa joue sur le sol, puis il dit :
Ô maître de la justice, ô saint roi !
Puisse Dieu, qui donne la victoire, te bénir, puisses-tu rester toujours roi et toujours heureux ! »
Les grands le relevèrent et lui assignè- rent une place près du roi ; alors Khaneghi lui dit :
Qui est-ce qui pourrait t’égaler en savoir !
Tu es plus brillant que le soleil sur la voûte du ciel, plus ingénieux que l’esprit le plus éloquent.
Puisse le monde n’être jamais privé d’un roi comme toi ; puisse le sort te combler de biens ; puisse-t-il n’y avoir pas de jour où ta volonté ne soit faite, toi dont le nom est écrit sur le soleil ; puisse le monde
ne jamais être sans ton diadème, puisse ton empire ne jamais être sans ton armée.
Je porte à l’illustre roi de la terre les salutations du Kaïsar et nos hommages ; puisse tout homme qui n’est pas heureux sous cette ombre du roi, être privé de la lumière.
Nous venons avec des présents etxavec le tribut du Roum ; nous sommes arrivés dans ton pays glorieux, amenant avec nous des philosophes pour qu’aucun de vous ne soit désappointé en nous.
Plaît-il au roi d’accepter le tribut et les présents du Kaïsar, accompagnés de nos hommages ? »
Le roi sourit à cet homme plein de mérite, qu’il fit placer sur un siège, puis il envoya toutes ces richesses dans son trésor, disant :
Il n’aurait pas fallu vous imposer tant de peine. »
EnSuite il dit à Kharrad, fils de Berzin :
Lis cette lettre devant l’assemblée. »
Le scribe, qui était un homme éloquent et observateur, regarda la suscription de la lettre et dit :
Cette lettre est adressée au Grand roi, à Parviz, qui porte haut la tête, au serviteur de Dieu, au maître prudent d’un pays heureux, à qui Dieu a donné pour sa part l’intelligence et le trône, au maître du monde, fils du roi Hormuzd, ornement de la couronne, ornement du trône, de la part du Kaîsar, le père de la mère du prince qui porte le nom de lion, puissent sa renommée et son pouvoir être durables, puisse-t-il être glorieux, puisse-t-il porter fruit et être victorieux, puissent ] tous ses jours ressembler au Naurouz ! -Que sa puissance s’étende sur l’Iran et l’Aniran, qu’il n’ait jamais un rival dans l’empire, qu’il soit toujours heureux de cœur et serein d’esprit, que son intelligence soit toujours mûre et son pouvoir jeune !
Ce noble prince de la race de Kaïoumors, ce descendant de Houscheng, fils de Thalmouras et ainsi de père en fils, de génération en génération (puisse cette famille ne jamais s’éteindrel), que Dieu, le saint, que les grands du royaume et les chefs de la foi le bénissent !
Il n’y a pas de cavalier vaillant comme toi, ni de printemps joyeux comme toi, ni dans un palais une peinture chinoise belle comme toi ; tu es tout humanité et toute droiture, puisse ta vie ne jamais dépérir.
Dieu t’a fait naître de la race la plus pure qui existe dans l’Iran et l’Aniran, dans l’Hindoustan, chez les Turcs et jusqu’en Roum et dans le pays des magiciens et jamais mère sainte n’a mis au monde un fils comme toi.
Quand Feridoun a
-donné l’Iran à Iredj, il a enlevé au Roum et à la Chine la gloire de la primauté, il a béni Iredj dès le premier jour, il a purifié son cœur de la perversité et des ténèbres ; on dirait que Dieu vous a accordé toute richesse, la bonne étoile, la puissance, le courage et l’art de la magie et qu’il a enlevé aux autres le renom de la bravoure.
Patrons de tout mérite, nobles et prodigues de leurs trésors,
les hommes de cette race n’ont jamais été dans la peine ; ils ont imposé à leurs ennemis des tributs et des redevances et ceux qui leur voulaient du mal ont porté leurs fardeaux comme des bœufs.
Dans le temps de Kesra Nouschirwan, puissent ses mânes rester toujours jeunes !
Car jamais il n’y a eu ni il n’y aura dans le monde un prince de la race des Grands rois comme lui, qui a passé les eaux profondes du Djihoun et dépassé le grand mur construit par un Keïanide prudent ; dans son temps on a délivré des Turcs toute la forêt de Narwen et rendu le repos à tout le peuple ; on a délivré ce grand pays de ses ennemis ; que la bénédiction des grands et des petits soit sur Kesral Les Arabes, les Hindous et les Iraniens composaient ses armées ; depuis la mer de la Chine jusqu’au pays des Khasars, depuis l’Arménie jusqu’aux portes de l’Occident, chez les Heïtaliens et les Turcs, à Samarkand et à Djadj, tous les grands, malgré leur autorité, leurs honneurs et leurs couronnes, devinrent vos sujets et reconnurent leur servitude,
’ car vos rois étaient de la race de Feridoun et les autres n’avaient aucun droit.
L’alliance que j’ai contractée avec vous et par laquelle j’ai sagement augmenté ma puissance, me réjouit comme l’eau réjouit un homme altéré ou une plante brûlée par le soleil.
Puisse le prudent maître du monde être heureux et puisse-t-il
KHOSBOU riavIz. me donner bientôt une réponse, car j’ai une demande à faire au roi, la demande d’une chose qui n’a pas de valeur pour lui.
Vous avez dans votre trésor la croix du Messie ; si vous regardez, vous reconnaîtrez que je dis la vérité ; il y a bien des années que vous l’avez.
Plairait-il au roi de nous la renvoyer ?
En nous accordant cette demande, le roi du monde fera une grâce à nous tous, grands et petits et le monde entier le louera et souhaitera que le temps et la terre ne soient jamais privés de lui. le la recevrai de Khosrou comme un bienfait et je prierai pour lui pendant le jour et dans les trois grandes veilles de chaque nuit.
Qu’il accepte tous mes présents et les tributs et les redevances que j’envoie à sa cour et j’accepterai cette croix comme une grâce ; puisse son œil ne jamais apercevoir le visage des méchants !
Alors nos fêtes et nos rites seront complets, notre foi brillera dans le monde ; on jeûnera pieusement le premier jour de la semaine, on adorera Dieu partout ; les affligés frotteront leur visage contre cette crois, on brûlera beaucoup d’encens devant elle et ce sera un moment heureux pour mon cœur, car vous effacerez les haines qui ont pris naissance du temps de Feridoun et sont entrées au fond des âmes au temps de Selm et de Tour.
Le pays sera délivré des incursions et des vengeances de toute espèce qui éclataient, car les femmes et les enfants des Bouh mis étaient enlevés et nos cœurs blessés de toutes les manières.
Le monde a été pacifié par notre alliance et ces folies ont été calmées ; que la grâce du Créateur soit sur toi, que tu sois comblé des bénédictions du monde ! »
Lorsque la lecture de cette lettre fut terminée, le maître du monde, qui avait écouté toutes ces paroles, s’en réjouit dans son âme et il sentit la fortune des rois refleurir en lui.
Il combla de louanges Khaneghi et lui dit :
Ne te regarde pas comme étranger ici. »
On prépara un appartement pour cet homme noble, on arrangea pour lui deux belles salles ; on opporta à cet homme prudent et vaillant tout ce qu’il fallait.
Il alla voir cette demeure choisie, puis il se rendit auprès du roi et ne quitta plus ce prince adorateur de Dieu, ni quand il mangeait ou buvait, ni pendant la chasse, ni pendant le repos et c’est ainsi que les Roum passèrent un mois anprès du roi, joyeusement et amicalement.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021