Or, un jour le roi Parviz eut envie d’aller à la chasse et fit des préparatifs comme les Grands rois qui avaient vécu avant lui en faisaient.
On amena pour le roi glorieux trois cents chevaux de main aux brides d’or, mille deux cent et soixante serviteurs . 2M partirent à pied, armés de javelots ; mille et quarante hommes, portant du brocart au-dessus de leurs cottes de mailles, étaient armés de bâtons et d’épées ; derrière eux marchaient sept cents fauconniers avec des éperviers, des laniers et des faucons royaux ; les fauconniers étaient suivis par trois cents Cavaliers menant des guépards ; ensuite venaient soixante et dix lions et léopards enchaînés et fortement attachés avec du brocart de Chine, lions et léopards dressés pour la chasse et muselés avec des chaînes d’or ; enfin sept cents chiens à collier d’or, qui prenaient dans la plaine les gazelles à la course.
Puis venaient deux mille musiciens, ayant tous préparé des airs de chasse, tous montés sur des dromadaires et portant sur la tête des diadèmes d’or.
Il y avait cinq cents chameaux chargés de sièges, de tentes grandes et petites, d’étoffes pour l’enceinte du campement royal et de tout ce qu’il fallait pour les bêtes : tous ces chameaux n’étaient destinés qu’à cet usage.
Ensuite venaient deux cents esclaves pour allumer les cassolettes et pour y brûler de l’aloès et de l’ambre gris, deux cents jeunes serviteurs, portant en avant du roi des roses, des nar-cisses et du safran pour que ces parfums se répandissent partout et arrivassent jusqu’à lui.
Ces hommes à parfums étaient précédés de cent porteurs d’eau ayant des outres avec lesquelles ils arrosaient toute la route, defaçon qu’on aurait dit qu’ils ver-
. salent de l’eau de rose sur de l’ambre :
c’était pour que le vent ne pût soulever soudain la poussière ni en couvrir le roi de glorieuse naissance.
Trois cents jeunes princes accompagnaient le roi, à cheval, vêtus en jaune, en rouge et en violet.
Le roi des rois lui-même était précédé du drapeau de Kaweh et portait une couronne, des boucles d’oreilles, une robe royale de drap d’or, des bracelets, un collier et une ceinture d’or, dont tous les boutons étaient incrustés de pierres fines.
Lorsque Schirin apprit que le cortège arrivait, le. maître du monde en tête, elle mit une tunique jaune, parfumée de musc, donna à ses joues la couleur de la grenade, s’habilla d’une robe rouge de brocart de Roum, dont l’or était pur et les figures en pierreries et plaça sur sa tête un diadème royal dont les ornements étaient tous en pierreries dignes d’une femme de Pehlewan.
Elle monta de sa belle salle sur la terrasse ; mais, malgré sa jeunesse, son humeur n’était pas gaie.
Elle attendit, les larmes coulant de ses cils sur ses joues, que le roi fût arrivé ; lorsqu’elle vit le visage de Parviz, elle se leva, se montra à lui entièrement debout, se mita lui parler de sa voix douce et à lui rappeler les temps passés, en arrosant les roses de ses des larmes de ses yeux de narcisses, car ces narcisses. étaient malades, mais les roses fleurissaient.
Dans ce mélange de larmes et de beauté, elle lui adressa :
3 rapidement la parole en pehlewi, disant :
Ô roi, ô
lion, ô loi au corps de Sipehbed, ô fortuné Keïanide,ô héros vainqueur des lions !
Où est tout cet amour, où sont ces larmes de sang dont la vue de Schirin te guérissait ?
Où sont ces nuits converties en jour, où nos cœurs et nos yeux pleuraient et nos lèvres souriaient, où sont ces serments et ces protestations, ces promesses et cette foi jurée ? »
Elle parla ainsi en versant de ses yeux des larmes de sang sur son visage en deuil et Khosrou se mit à pleurer sur elle et son visage devintjaune comme le soleil.
Il envoya un cheval de main à bride d’or et quarante eunuques roumis de bon renom, disant :
Vous ramènerez dans l’appartement doré de mes femmes, vous la conduirez dans la chambre incrustée de pierreries. »
De là il alla dans la plaine où il devait chasser et y passa son temps avec du vin et de la musique et avec ses compagnons de festin.
Ayant joui de la montagne et de la plaine, il s’en retourna à la ville joyeusement ; on éleva des pavillons sur la route et dans la ville pour fêter son retour de la chasse et le son des clairons et le bruit des chants étaient tels, que le fil et la trame de l’air se brisaient.
Lorsque cet homme à la stature royale et aux membres puissants entra de la ville dans le palais élevé, Schirin vint de son appartement vers lui’et baisa ses pieds, la terre et sa poitrine.
Le roi de la terre dit au Grand Mobed :
N’aie pas mau-2h l’aise opinion de moi, marie-moi à cette femme au beau visage et donne au monde cet heureux message. »
Il ’épousa selon les rites antiques, comme le prescrivaient à cette époque la coutume et la loi.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021