Lorsque la main du roi se fut étendue sur tout fmpire et que le monde entier lui fut soumis, tous ceux qui portaient des couronnes devinrent ses sujets et tous ses sujets furent enrichis.
Il choisit dans l’Iran quarante-huit mille hommes, des cavaliers expérimentés, vaillants et propres au combat ; il ouvrit les portes de ses trésors antiques que Pirouz et le fortuné Kobad avaient formés.
Il divisa le monde en quatre parties et nomma les gouverneurs de toutes les villes.
Il envoya à la frontière du Roum douze mille de ses cavaliers illustres, prudents et prêts à frapper de l’épée, pour garder ces riches et * heureuses provinces, pour empêcher qu’aucune armée de Roumis n’envahît l’Iran et ne dévastât ces pays et pour que chacun se contentât de ses frontières et apprît à reconnaître la richesse et la valeur de ce qu’il possédait.
Il envoya dans le Zaboulistan douze mille de ces glorieux cavaliers, tous avides de combats sur le champ de bataille ; il les envoya, du jardin des roses Ctésiphon, dans ce pays à terre noire.
Il leur dit :
Ceux qui s’écartent de la bonne voie et qui ne gardent pas leur langue, ramenez-les doucement au vrai chemin et s’ils transgressent de nouveau, jetez-les dans les fers et la prison.
Envoyez de tous côtés des espions pour que rien ne reste caché, faites des rondes jour et nuit, ne dormez jamais dans vos tentes sans gardiens. »
Ensuite, il appela douze mille autres cavaliers vaillants, puissants et pleins d’ardeur guerrière, leur donna beaucoup de conseils et les envoya du côté des Alains.
Il leur confia cette porte du couchant de l’empire, pour que ses ennemis ne pussent la passer et il dit à ces hommes qui portaient haut la tête :
Soyez vigilants, tenez-vous sous la protection de Dieu, le maître du monde. »
Puis, il choisit encore douze mille cavaliers, des hommes de guerre tels qu’il les faut, les envoya dans le Khorasan et leur donna bien des conseils et des avis, disant :
Il faut que, depuis la frontière des Heïtaliens jusqu’à celle de la Chine, personne ne passe dans notre pays, si ce n’est des hommes dont l’âme m’est dévouée et quand j’en ai eu avis et ai donné ma permission.
Je possède dans chaque pays un trésor rempli et cette ressource ne doit être hors de la portée de personne.
Demandez ce qui convient et vous serez satisfaits, soyez prudents et vous serez exempts de chagrin. »
Il ouvrit la porte du trésor et fit apporter une quantité de dirhems qui avaient été frappés par Hormuzd et les distribua aux pauvres en versant des larmes et quand les pauvres furent pourvus de vêtements, il leur donna de nouveau de l’argent.
Ensuite, il fit couper la tête à tous ceux qui avaient été les amis de Bendouï ou qui avaient approché Gustehem et Zengouï, qui avaient aidé au meurtre de son père.
Ainsi, ayant épuisé ses vengeances et ses malédictions, il commença sagement à suivre une voie nouvelle.
Il fixa et divisa en quatre parties les heures de la nuit et du jour que produit la rotation du monde ; de ces quatre parties il, en assigna une à son Mobed qui lui rapportait ce qui se faisait de bon et lui faisait connaître tout ce qui se passait en public et en secret dans l’armée et dans le monde.
Quand il voyait que quelque chose allait mal dans le monde, soit dans l’armée, soit parmi ses sujets, il se mettait à l’instant à faire justice, examinait ce qui s’était passé et y remédiait.
Une autre partie de la journée était uniquement li vouée à la joie, à entendre les musiciens, assis tranquillement avec les grands, ne s’occupant pas de choSes pénibles et n’y pensant pas, comme cela convient aux princes.
Une troisième partie était donnée aux prières et aux louanges du Créateur ; la quatrième était consacrée à l’observation du ciel sublime et aux questions sur la nature, les mouvements et le nombre des astres, les astronomes se tenant devant le roi et lui servant de guides vers le savoir ; mais une moitié de cette partie se passait à boire du vin, dans les longues nuits, avec des belles de Tharaz.
Ensuite, il divisait chaque mois en quatre parts pour pouvoir jouir de la vie.
Une part était livrée aux jeux du Meïdan, aux raquettes et au tir de flèches et un grand de la cour s’y tenait pour noter les coups.
Une partie de ce temps était consacrée aux plaines et aux montagnes et à la chasse, par laquelle il rajeunissait sa vie et chaque fois qu’il en revenait, soit pendant la clarté du jour, soit pendant les longues nuits, tous les hommes qui avaient du pouvoir élevaient dans la ville des pavillons de fête.
Une seconde part du temps était donnée aux jeux d’échecs et de trictrac et aux récits sur les temps de guerre.
Dans la troisième part, il faisait asseoir devant lui à tour de rôle quiconque était savant ou lettré et savait réciter quelque chose et ils lui chantaient d’ancienneS’paroles.
Dans la quatrième part, on appelait auprès du roi les envoyés qui étaient arrivés ; il écrivait des réponses aux lettres qu’ils avaient apportées et les remettait à ces hommes qui portaient haut la tête et qui revenaient de sa cour avec des robes d’honneur et satisfaits.
Ce même jour il écrivait les diplômes pour tous les pays et les remettait aux grands.
Lorsque la nouvelle année commençait au mois de Ferwerdin, quand le soleil réveillait la foi dans les âmes, il établissait chaque fois en secret un trésor, qu’aucun de ses sujets ne connaissait.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021