Khosrou Parviz

Khosrou construit le palais de Madaïn

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Un Perse, homme d’un cœur serein, sur lequel quatre fois trente années avaient passé, raconte que Khosrou envoya des messagers dans le Roum, dans l’Inde, en Chine et dans. tous les pays riches et o !

Qu’il arriva trois mille artisans, les hommes de tout. pays les plus célèbres dans leur art.

Parmi eux on distingua les plus habiles, ceux qui se connaissaient le mieux en briques et en mortier, au nombre de cent, des hommes d’Ahwaz, de l’Iran et du Roum.

Ou en choisit entre eux les trente plus vaillants et parmi ces trente on en choisit de nouveau deux, un Roumi et un Perse.

Le noble Roumi, qui était géomètre, parlait mieux que le Perse et cet homme, qui connaissait le monde, se présenta devant Khosrou et lui expliqua les plans et l’appareil de la construction.

Le roi lui dit :

Accepte de moi cette commission et fais attention à tout ce que je te dis.

Je veux un palais dans lequel mes fils et ma famille puissent demeurer pendant deux cents ans, sans qu’il tombe en ruines par l’effet de la pluie, rrde la foudre ou du soleil ; il faut le construire dans de telles proportions que personne ne soit obligé de le remanier. »

Le géomètre se chargea du palais du roi, en disant :

Je puis faire cela. »

Il creusa les fondements jusqu’à dix empans de roi, dont chacun fait cinq empans ordinaires ; il construisit les murs avec la pierre et le mortier, comme un homme qui veut bien faire son œuvre.

Lorsque les murs du palais furent élevés, le Roumi se présenta devant le maître du monde et lui dit :

Si le roi connaît un homme expert, d’âge mur et savant en bien des c’hoses, a : ’t

qu’il envoie sur les lieux ce Mobed bienveillant avec quelques hommes de son choix. »

Le roi lui donna un homme tel qu’il le demandait et ils allèrent et constatèrent que les murs étaient d’aplomb.

Le Roumi apporta de la soie et en fit tresser par les hommes présents une corde mince, avec laquelle il toisa. les murs du palais, d’en haut jusqu’au sol de la salle du conseil ; puis il mesura devant cette assemblée la longueur de la corde qu’il avait fait tresser et la porta au trésor du roi des rois, la fit mettre sous le sceau par le trésorier et la lui remit.

Ensuite, il alla chez le roi et dit :

Le mur du palais s’élève jusqu’à la lune.

Il y a quarante jours que le roi m’a chargé de cette œuvre et m’a choisi parmi tous les architectes ; mais que le roi, si pressé qu’il soit, me permette de ne pas hâter l’achèvement de l’œuvre.

Quand le temps de terminer le palais sera arrivé, sa cime atteindra Saturne. mais il ne faut pas que tu montres de l’impatience et que tu m’accables de travail. »

Khosrou répondit :

Ô méchant homme, pourquoi me demandes-tu tant de temps ?

Il ne faut pas que tu interrompes l’œuvre, tu n’as pas encore besoin de repos. »

Il ordonna qu’on payât au Roumi trente mille dirhems, pour qu’il ne fût pas mécontent.

Mais l’architecte, qui avait dit la vérité, savait que les hommes qui s’y connaissent le blâmeraient s’il se hâtâit de terminer le palais et qu’il perdrait son I

Pain et son honneur si l’édifice s’écroulait ; et aussitôt que la nuit fut venue il disparut et personne ne, le revit.

Lorsque le roi apprit que Far’an s’était enfui, il exhala devant celui qui le lui apprit sa colère contre le Roumi et ajouta :

Comment un homme qui n’avait pas de savoir pouvait-il être si présomptueux devant nous ? »

Ensuite, il ordonna qu’on examinât son ouvrage et fit mettre en prison tous les Roumis ; il fit amener des architectes et apporter du mortier, des briques et de grosses pierres ; mais tous ceux qui virent ces murs s’enfuirent et disparurent du pays du roi, de sorte qu’il se vit obligé de tout interrompre.

Il tourna alors son oreille et son cœur vers Ahwaz, d’où viennent beaucoup de constructeurs, car il ne voulait pas laisser longtemps une œuvre aussi grande sans la terminer.

Le roi chercha pendant trois ans le maître qu’il lui fallait, mais on n’en trouva pas d’assez distingué et l’on parla sans cesse de l’artiste qui s’était éloigné, jusqu’à ce qu’il reparût la quatrième aunée.

Un homme avisé et illustre (en donna la nouvelle au roi et en même temps le Roumi lui-même accourut rapidement comme la poussière.

Le roi lui dit :

Ô homme criminel !

Dis quelle est ton excuse et comment astn pu dire que la leçon que tu voulais nous donner serait reconnue juste ? »

Le Roumi lui dit :

S’il plaît au roi de me faire ac-Lili.

compaguer d’un homme en qui il ait confiance, je montrerai à cet expert ce qui doit me faire pardonner et pour excuse je prouverai la justesse de ma leçon. »

Le roi envoya un de ses amis qui partit avec le maître illustre.

Le savant Roumi reprit sa corde et emmena en toute hâte cet homme.

Il mesura la muraille en hauteur, et, devant l’homme, il montra par la corde que la construction s’était tassée de sept empans.

Ils rapportèrent la corde auprès du roi et celui qui avait accompagné le Roumi raconta ce qu’il avait ou.

Le Roumi dit alors :

Ô roi, si j’avais terminé ’édifice en haut, il ne serait resté ni mur, ni voûte, ni édifice et moi je. ne serais pas resté en oie à la cour du roi. »

Le roi comprit qu’il avait dit vrai ; personne ne peut résister à la vérité.

Il relâcha tous ceux qu’il avait mis en prison, qu’ils fussent des malveillants ou des hommes innocents.

Il donna au Roumi une caisse de pièces d’or et fit aux prisonniers de grands présents.

Le travail continua pendant longtemps et le roi eut grande envie de le voir terminé.

Après sept ans, le palais fut achevé de manière à être approuvé par les hommes de bonne foi.

Khosrou combla d’honneurs le Roumi et lui assigna des terres, lui donna de l’argent et de l’or et le couvrit de louanges.

Tout le monde vint voir le palais et le roi s’y rendit au jour de l’an ; personne n’avait jamais vu un édifice comme celui-là, ni n’avait entendu parler d’une

KHOSROU maux. ’ construction pareille par des artistes illustres.

Il y avait un anneau d’or fondu, auquel était accroché un cercle, d’où pendait une chaîne en or rouge, dont chaque chaînon était incrusté de pierreries et quand le roi des rois s’asseyait sur le trône d’ivoire, on suspendait sa couronne à cette chaîne.

Au Naurouz, lorsque le roi montait sur le trône, il avait auprès de lui son Mobed fortuné, plus bas que le Mobed étaient rangés les grands, les chefs et les intendants de l’ année ; au-dessous des grands était l’ordre des marchands et l’on y plaçait tous les gens de métier ; encore plus bas se trouvaient les pauvres qui gagnaient leur vie par le travail des mains, et, plus bas encore, étaient beaucoup d’hommes qui avaient perdu les mains ou les pieds, beaucoup d’estropiés qu’on avait déposés devant la porte du palais.

Alors s’éleva du palais une voix dont les sons remuaient tous les cœurs et qui proclamait :

Ô vous tous, sujets du roi du monde !

N’ayez pas le cœur sombre ni l’âme malveillante.

Quiconque jettera les yeux sur ce palais élevégsentira disparaître ses soucis.

Mais il faut regarder plus loin que le trône des Keïanides, avoir des égards pour vos inférieurs, avoir soin des blessés, si vous en rencontrez sur la route. »

Alors personne ne restait plus dans les Chaînes du roi, qu’il fût coupable ou innocent.

Le roi vêtait de la tête aux pieds les prisonniers, leur

Donnait de l’or et des présents de toute espèce ; tous ceux qui étaient pauvres dans la ville et n’avaient pas leur part à la fête du Naurouz, le roi les faisait asseoir devant la porte du palais et répandait sur eux des dirhems royaux.

Tous les criminels le redoutaient, tous les endormis étaient réveillés par lui.

Un autre héraut entra dans la salle d’audience quand le temps de partir fut arrivé, disant :

Ô vous, chefs pleins de mérite !

Pourquoi recherchez-

.vous tant votre agrandissement ?

Regardez ceux qui sont au-dessous de vous, car il faut pleurer sur l’état de ’âme des malheureux.

Pensez avant tout à ce que vous avez à faire, pour que vous préserviez votre sécurité et votre vigueur ; réfléchissez sur chaque affaire et puis faitesla ; ne brisez pas le cœur des pauvres d’esprit ; projetez et puis agissez ; écoutez les paroles des sages.

Quiconque tient la vraie voie peut dormir devant le trône, sans crainte du roi ; mais quiconque étend la main sur ce qui appartient à un autre n’échappera pas à sa colère.

Maintenant je vais parler de la puissance de Khosrou et faire revivre les jours’ anciens : c’était une puissance telle que dans le monde ni les grands ni les pelits ne se rappellent rien de pareil.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021