Keschwad avait à Istakher un palais qui était la gloire de sa noble famille ; et lorsque Gouderz et Khosrou furent sortis de la présence de Kaous, ils firent leurs préparatifs pour s’y rendre.
Ils se mirent en route et quand ils furent arrivés dans ce palais doré, on fit asseoir Khosrou sur un trône d’or, on le salua comme roi.
Tous les braves de l’Iran le reconnurent, à l’exception de Thous fils de Newder, qui s’y ses refusa, sous le prétexte qu’il avait le droit d’avoir des timbales et de porter des bottines d’or et qu’il était le gardien de l’étendard de Kaweh.
Gouderz fut courroucé de cette prétention et lui envoya un message conçu en termes modérés ; il le lui envoya par le vaillant Guiv qui ambitionnait la possession du monde, qui avait une main de héros et un bras de lion.
Il lui dit :
Tu diras à Thous fils de Newder : Ne cherche pas un prétexte de querelle dans un temps de joie.
Tous les grands, tous les lions de l’Iran ont rendu hommage au roi : pourquoi t’y refuses-tu à l’instigation du Div ?
Ne vois-tu donc pas la grâce de Dieu qui repose sur Khosrou ?
Si tu refuses de lui obéir, tu encourras ma haine et je le combattrai.
J’envoie Guiv pour te porter ce message, qui contient les ordres de l’assemblée des grands ; il ira te trouver, ô héros !
Ne rejette pas ses avis. »
Guiv quitta son père, la tête remplie de paroles dures ; il se rendit auprès du Sipehbed Thous et lui dit :
Ta conduite est insensée. »
Thous l’écouta et lui répondit :
Malheur à qui voudrait se jouer de moi !
Après Rustem, c’est moi qui suis, parmi les grands, le plus illustre chef de l’armée de l’Iran.
Minoutchehr, le vaillant roi qui a soumis la terre par son épée, était mon grand-père ; Newder. le roi du monde, était mon père et je suis issu de la race de Feridoun ; dans la bataille, je suis un lion
[ qui cherche le combat, je déchire le cœur de l’éléphant et la peau du léopard et c’est sans moi que vous voulez régler les affaires de l’empire, tenir conseil et donner au monde un nouveau roi ?
Je n’y consentirai pas, ne me parle pas de Khosrou.
Si nous plaçons sur le trône un roi de la race d’Afrasiab, la fortune de l’Iran s’endormira ; nous ne voulons pas d’un roi de la famille de Pescheng, car le troupeau ne peut prospérer en présence d’un léopard.
Les fatigues que tu as supportées sont perdues, car Khosrou est jeune et vain ; tandis qu’un homme qui veut être roi de la terre doit être vaillant, de naissance pure, majestueux et croyant.
Feribourz, le fils de Kaous, est plus digne du trône et du diadème que Khosrou ; d’aucun côté il n’est parent de nos ennemis ; il a de la dignité et de la bravoure, il est juste et clément. »
Guiv se leva en fureur, car il n’avait point de confiance dans la sagesse et dans la foi de Thous ; il lui répondit :
Ô vaillant et illustre Thous, ne recule pas quand on battra les timbales et quand tu verras les lances des fils de Gouderz.
Ton ambition finira par le perdre ; nous avons affronté ensemble bien des travaux, mais maintenant tu en as donné au vent le souvenir.
Si tu étais un homme sage et digne d’un trône, nous n’aurions pas eu à chercher un roi sur l’Alborz ; et si ta tête ne porte pas de couronne, c’est que tu n’as ni cervelle ni sagesse.
Dieu ne
un mon s. â3l donne le trône des rois qu’à un homme digne du pouvoir, fort, prudent et sage. »
Après avoir prononcé ces paroles dures, Guiv tourna vivement le dos à Thous, s’en retourna auprès de Gouderz fils de Keschwad et lui dit :
Thous n’a ni dignité, ni sens ; tu dirais qu’il a des yeux et qu’il ne voit pas : c’est Feribourz qu’il choisit pour roi et pourtant il n’y a pas dans le palais une peinture belle comme Khosrou ; il n’y a pas de roi comme lui quand il est assis sur la selle d’or ; jamais il n’y a eu dans l’Iran un cavalier comme lui, ni sur le trône un prince paré de colliers et de boucles d’oreilles beau comme lui. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021