Une nuit, arriva courant comme une flamme, un messager d’Afrasiab monté sur un dromadaire.
Il apportait à Siawusch une lettre affectueuse, étoilée d’or comme le brillant firmament et dans laquelle le roi lui disait.-Depuis que tu es parti, j’ai perdu ma gaieté et les chagrins ne me quittent plus.
Néanmoins j’ai cherché pour toi une résidence convenable dans le Touran et quoique le lieu où tu es allé soit beau et charmant et que ton âme soit à l’abri de tout souci, je te prie de te rendre maintenant dans le pays que je t’ai donné et de jeter dans la poussière la tête de nos ennemis. »
Siawusch fit ses préparatifs et se dirigea en toute hâte du côté où le roi lui ordonnait d’aller.
On chargea de bagages précieux mille chameaux femelles au poil roux ; on chargea cent mules de pièces d’argent et quarante autres de pièces d’or.
Dix mille cavaliers iraniens et touraniens, choisis et prêts à frapper de l’épée, les escortaient et ce cortège était pré-I cédé par les trésors du roi et par les litières qui renfermaient de belles femmes parées.
Siawusch emmena avec lui trente charges de chameau de rubis, de turquoises dignes d’un roi, de colliers, de couronnes incrustées de pierreries, d’ambre, de bois de santal, de musc et d’autres parfums, enfin de brocarts et de trônes couverts de soie tirée de l’Égypte, de la Perse et de la Chine.
Le roi et son glorieux cortège se dirigèrent vers le beau pays de Behar, et, arrivé dans ce pays, Siawusch indiqua de la main un endroit et fit préparer un emplacement long et large de deux linsangs.
Il y fonda une ville renfermant de hauts palais, des jardins et de beaux parterres de roses : il fit couvrir sa salle d’audience de peintures représentant des rois, des fêtes et des scènes de guerre.
On y voyait au-dessus du trône la figure de Kaous, orné de bracelets et armé d’une massue et Rustem au corps d’éléphant, Zal, Gouderz et toute l’assemblée des héros se tenant devant son trône.
De l’autre côté étaient peints Afrasiab et ses braves, comme Piran et Guersiwez avide de vengeance.
Dans l’Iran et dans le Touran, les hommes de bien ne parlaient que de cette belle ville, où s’élevaient partout des coupoles dont les sommets touchaient aux nues, où étaient assis partout des chanteurs et des musiciens, où l’on rencontrait partout des princes et des grands.
On donna à cette ville le nom de Siawuschguird et tous les hommes s’en réjouirent dans leur cœur.
Dernière mise à jour : 25 sept. 2021