Quand le roi de l’Iran eut reçu cette lettre, sa couronne et son trône s’élevèrent jusqu’à Saturne.
Il implora Dieu et le pria de lui faire la grâce que ce jeune arbre portât du fruit.
Puis, il écrit, dans l’allégresse de son cœur, une réponse semblable au vert printemps et au paradis plein de délices, disant :
Que Dieu qui a créé le soleil et la lune, le maître du monde, le distributeur des couronnes et des trônes, ne cesse d’accorder à ton âme le bonheur et de délivrer ton cœur de douleur et de peine !
Qu’il te conserve toujours la victoire et la gloire, la couronne du pouvoir et le diadème de la puissance !
Tu as conduit ton armée, tu as recherché le combat ; la fortune, la bravoure et la droiture sont ton partage.
Tes lèvres sentent encore le lait et déjà l’écorce qui couvre ton arc s’est déchirée dans la bataille.
Puisse ton corps rester toujours sain et ton âme brillante toujours atteindre l’objet de ses désirs !
Maintenant que les combats t’ont donné la victoire, il faut que tu procèdes avec précaution.
Ne disperse pas ton armée, mets-toi en marche et prépare-toi un lieu de séjour ; car ce Turc est plein de ruse et de malveillance, il vient d’une vile race et est vil lui-même ; mais il a une couronne et du pouvoir et sa tête s’élève au-dessus de la lune brillante.
Ne te hâte pas de l’attaquer, car il viendra lui-même te combattre ; et quand il passera de ce côté du Djihoun, il traînera dans le sang le pan de sa robe. »
Kaous apposa son sceau sur la lettre et appela devant lui le messager ; il lui donna la lettre et lui ordonna de s’en retourner et de se hâter à travers les montagnes et les vallées.
Le messager arriva auprès de Siawusch et le prince,’en voyant la lettre du roi de l’Iran, baisa la terre ; il se réjouit dans son âme, il sourit et porta la lettre à son front.
Siawusch suivit l’ordre prudent du roi et ne dévia en rien de l’obéissance qu’il lui devait.
Après ces événements, Guersiwez au cœur de lion arriva auprès du roi du Touran, rapide comme l’éclair et lui conta ce qui devait lui déplaire et être amer pour lui, disant :
Le Sipehbed Siawusch est arrivé devant Balkh ; son armée est conduite par Rustem, elle est innombrable et l’on y compte beaucoup de grands avides de guerre.
Pour un de nous il y avait plus de cinquante Iraniens portant haut la tête et armés de massues à tête de bœuf.
Leurs fantassins sont arrivés comme la flamme qui s’élance, armés de boucliers, de flèches et de carquois.
Il n’y a pas d’aigle qui vole comme eux et le sommeil n’a sur eux aucune prise.
Ils se sont présentés au combat pendant trois jours et trois nuits et les corps de nos braves et leurs chevaux se sont fatigués ; un Iranien, au contraire, quand il sentait le besoin de dormir, s’éloignait en toute hâte de la mêlée, dormait, se relevait rafraîchi et combattait de nouveau. »
KEÏ. nous.
Ce discours mit Afrasiab tout en feu, il s’écria :
Que parles-tu tant de repos et de sommeil ? »
Il regarda Guersiwez, tu aurais dit qu’il voulait le déchirer.
Il poussa un cri de fureur et le chassa de sa présence, il n’était pas maître de sa colère.
Ensuite, il fit appeler mille grands et apprêter un festin pour eux.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021