Iskender

Lettre d'Iskender à Aristalis et réponse de celui-ci

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Il sentit que sa mort approchait et le jour devenait sombre devant ses yeux.

Il avait l’idée qu’il ne devait laisser dans le monde personne de race royale qui pourrait conduire une armée contre le Roum et poser son pied sur cette terre cultivée.

S’étant décidé en lui-même pour ce plan, il écrivit une lettre à Aristalis et ordonna que tous les descendants des Keïanides fissent leurs préparatifs pour paraître à sa cour, en bannissant de leur cœur toute méfiance à son égard.

Quand le sage Aristalis eut reçu la lettre, son cœur en fut épouvanté et il fit enflechamp une. réponse en inondant le papier de larmes, comme si la pointe de son roseau était formée des cils de ses yeux.

Il écrin : : Cette lettre du maître du monde est arrivée ; mais il faut que sa main s’abstienne de ce mauvais dessein.

Ne songe plus à l’action méchante dont tu me parles et fais des aumônes en expiation de ta pensée.

Prends garde et abandonne-toi à Dieu ; ne sème dans ce monde que la semence du a bien.

Nous appartenons tous à la mort depuis le moment de la naissance et nous lui livrons notre vie sans défense.

Personne n’a pu emporter avec lui la royauté ; chacun part et laisse le pouvoir à un autre.

Prends garde et ne verse pas le sang a * des grands, car tu en serais maudit jusqu’au jour de la résurrection.

Ensuite, si dans le pays d’Iran il n’y avait plus de roi sur letrône, il y viendrait de tous côtés des armées de .Turcs, d’lndous, de Slaves et de Chinois et celui qui se sera emparé de l’Iran marcherait vers le Roum pour y exercer une vengeance, à laquelle il faut s’attendre.

Il ne faut donc pas qu’aucun homme de la race des Keïanides éprouve du mal, pas même un souffle de vent.

Appelle les grands et les nobles, donne-leur des fêtes et des festins, des conseils et des banquets, assigne à chaque prince un pays digne de son rang et dresse une liste des noms des grands et des nobles à qui tu as pris le monde sans leur rien accorder.

Ne donne pas à l’un du pouvoir sur l’autre, g ne donne à personne le titre de grand roi, fais de tous les Keïanidesun bouclier pour ton pays, si tu veux qu’aucune armée ne marche vers le Roum. »

Lorsque Iskender eut reçu cette réponse, il se hâta de mettre à exécution ces nouveaux plans et ces nouvelles idées.

Il fit convoquer auprès de lui les grands et les nobles du monde entier, tous ceux qui avaient

-de la valeur ; on assigna à chacun une place selon son rang et il dressa un acte par lequel chacun s’engageait à ne pas agrandir, même d’un peu, la part qui lui était attribuée dans le monde.

On donna à ces grands, qui avaient obtenu l’objet de leur désir, le nom de Moulouk-i-Thewaïf (rois des tribus).

Cette nuit même Iskender arriva à Babil, où il trouva les grands réjouis de le voir.

Or, dans cette nuit, une femme mit au monde un enfant qui frappa !

D’étonnement ceux qui le virent.

Il avait’une tête de lion, des sabots de cheval, la poitrine et les épaules d’un homme et une queue de bœuf.

Ce monstre mourut en naissant et mieux vaut que jamais une telle femme n’ait de progéniture.

On porta l’enfant à l’instant devant le roi, qui le regarda attentivement et avec surprise.

Il le prit pour un mauvais augure et dit sur-le-champ :

La terre devrait couvrir une pareille race. »

Il appela un grand nombre d’astrologues et leur parla longuement de l’enfant mort ; les astrologues en furent effrayés, mais ils cachèrent leurs impressions au roi à la fortune heureuse.

Il se mit en colère contre eux et dit :

Si vous me cachez quoi que ce soit, je vous trancherai la tête et vous n’aurez d’autre linceul que la gueule des lions. »

Les astrologues voyant la colère du roi, lui dirent :

Ô roi glorieux !

Tu es né sous la constellation du Lion, c’est connu des Mobeds et des grands ; puisque tu as vu cet enfant mort à tête de lion, ta royauté va décliner et le monde sera pendant longtemps plein de troubles, jusqu’à ce qu’un nouveau roi s’établisse. »

Tous les astrologues qui se trouvaient devant lui dirent la même chose et expliquèrent les signes qui les guidaient.

Iskender devint soucieux à leurs paroles et sa raison et son cerveau s’allaissèrent ; il répondit :

!

Il n’y a pas de remède contre la mort et mon cœur ne s’afflige pas de cette affaire.

Il ne m’est pas accordé une vie plus longue et le temps qui nous est alloué ne peut être ni abrégé ni allongé. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021