Iskender choisit quelques hommes parmi les Roumis, des hommes de sens, de savoir et sans mauvaises intentions ; puis il écrivit une lettre pleine d’excuses et de flatteries de parfums et d’ornements, disant :
J’envoie auprès de toi neuf grands qui ont ma confiance ; ils ont de l’expérience et connaissent mes secrets, ils ont du. sens et de l’illustration, de la retenue et de la sagesse ; ils ont vu le monde et acquis du savoir, ce sont mes guides et ils ne s’écarteront pas de les avis pleins de, pénétration. v. »
X o Montre-leur ces quatre choses et fais en sorte qu’elles restent dans ton palais pendant que me : messagers y seront.
Quand j’aurai une lettre de ces vieillards, mes observateurs pleins de vertus, m’attestant que quatre choses, telles que personne dans le monde n’en a jamais vu, ont passé sous leurs yeux, je t’écrirai une lettre sur de la soie pour déclarer que Keïd restera roi de l’Inde aussi longtemps qu’il vivra. »
Les neuf sages du Roum quittèrent Iskender et se rendirent en toute hâte auprès de Keïd.
Lorsque le roi de l’Inde vit ces personnages, il leur lit beau-coup de questions et écouta leurs réponses ; il les accueillit convenablement et leur fit préparer une demeure magnifique.
Le lendemain, lorsqu’une pâle lueur éclairait le ciel et que le soleil tirait l’épée du combat, on se mit à parer la fille du roi, quoique la lune n’ait pas besoin de parure.
Iffit placer dans le palais un trône d’or et tout autour des ornements chinois.
La jeune fille au visage de soleil monta sur ce trône, plus brillante que Vénus dans le ciel.
Les neuf vieillards, pleins d’intelligence, arrivèrent, la langue pleine de paroles douces et l’esprit rempli de curiosité.
Le roi les envoya près de la jeune fille, selon la demande d’Iskender fils de Pheïlekous.
Lorsque les vieillards virent les joues de la fille. du roi qui illuminaient le palais, la couronne et le trône, ils restèrent étonnés et confondus et leurs pieds fléchirent à son aspect.
Les neuf sages restèrent immobiles, leurs lèvres pleines des louanges de Dieu ; aucun d’eux ne savait comment la quitter, aucun ne détournait d’elle les yeux un seul instant.
Lorsqu’ils furent restés ainsi pendant trop longtemps, quelqu’un vint les appeler auprès du roi, qui dit aux Roumis :
Pourquoi êtes-vous restés si longtemps ?
C’est une créature humaine qui a ce visage, mais chaque astre lui a donné sa part de beauté. »
Un des Roumis lui répondit :
Ô roi !
Personne n’a vu dans un palais une peinture belle comme ta fille.
Aucun de nous n’a assez contemplé son visage, car il n’y a pas de créature humaine comme elle ; voilà tout !
Maintenant chacun de nous va écrire au roi sur cette lune d’une beauté incomparable. »
Les sages s’assirent ensemble, prirent du papier, de l’encre et des roseaux ; chaque Mobed écrivit ce qu’il avait vu, de»
Manière que le papier disparut sans l’encre ; puis un cavalier partit sur-le-champ, de Milad, pour porter auprès du roi des rois les lettres des vieillards.
Le roi lut leurs lettres et resta étonné de leurs paroles et de la courte description de toute la personne de la princesse que chacun d’eux avait faite dans sa lettre.
Le maître du monde leur répondit :
Bravo, vieillards !
Vous avez aperçu le paradis !
Maintenant revenez ici avec les quatre merveilles et ne demandez pas davantage à Kei’d ; remettez-lui mon diplôme de protection et mettez-.
1 vous en route avec ma belle maîtresse.
Personne dorénavant ne fera du mal à Kel’d, car il m’a donné ce qui m’est dû dans le monde et cela suffit. »
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021