Lorsque cette lettre fut parvenue à Iskender, il choisit à l’instant des héros dans son armée, des hommes propres au combat, toujours les premiers Il.
Dans la bataille, vieux d’expérience et jeunes d’au- nées.
Il mena une telle. armée contre.
Four l’Indien que la terre avait disparu et qu’on ne voyait plus que la mer ; il la fit avancer de tous côtés ; il semblait qu’il n’y avait plus de chemins pour passer ; il la conduisit par les montagnes et les mers et les routes difficiles et l’ardeur s’éteignit dans les cœurs les plus vaillants.
Toute l’armée était fatiguée de ces marches sur les routes et par les lieux âpres et difficiles, dépourvus de chemins.
Un soir, au moment où les troupes arrivèrent à la station, une foule se présenta devant le roi, criant :
Ô Kaïsar de Roum, nô roi de la Chine, la terre fléchit sous le poids de ton armée.
Ni Four l’lndien, ni Fagl’our le Chinois, ni le roi de Sind ne te font la guerre ; pourquoi faut-il que tu extermines ton armée dans ces pays sans valeur et sur des chemins pareils ?
Nous ne voyons pas, dans toute l’armée, un cheval en bon état, sur lequel on pourrait combattre vaillamment ; et si l’armée revient jamais de ces batailles, ni les cavaliers ni les fantassins ne retrouveront leur chemin.
Jusqu’ici nous avons été victorieux en tous lieux et sur tout ennemi ; mais aujourd’hui. nous n’avons devant nous que montagnes et mers et pourtant nous ne sommes pas las de notre vie.
Ne couvre pas de honte. notre nom, car personne ne combat l’eau et les pierres. »
’ Iskender fut ailligé de leurs paroles ; il éclata et renversa leurs desseins.
Il leur dit :
Personne. parmi les Roumis, n’a éprouvé de dommages dans la guerre contre les Iraniens.
Dara a péri de la main de ses esclaves, aucun de vous n’a vu un carmarade blessé.
Je continuerai mon chemin sans vous, j’écraserai du pied la queue du dragon et vous verrez que ce malheureux Four ne viendra à bout de moi ni par les combats ni parles banquets.
Quand je reviendrai de chez lui, je me rendrai au Roum et soumettrai par ma bravoure la surface de la terre.
J’ai pour protecteur Dieu et pour armée les Iraniens et ne recherche point la bonne volonté d’un Roumi. »
Le roi ayant ainsi exhalé sa colère, l’armée se mit àlui demander pardon, disant :
À Nous tous sommes les esclaves du Kaïsar, nous ne foulons la terre que par sa permission.
Quand les chevaux seront perdus nous marcherons et l’armée combattra à pied ; si l’on convertit la terre en mer avec notre sang, si l’on convertit les vallées en montagnes avec nos corps, personne ne verra notre des au jour du combat, eussions-nous à lutter contre le ciel, contre les montagnes et les rochers.
Nous tous sommes les esclaves, le commandement est à toi, comment pourrions-nous t’aflliger, puisque notre vie est à toi. »
Lorsque Iskender eut entendu ces paroles, il forma un nouveau plan de bataille.
Il choisit trente mille Iraniens bien armés, comprenant les alliés de Dura.
Ses champions et tous ceux qui étaient de la race des Keïanides ; derrière eux il plaça les chefs des Roumis, couverts de cottes de mailles, des hommes braves et avides de combats, avec quarante mille cavaliers habitués à la guerre, qui suivaient les Iraniens.
Après eux vinrent les chefs des Kbazars, tous les hommes connus, vaillants et illustres ; puis le Kaïsar choisit, parmi la foule innombrable des Arabes de Syrie, du Hedjaz et du Yemen, douze mille cavaliers, tous armés de lances, tous guerriers renommés et cette armée qui le suivait devait faire ressembler à des montagnes les vallées et les plaines.
Il amenait avec lui soixante astrologues et Mobeds, tous hommes d’expérience et sages illustres, pour faire des pronostics sur le sort des batailles.
Four, ayant appris l’approche de cette armée, choisit un lieu propre aux combats.
Il réunit ses troupes sur une plaine que les éléphants faisaient ressembler à une montagne ; son armée formait une ligne de quatre milles, les éléphants étaient placés sur le front et les braves Quelques espions revinrent de l’Inde auprès d’hderrière eux.
I . Icender, le roi du. monde ; ils lui dirent.
Il y a dans cette armée beaucoup d’éléphants qui rompront la ligne de tes cavaliers sur une étendue de deux milles ; les cavaliers n’oseront pas les attaquer et s’ils le font, ils ne reviendront pas, car les éléphants ont des trompes qu’ils élèvent jusqu’au ciel, l
-ne et Saturne, du haut de sa sphère, les protégea Ils dessinèrent des éléphants sur du papier et les firent passer sous les yeux d’Iskender.
Le roi ordonna aux savants de lui faire un éléphant de cire, puis il dit :
Qui est-ce qui a l’esprit assez subtil pour trouver un moyen de vaincre ce : animaux ? »
Les savants s’assirent ensemble et cherchèrent de toutes les manières un remède à ce danger.
Puis le roi rassembla des forgerons, tous ceux qui étaient à la tête de ces artisans et il réunit ainsi plus de trois mille hommes du pays de Roum, du Misr et du Farsistan.
Ils firent un cheval de guerre en fer, son cavalier était de fer et de fer la bride ; ils rattachèrent les jointures avec des clous et de la soudure de cuivre, polirent le cavalier et son cheval et les traînèrent sur des roues devant Iskender, après en avoir’ rempli et noirci tout l’intérieur avec du naphte.
Iskender vit leur invention et elle lui plut.
Le roi intelligent sut en tirer parti et ordonna que l’on fabriquât en fer plus de mille chevaux et cavaliers semblables.
Qui a jamais vu une armée de fer, montée sur des chevaux de fer, pommelés, bais, griset noirs ?
À la fin du mois le travail était fini, il était achevé à l’aide de ces hommes’pleins de ressources et Iskender fit marcher sur des roues une armée de fer qui ressemblait à des cavaliers prêts pour le combat.
Dernière mise à jour : 19 déc. 2021