Un jour, il s’éleva un orage qui donnait des soucis à Reschnewad.
Il y avait des tonnerres continus, de la pluie avec des éclairs, l’air était agité, la terre inondée et le ciel grondait.
Les hommes couraient de tous côtés pour échapper à la pluie et dressaient des tentes dans la plaine.
Darab aussi était inquiet et cherchait un refuge contre la pluie ; il n’avait pas de tente, ni grande ni petite ; il n’avait ni abri, ni compagnon, ni guide.
Il regarda partout et vit des ruines au milieu desquelles restait debout une voûte élevée et ancienne, mais endommagée : c’était un édifice royal de grande hauteur.
Il fallait qu’il se couchât sous cette voûte délabrée, car il était tout seul, sans aide et sans compagnon.
Le Sipehbed fit la ronde autour de l’armée et passa devant cette voûte en mauvais état ; une voix qui venait des ruines frappa son oreille, un bruit sortant de ce lieu de terreur lui arriva, disant :
Ô voûte délabrée, prends garde, veille sur ce roi d’Iran !
Il n’avait ni tente, ni aide, ni compagnon, il s’est réfugié sous toi et s’est endormi.
Reschnewad se dit en lui-même que ce devait être le bruit du tonnerre ou du vent ; mais une seconde fois la voix se fit entendre des ruines, disant :
Ô voûte, ne ferme pas l’œil de la prudence !
Car tu abrites le fils du roi Ardeschir ; ne crains pas la pluie et fais attention à mes paroles.
Reschnewad entendit trois fois cette voix, qui lui serra étrangement le cœur.
Il dit à un homme de sens :
Qu’est-ce que cela peut être ?
Il faut que quelqu’un entre sous cette voûte pour voir qui y est couché et savoir qui est alarmé pour sa vie.
On y entra et l’on y vit un jeune homme ayant l’air intelligent et la mine d’un Pehlewan ; ses habits et son cheval étaient tout mouillés et en mauvais état et il avait fait du sol noir son lieu de repos.
On rapporta au Sipehbed ce qu’on avait vu et le cœur du Pehlewan bondit à ce récit.
Il ordonna qu’on réveillât à l’instant l’homme endormi et d’une voix telle qu’il devait l’entendre ; on entra et on lui dit :
Ô dormeur, réveille-toi de ce sommeil sur la dure !
Darab monta à cheval et la voûte s’écroula sur-le-champ.
Quand le chef de l’armée de la reine vit ce miracle, il regarda Darab de la tête aux pieds et dit :
Voici une merveille qui me confond ;
On ne peut rien concevoir au-delà
Il partit à l’instant avec lui pour son campement, disant :
Ô Dieu unique, maître de la justice, personne dans le monde n’a jamais vu une pareille merveille, ni n’en a entendu parler par les grands qui ont de l’expérience !
Il fit apporter des vêtements, préparer une place dans une tente et allumer un feu comme une montagne, dans lequel il brûla beaucoup d’aloès, de musc et d’ambre.
Lorsque le soleil montra sa tête au-dessus de la cime des montagnes, le Sipehbed se prépara pour le départ ; il ordonna au Mobed qui lui servait de guide de demander un habillement complet, de la tête aux pieds, un cheval arabe avec une bride d’or, une ceinture et une épée à fourreau d’or.
Il donna tout cela à Darab et lui adressa des questions, disant :
Ô homme au cœur de lion, ô prince qui recherche la gloire !
Qui es-tu, quelle est la naissance, quel est ton pays ?
Il faudrait me le dire selon la vérité.
Darab l’écouta et lui raconta tout, lui dévoila tout ce qui s’était passé ; il répéta à Reschnewad tout ce que cette femme lui avait dit sur la botte, sur le joyau rouge attaché à son bras, sur l’or et les brocarts dignes d’un Pehlewan qui l’avaient enveloppé ; enfin il raconta au chef de l’armée l’histoire de son repos et de son sommeil dans le lieu où il s’était caché.
Reschnewad expédia sur-le-champ un messager à qui il dit :
Va comme le vent et amène ici le blanchisseur, sa femme et leur joyau, amène Mars et Vénus (c’est-à dire l’homme et la femme).
Dernière mise à jour : 31 déc. 2021