Guschtasp donna à Nestour son cheval Behzad, sa cuirasse et son casque d’acier; le fils qui avait perdu son père revêtit cette armure, monta sur Behzad, le destrier noir, et se mit à chevaucher vers le champ de bataille assis sur ce cheval de belle couleur; il se plaça devant les rangs des ennemis, poussa un soupir et s’écria:
Je suis Nestour, le fils de Zerir, contre lequel le plus vaillant lion n’ose pas s’avancer.
Où est Bidirefsch, le magicien , qui s’est emparé du drapeau de Kaweh?
Personne ne répondit au noble Nestour.
Il lança Behzad, le destrier couleur de nuit, et tua un grand nombre de braves, mais personne ne s’avança contre lui.
De son côté, Isfendiar abattit une foule innombrable de Turcs.
Quand le roi de la Chine aperçut Nestour, ce rejeton de la race des Keïanides, ce fils de Pehlewan, il dit aux siens:
Quel peut être cet homme qui sait donner de pareils coups de lance?
Il a tué un nombre infini de mes braves;
est-ce que Zerir, le cavalier, serait encore en vie?
Quand il m’a attaqué d’abord, c’est ainsi qu’il a lancé son destrier.
Où est donc Bidirefsch, le héros choisi?
Appelez-le a l’instant devant moi.
Bidirefsch partit sur-le-champ, tenant dans sa main le drapeau de Kaweh, monté sur le destrier royal de Zerir, et revêtu de la cuirasse de ce Pehlewan; il s’avança jusqu’auprès du prince Nestour, le flambeau de l’armée, le fils du frère du roi; et tous les deux, le Turc, chef des magiciens, et le fils de Zerir se combattirent avec l’épée et les flèches.
On donna avis de ce combat au fortuné Isfendiar fils de Guschtasp, et il se hâta de venir auprès d’eux.
Le chef des magiciens le vit et excita son cheval pour se retirer du combat aussitôt qu’il se fut aperçu que c’était sur lui qu’arrivait le héros; il lança son épée empoisonnée à la tête d’Isfendiar, espérant faire pâlir ce visage brillant; mais l’arme trempée dans du poison manqua le héros.
Isfendiar la saisit et en frappa Bidirefsch sur le côté, comme frappent les Pehlewans, et de manière à faire sortir la pointe de l’épée de l’autre côté.
Bidirefsch tomba de son cheval et mourut: il avait été vaincu par le fils du Keïanide.
Isfendiar descendit de son destrier, dépouilla le vil magicien de l’armure de l’illustre Zerir, lui sépara la tête du corps, s’empara du cheval de Zerir aux belles couleurs et de son drapeau, et emporta la tête de Bidirefsch.
Toute l’armée poussa des cris de joie, des acclamations qui montaient plus haut que la voûte du ciel et annonçaient que le roi était vainqueur, avait tué son ennemi, rapporté le drapeau et ramené le destrier isabelle de Zerir.
Le fils du roi, le vaillant cavalier, s’approcha à cheval de Guschtasp et plaça devant lui la tête du vieux magicien.
Il avait tué celui qui avait tué: c’est ainsi que le veulent la coutume et la loi.
Dernière mise à jour : 7 sept. 2021